Le chef de la diplomatie hongroise János Martonyi a choisi une métaphore assez originale pour définir le rôle de son pays pendant la présidence de l’UE. L’Hongrie se verra conférer les pouvoirs dès le 1er janvier 2011 et ce pour les six mois à venir. L’Hongrie se voit en qualité d’intermédiaire plus précisément de « berger consciencieux », cite les propos du ministre le portail Internet indépendant «EurActiv».
Après cette comparaison inconsidérée voire insultante pour les membres du club réputé des grandes puissances du continent, Martonyi ne s’est pourtant pas endormi sur le rôti. Un « troupeau » aussi important où chacun a ses structures de pouvoir et ses propres intérêts, ses institutions sociales et ses marchés, doit être surveillé, a-t-il ajouté. La présidence de l’UE ressemble à une corrida, a-t-il conclu. L’Hongrie a pourtant l’intention d’y jouer le rôle de torero.
Il est possible que le futur président du Conseil des ministres européens des Affaires étrangères considère tout ce qu’il a dit comme une bonne blague. Mais ceux qui font partie d’« euro-troupeau » ne seront probablement pas d’accord. Surtout étant donné les derniers évènements en Hongrie. Selon la presse, dans ce pays et dans les couloirs de l’Union européenne les passions se déchaînent autour de la nouvelle loi sur la presse entrant en vigueur le 1er janvier 2011. Cette loi instaure au fond la censure totale. Ce texte « viole l’esprit et la lettre des traités de l’UE » a dit le ministre des Affaires étrangères de Luxembourg Jean Asselborn. Ce dernier a d’ailleurs exprimé ses doutes quant à la capacité d’un Etat tel que l’Hongrie de présider l’Union européenne.
Cependant le nouveau président de l’UE semble être peu gêné. Budapest a annoncé les projets assez ambitieux pour sa présidence. L’énergie a été déclarée l’une des plus grandes priorités. Parmi les autres domaines importants il y a la stabilisation de la zone euro, la dynamisation de la politique de « Partenariat à l’Est », l’adhésion de la Croatie à l’UE et la solution du problème des Roms en Europe.
Il est vrai que tout cela semble très beau et ambitieux. Mais en réalité ?Au micro Sergueï Outkine, responsable de la secteur de l’intégration politique de l’Institut de l’Europe :
« Auparavant la présidence avait un rôle important dans la sphère de la politique extérieure. Aujourd’hui elle s’en éloigne. L’Europe de l’Est et l’Europe centrale ont peut-être toujours ces ambitions : ces pays n’ont jamais présidé l’UE et pensaient donc que les fonctions étaient les mêmes qu’avant l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne. Mais les fonctions ne sont pas les mêmes, il faudra donc freiner ses ambitions. Pratiquement aucun Etat membre de l’Union européenne n’a pas d’intérêt à ce que le gouvernement Orban réussisse. Certes, certaines fonctions seront remplies, celles que chaque pays doit tout simplement remplir pendant ces six mois de présidence. Mais je pense que Budapest ne sera pas trop autorisé à se démarquer ».
En revenant aux métaphores imagées mais mal polies du chef de la diplomatie hongroise, il faut dire qu’il y a suffisamment de « bergers » dans l’UE. Le mal réside en ce que l’UE est un projet des Etats. Mais ce sont les gens qui ont besoin de l’intégration. Les parallèles avec le monde des animaux n’ont pas à être faites ici.