Les titres du 31 décembre 2010

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Le monde a franchi le point de non-retour/ Quatorze ans de solitude

Rossiïskaïa Gazeta
Le monde a franchi le point de non-retour

La dernière décennie l'a démontré: il existe des périodes extrêmement riches en événements. Qui plus est, il existe des périodes au cours desquels un point de non-retour est franchi et où tout le monde réalise alors que le passé est bel et bien révolu, écrit vendredi 31 décembre le quotidien Rossiïskaïa Gazeta.

"Donnez-moi un point d’appui, et je soulèverai le monde", implorait Archimède. Mais peut-être que le savant ne pensait pas à un point physique à la surface de la terre mais plutôt à quelque chose de plus philosophique: une période historique capable de changer le sort de l’humanité, par exemple.

Les dix années qui viennent de s'écouler constituent justement ce point d’appui qui a chamboulé les idées reçues du XXe siècle sur l’évolution du monde. Certains nains de la scène géopolitique ont grandi brusquement, d'anciens leaders ont fortement pâli et l’humanité s’est retrouvée face à un ennemi commun, le terrorisme.

En coulisses, une "guerre des civilisations" a éclaté et le "dialogue des civilisations" au plus haut niveau n’a pas pu l'empêcher. La Troisième guerre mondiale a pu être évitée mais les conflits régionaux se sont multipliés et la bataille des bulldogs sous le tapis, selon l’expression de Winston Churchill, s’est poursuivie sans interruption sur le plan géopolitique.

Les attentats du 11 septembre 2001 à New York et la publication des câbles secrets du Département d’Etat américain par WikiLeaks en 2010 ont mis en évidence la tendance marquante de la décennie: faire apparaître la fragilité du monde.

Des explosions dans des trains espagnols en 2004, des attentats dans les transports en commun à Londres en 2005, l’assassinat de Benazir Bhutto, candidate à la présidence du Pakistan, perpétré par des islamistes radicaux en 2007, sont autant d'éléments qui confirment que le monde a changé avec le nouveau millénaire, sans qu'il soit pour autant devenu plus sûr.

En 2003, les Américains ont mis à bas le régime de Saddam Hussain en quelques semaines, mais personne n’a réussi à combattre Al-Qaida. Cette organisation sans siège ni direction centralisée ressemble à un fantôme capable de projeter des attaques surprises là où l’on s’y attend le moins.

Dans le même temps, cette menace commune oblige l’humanité à agir de manière concertée. C’est une véritable baguette magique qui permet de transcender les relations interétatiques lorsqu'elles sont en péril. Des consultations envisageant une lutte conjointe contre le terrorisme constituent un thème de négociations auquel personne ne peut se soustraire.

Depuis dix ans, de nombreuses nouvelles phobies sont apparues chez les voisins de la Russie. Toutefois, les craintes liées aux ambitions impériales présumées de la Russie se sont largement estompées durant ces dernières années. Aux frontières de la Russie, la révolution orange en Ukraine en 2004 et les changements à la tête du Kirghizstan, de la Moldavie et de la Géorgie ont conduit à l'apparition temporaire d'Etats hostiles qui misaient sur la confrontation avec leur grand voisin. Le point culminant de cette politique fut l’agression géorgienne contre l’Ossétie du Sud en 2008. Cependant, l’intervention de la Russie a empêché l’extermination totale du peuple sud-ossète et le régime géorgien a pris une leçon bien douloureuse.

La principale conclusion qu'ont retenue les dirigeants des anciennes républiques soviétiques, c'est qu'il est prématuré de  passer la Russie par pertes et profits.

La dernière décennie a également vu la diminution du nombre de ceux qui sont prêt à entrer en conflit avec une Russie qui devient de plus en plus forte. En revanche, le nombre de ceux qui souhaitent entretenir avec la Russie des relations sinon amicales, du moins de partenariat, est croissant, grâce notamment à l'arrivée au pouvoir de Barack Obama aux Etats-Unis et de Bronisław Komorowski en Pologne.

Barack Obama a initié le redémarrage des relations avec la Russie qui a conduit en 2010 à la signature du nouveau Traité de réduction des armes stratégiques (START-3). Quant à l’ancien président polonais, Lech Kaczynski, sa disparition à donné un coup de pouce à la normalisation complète des relations entre Moscou et Varsovie.

Même si l’Union européenne n’a pas instauré un régime sans visas pour les Russes, elle a distinctement baissé le ton de ses déclarations hostiles à l’égard de Moscou.

La dernière décennie n’a pas non plus été marquée par une plus grande tolérance dans le monde. De nombreux pays européens ont interdit le port du niqab dans l’espace public. La France et la Belgique ont subi des émeutes organisées par les habitants des quartiers d'immigrés. Le gouvernement français a explusé des Roms en dépit des appels de Bruxelles à respecter la liberté de circulation des personnes et la solidarité européenne.

Quant au résultat géopolitique de la dernière décade, il a vu les Etats-Unis perdre leur position dominante, conduisant à la disparition d’un monde unipolaire. Dans le même temps, l’Europe s’est transformée en une entité propre, alors que la Chine, l’Inde et le Brézil se sont considérablement renforcés.


Lenta.ru
Quatorze ans de solitude

Le 30 décembre le tribunal moscovite Khamovnitcheski a mis un point final au second procès de Mikhaïl Khodorkovski et de Platon Lebedev, écrit vendredi 31 décembre le portail internet Lenta.ru. Les deux accusés ont été condamnés à 13,5 ans de prison et ne seront libérés qu’en 2017, pour autant que de nouvelles accusations ne soient formulées d’ici là.

Le juge Danilkine a commencé à énoncer le verdict le 27 décembre, alors que les partisans de Khodorkovski et de Lebedev protestaient devant le bâtiment du tribunal.

En déclarant les accusés coupables d’entrée de jeu, le juge a procédé à la lecture de l’exposé des motifs qui, selon les avocats de Mikhaïl Khodorkovski, reprenait presque mot pour mot le dossier de la partie civile.

Les détails suivants semblent dignes d’intérêt: les dépositions des témoins importants déclarant à l’unanimité que les schémas de vente du pétrole au sein du groupe Ioukos étaient légaux, n’ont pas été prises en compte, elles ont même servi de témoignages à charge. Cela concerne notamment les dépositions faites par Guerman Gref (ancien ministre du Développement économique et du Commerce de Russie) et par Viktor Khristenko (ministre russe de l'Industrie et du Commerce). Celles de Mikhaïl Kassianov (ancien premier ministre russe) ont été déclarées nulles.

La liste des délits reprochés aux deux hommes d'affaires comprenait, entre autres, la publication par Ioukos de ses bilans comptables en anglais afin de dissimuler la double comptabilité. En entendant cela, Platon Lebedev n'a pas pu s'empêcher d'éclater de rire. Par ailleurs, le tribunal a trouvé que les mots prononcés par Mikhaïl Khodorkovski, et par lesquels il reconnaissait avoir dirigé Ioukos, constituaient un aveu indirect du crime.

Les accusés ne se sont pourtant pas découragés, même si pratiquement personne ne doutait qu’ils allaient être condamnés à la peine maximale requise par la partie civile.

Le juge Danilkine les a en effet reconnus coupables des crimes prévus par les articles 160 (détournement ou divertissement de fonds) et 171 (légalisation des fonds ou d’autres biens acquis par une personne suite à son crime) du code pénal russe. En additionnant les peines, le juge a condamné les accusés à 13,5 ans de prison.

D'après les journalistes présents dans la salle du tribunal, Mikhaïl Khodorkovski et Platon Lebedev ont pris connaissance du verdict en souriant. Ils ont refusé de reconnaître leur culpabilité et ont fait remarquer qu’ils ne demanderaient pas la grâce du président. C’est compréhensible: avant d’être gracié, le condamné doit se repentir de son crime, et Khodorkovski comme Lebedev ne voient pas comment ils pourraient se repentir de quelque chose qu'ils n'ont pas fait.

Le procès de Mikhaïl Khodorkovski et de Platon Lebedev n’a jamais été une affaire ordinaire, ce que confirme la convocation à la barre de témoins tels que Guerman Gref, Viktor Khristenko et Mikhaïl Kassianov, membres clefs du gouvernement russe à l’époque où, selon l’enquête, ces crimes ont été commis par Ioukos.

Ces témoins ont respecté leur engagement à dire la vérité, mais le tribunal a fait la sourde oreille. Il a, en revanche, bien entendu Vladimir Poutine déclarer, en citant un film soviétique, que "le voleur doit être en prison."
Khodorkovski recouvrera sa liberté en février 2017, à condition d’être libéré. Le moment sera intéressant: un an pile avant l’élection présidentielle et six mois avant la Coupe du monde de football qui se déroulera en Russie. Ses avocats ont déjà promis d’introduire un pourvoi en cassation, mais le résultat est prévisible.

Le 31 décembre, une manifestation traditionnelle des forces de l’opposition se tiendra à Moscou, autorisée cette fois par l’administration de la ville. Il est évident que son nom y sera évoqué plus souvent que les autres.

Ces textes tirés de la presse russe n’engagent pas la responsabilité de RIA Novosti.

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