Les événements de la semaine dernière ont montré l'extrême vulnérabilité de la société actuelle face aux fausses informations. Les affrontements ethniques à Moscou et certaines autres villes ont été principalement provoqués par de nombreux messages de provocation, dont l’ensemble a incité à parler de guerre de l’information contre la société russe.
La guerre de l’information est aussi vieille que la civilisation humaine. La désinformation, la diffusion de rumeurs alarmantes, la distorsion de la situation réelle : tout cela se pratiquait et se pratique depuis la naissance de la société.
L’essor de telles technologies s’est logiquement porté sur " l’ère de l’information ", lorsque les possibilités de manipulation de la conscience sociale ont fortement augmenté.
Cette tendance est devenue d’autant plus notable à l’ère du numérique, lorsque chaque individu a obtenu la possibilité de diffuser les informations sur la toile. Les technologies de diffusion n’ont pourtant pratiquement pas changé, seule leur vitesse à augmenté.
La place du Manège comme tremplin
Les événements de la place du Manège ont été le point de départ d'une avalanche informationnelle qui s’est abattue sur les blogs et les forums. Le même jour, sur l’un des forums où viennent généralement discuter les ressortissants caucasiens, le fameux message est apparu commençant par " Salam, chers frères et chères sœurs !… », dont l’auteur anonyme a invité les Caucasiens à s’armer et se rassembler dans la soirée du 15 décembre près du centre commercial Evropeïsky à Moscou, afin de " décider de la suite des événements sur place. "
Ce message a été immédiatement suivi par de nombreux autres, dont les auteurs poussaient directement à commettre des crimes, en proposant de se réunir par petits groupes avec des armes blanches afin d’attaquer les passants dans le métro.
C’était une provocation évidente : l’auteur du message initial a mis dans la liste des " destinataires " de prétendus " dirigeants " pour " assurer la coordination " des principales ethnies caucasiennes. En vérifiant, la majorité de ces noms étaient soit des noms de personnes très connues, soit l’inverse, des combinaisons aléatoires de noms et de prénoms. L’unification en une seule " structure organisée " de Géorgiens, d’Abkhazes et d’Ossètes, d’Arméniens et d’Azerbaïdjanais, etc., était encore moins probable.
Cependant, pour le lecteur non averti, notamment convaincu de la russophobie pernicieuse répandue dans l'ensemble du Caucase, le document sonnait vrai, et c’est là que la seconde détonation a suivi. En même temps, des appels à se rassembler pour faire payer les Caucasiens sont apparus sur plusieurs forums russes. Ils n’ont pas tous été intentionnellement mis en ligne par des provocateurs, seuls les premiers messages auraient joué ce rôle en tombant comme un flambeau sur l’herbe arrosée avec de l’essence.
L’avalanche d’informations s’est poursuivie en prenant de l’ampleur : l’information transmise revenait sous une forme exagérée par rapport au message initial des diffuseurs qui n’étant pas forcément des provocateurs convaincus recevaient des " confirmations " de leur " légitimité " et contribuaient à l’activité informationnelle.
A cette étape, l’avalanche a même touché des personnes ne possédant pas internet. " J’ai entendu dire que " et " on m’a dit que " a même touché le téléphone : les gens prévenaient leurs proches de l’imminence de la " révolte ", de la " boucherie ", du " massacre ", les épithètes ne prédisaient pas une émeute de masse, mais le premier acte d’une guerre civile.
Les médias fédéraux se sont joints à la " course. " Des messages sont apparus au sujet d’un mouvement en direction de Moscou de colonnes de véhicules venant du Caucase, dont les passagers auraient eu l’intention de se joindre " à leurs frères. "
Le 15 décembre, vers midi, Moscou a été frappé par une vague de peur : sur internet et par téléphones les gens s'avertissaient les uns les autres du danger, et pratiquement toutes les personnes d’origine " non slave " ont quitté le métro : les deux parties craignaient d'éventuels problèmes.
A suivre ?
Le " massacre " attendu n’a pas eu lieu mais les événements sur la place de Kiev ont ajouté de l’huile dans le feu : les provocateurs " travaillaient " sur la place en faisant le salut nazi devant les caméras.
Les " commanditaires " inconnus de la vague d’informations ont été certainement déçus par le résultat : le rassemblement sur la place près de la gare de Kiev n’était pas encore terminé qu'une une nouvelle dose d’appels a été " injectée " sur internet, cette fois de la part des " nationalistes " qui invitaient à se rassembler le 18 décembre près du Centre panrusse d’expositions. L’histoire des " voitures en provenance du Caucasiens " a également eu une suite : cette fois elles se sont transformées en " bus remplis de Caucasiens ", qui attendaient dans la banlieue de Moscou que tout le monde " baisse la garde. "
L’objectif final des provocateurs est inconnu, mais le but intermédiaire est tout à fait clair.
Au lieu d’une discussion objective et sensée sur la recherche d’une solution aux problèmes de la corruption existant au sein du ministère russe de l’Intérieur, de criminalité ethnique à Moscou et dans d’autres grandes villes et de rétablissement des relations normales entre le peuple russe et les peules caucasiens, l’espace informationnel est submergé par des cris hystériques des deux côtés, où les deux parties s’accusent mutuellement des mêmes crimes.
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