L’enquête sur les causes de l’accident de l’avion gouvernemental TU-154 en avril dernier près de Smolensk doit être poursuivie autant que nécessaire sans émotions et sans la pression de la part des politiciens, estiment les experts polonais et russes.
Le Comité aéronautique interétatique russe a remis en octobre à la partie polonaise son projet de compte rendu de l’enquête. L’avion avec à son bord le président de Pologne Lech Kaczynski est tombé lors de l’atterrissage à l’aérodrome de Smolensk. Le leader polonais et une délégation officielle se rendaient à Katyn pour participer aux solennités. L’avion avait à son bord 96 personnes. Personne n’est resté vivant.
Lorsque l’équipage de l’avion s’est renseigné sur la situation, les aiguilleurs du ciel russes lui ont recommandé de ne pas atterrir à Smolensk pour des raisons météorologiques. Or, l’équipage n’a pas entendu et suivi la recommandation ce qui a entraîné la tragédie. Les experts polonais et russes partagent cette opinion.
Il s’est avéré pendant l’enquête que les passagers haut placés exerçaient la pression sur l’équipage. Or, l’interprétation des épisodes liés à la prise de décision par le commandant du vol a bouleversé la société polonaise. Qui est coupable : les aiguilleurs du ciel russes ou le pilotes polonais ? Pourquoi les services terrestres n’ont pas interdit l’atterrissage ? - demandent les polonais. Certains médias et politiciens attisent ces émotions.
Voici ce que dit l’expert indépendant Tomase Hypki, secrétaire du Comité aéronautique polonais :
L’essentiel consiste à ne pas politiser l’enquête et à régler conjointement les problèmes qui surgissent. Je ne mets pas en doute les bonnes intentions de la partie russe ni la compétence et la responsabilité de ceux qui poursuivent l’enquête. Malheureusement, il y a beaucoup de mensonge en Pologne concernant ce vol tragique. D’aucuns profitent de la tragédie dans leurs jeux politiques.
Le compte rendu du Comité aéronautique interétatique est soumis à l’examen de la partie polonaise. Celle-ci a fait part de ses objections. Il faut engager des consultations d'experts exemptes de politisation.
La Russie entend mener l’enquête à bonne fin. Le président Dmitri Medvedev a exhorté récemment les parties à s’abstenir de la politiser et d’échanger de reproches. Il faut prendre en considération tous les points de vue et accepter les conclusions des institutions internationales et de l’enquête intérieure. La tragédie ne doit pas nuire aux relations bilatérales, estime le président russe.
