La Côte d’Ivoire au seuil d’une catastrophe nationale

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La Côte d’Ivoire au seuil d’une catastrophe nationale - Sputnik Afrique
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J’aime bien le chocolat, écrit Alexei Grigoriev. Quelques morceaux à la fin de journée


J’aime bien le chocolat, écrit Alexei Grigoriev. Quelques morceaux à la fin de journée de travail – et la fatigue disparaît. La plupart du chocolat est fabriqué en Russie de l’huile de cacao importé de Côte d’Ivoire, détenant le leadership mondial en la matière. Les agences d’information commentent largement ces derniers jours les sujets ivoiriens et les reportages en provenance de ce pays sont diffusés sur les grandes chaînes de télévision. «Euronews» répétait dès le matin du 17 décembre le reportage sur les conséquences d’un affrontement qui a eu lieu la veille à Abidjan entre les partisans armés des deux présidents – Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo. Des bâtiments et des véhicules incendiés, des passants rares, des tirs sporadiques, des casques bleus d’un côté de la rue et des soldats en uniforme, de l’autre – tel est maintenant Abidjan. Ce centre du business, l’un des plus grands ports sur le littoral atlantique d’Afrique de l’Ouest est maintenant le théâtre d’opérations armées. J’ai été plus d’une fois à l’ambassade ivoirienne à Moscou, écrit Alexei Grigoriev. Trois immenses photos se jettent aux yeux dans le hall : sur la première – les gratte-ciel du centre du business d’Abidjan, les navires océaniques, sur la seconde – un cacaotier aux fruits dorés, sur la troisième : le footballeur Didier Drogbа, le meilleur attaquant du club «Chelsea» et capitaine de la sélection ivoirienne. «Mon pays est dans une situation inédite, très difficile à vivre pour le peuple ivoirien. Je me permets de parler en tant que citoyen ivoirien et je pense qu’il est déplorable de se retrouver dans une telle situation», a dit Drogba à une conférence de presse. «On a passé 10 années vraiment très difficiles, de crise et au moment d’ou on pensait en sortir, on retombe dans nos travers. J’espère que cela ne sera pas pire que cela a été», a-t-il poursuivi.

 

Le pire est déjà arrivé aux Ivoiriens : le pays est au seuil d’une catastrophe nationale. Cela s’est produit après le second tour des présidentielles tenues le 28 novembre. Selon la Commission électorale centrale, l’ex-premier ministre ivoirien Alassane Ouattara qui a été vice-directeur du FMI a gagné le scrutin avec 54,1% des suffrages. Or, le Conseil constitutionnel a invalidé le 4 décembre ces résultats ayant proclamé président Laurent Gbagbo avec 51,45%. Fait révélateur : les deux prétendants ont juré la veille du second tour de reconnaître le bilan du scrutin et de céder la présidence au gagnant désigné par la Commission électorale centrale. Ce furent les premières présidentielles pluralistes en Côte d’Ivoire depuis 18 ans après le décès du «père de la nation» : le premier président ivoirien Félix Houphouët-Boigny. Le pays a enregistré pendant son séjour au pouvoir des succès impressionnants dans le développement économique et social ayant donné l’exemple de stabilité politique à la communauté africaine. Laurent Gbagbo a été leader pendant près de dix ans ayant ajourné sous tel ou tel prétexte les présidentielles ces cinq dernières années. S’il avait tenu la promesse en acceptant la victoire de son opposant historique Alassane Ouattara, cela aurait mis fin à la crise militaro-politique accompagnée d’explosions d’animosité interethnique, de conflits armés, de récession économique. La crise faillit désintégrer l’État. Cependant, cela ne s’est pas produit et la Côte d’Ivoire suit actuellement le pire scénario que connaissent, d’ailleurs, plusieurs autres pays africains. Le pays fait penser aujourd’hui à une grande pirogue qui ne parvient que par miracle à garder l’équilibre. Il existe dans le pays deux présidents, deux gouvernements, deux premiers ministres. Chaque champ recrute et arme ses partisans. La confrontation ne fait qu’augmenter le nombre de victimes de part et d’autre en aggravant la situation politique et en entraînant le chaos.

Fait révélateur : la communauté internationale a exigé immédiatement après le 28 décembre la légalisation de la victoire du nouveau président et la démission de Laurent Gbagbo ayant, d’ailleurs, refusé de reconnaître sa défaite et contrôlant toujours les médias publics et les institutions gouvernementales d’importance stratégique. L’UE et l’UA insistent sur la reconnaissance d’Alassane Ouattare chef de l’État légalement élu et ont déjà introduit les sanctions contre Laurant Gbagbo et 18 ses partisans les plus fidèles. La plupart des leaders des pays africains ont reconnu la victoire d’Alassane Ouattare tout comme la communauté économique d’Afrique de l’Ouest, la France, les États-Unis la Belgique et plusieurs autres pays. Le CS de l’ONU a adopté les résolutions sur le rétablissement de l’ordre constitutionnel en Côte d’Ivoire. La Russie partage cette position. «Moscou est sérieusement préoccupée par cette vague de violence susceptible d’attiser le conflit intérieur, a déclaré le ministère russe des AE. Nous exhortons résolument les parties ivoiriennes à s’abstenir de violence. Nous nous prononçons pour un règlement politique avec la participation active de la communauté africaine compte tenu des recommandations du porte-parole de l’UE : l’ex-président sud-africain T. Mbeki. Le règlement de paix permettrait de débloquer la crise, d’assurer la réconciliation nationale et une paix solide dans le pays», est-il indiqué dans la déclaration. L’essentiel consiste à éloigner la catastrophe nationale en Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens devraient le faire sans ingérence armée extérieure en toute conscience de la responsabilité pour l’avenir du pays.

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