Le 14 décembre à Moscou la salle de cinéma Illusion a inauguré la semaine du cinéma algérien à Moscou. Le programme comporte 10 films. C'est pour la première fois que Moscou accueille une projection des films algériens de cette ampleur. Cet événement tombe sur les derniers jours du programme culturel de l'Algérie lancé dès l'avril de cette année dans différentes villes de la Russie. A cette occasion l'Ambassadeur de l'Algérie en Russie, Smail Chergui, a prononcé un discours.
L'adjointe au Directeur du Département des arts du Ministère algérien de la Culture, Mme Nora Nedjai a parlé de l'histoire du cinéma algérien, de son développement et de ses succès.
L'éminent spécialiste russe en cinéma arabe, Anatoli Chakhov a parlé des profonds liens artistiques entre les cinémas de l'Algérie et de la Russie.
"Les liens entre les cinéastes de l'Algérie et de notre pays avaient été tissés encore aux années de la guerre d'indépendance du peuple algérien contre ses colonisateurs. Le célèbre opérateur et metteur en scène-documentaliste Gueorgui Ossatiani était en 1961 aux côtes des partisans algériens et avec un risque pour sa vie tournait son film qu'il a intitulé "le Journal algérien" et qui a été très bien accueilli en Union soviétique. Les thèmes des premiers films algériens projetés dans les salles de cinéma soviétiques étaient proches et compréhensibles pour les spectateurs notamment parce que les Algériens avaient leur propre guerre très cruelle contre la libération du pays du joug des colonisateurs. Le peuple soviétique a aussi enduré une guerre terrible contre l'Allemagne nazie. Et tout comme l'Algérie, nous avons perdu dans cette guerre presque 10 pour cent de la population. Les cinémas algérien et soviétique avaient également de commun leur attachement aux documentaires. C'était des films honnêtes, sincères, dénués de fausses notes."
Anatoli Chakhov a rappelé que dans les années 1970 et 1980 les semaines du film algérien étaient régulièrement organisées dans notre pays. Les cinéastes algériens participaient toujours aux festivals de cinéma à Moscou et à Tachkent. Les années quatre-vingt-dix étaient difficiles aussi bien pour l'Algérie que pour la Russie. Mais maintenant, a noté Anatoli Chakhov, il est venu le temps de développer le partenariat artistique entre les personnalités du cinéma des deux pays. Et il est très bien que le programme de cette semaine a inclut, avec les films classiques, les films de jeunes metteurs en scène algériens.
Parmi ceux-ci il y a le metteur en scène Mounez Hammar qui a tourné en 2010 le court-métrage Le Dernier passager qui a inauguré la semaine du cinéma algérien à Moscou.
Parmi les invités d'honneur à l'inauguration de la semaine du film algérien à Moscou il y avait l'ancien combattant, le colonel Andreï Pavlenko. En 1964 il a dirigé le groupe des sapeurs qui faisaient des travaux de déminage en Algérie. "Pensiez-vous alors que vous verriez des films algériens à Moscou?", lui a demandé notre envoyé spécial.
"Pourquoi ne l'aurions-nous pas pensé? Nous pensions que ça aurait certainement lieu. Le peuple algérien a lutté pour son indépendance pendant 132 ans lorsqu'il était une colonie française. Il luttait pour son indépendance et nous croyions en son victoire et lui apportions de l'aide dans cette lutte. L'Union soviétique appuyait la lutte de libération nationale du peuple algérien à tous les forums internationaux, y compris dans l'ONU. Et l'essentiel, c'est que nous avons conservé l'amitié avec les Algériens. Le pouvoir changeait en Algérie et dans notre pays mais l'amitié arrosée par le sang sur les champs de mines de l'Algérie se renforçait davantage. C'est très cher pour nous et pour les Algériens. Je voudrais que les cinéastes algériens et russes tournent ensemble un film sur le déminage de la terre algérienne. C'était un travail redoutable et dangereux mais nous l'avons fait avec nos collègues sapeurs algériens."