L’économie divisera la Russie en castes

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Les dépenses élevées du budget russe pour la défense et les programmes sociaux, les investissements importants dans des projets sportifs ambitieux alors que le budget est déficitaire, la préservation du modèle économique de rente et la stratification sociale sont les facteurs qui entraveront la préservation de la stabilité économique dans le pays.

Les dépenses élevées du budget russe pour la défense et les programmes sociaux, les investissements importants dans des projets sportifs ambitieux alors que le budget est déficitaire, la préservation du modèle économique de rente et la stratification sociale sont les facteurs qui entraveront la préservation de la stabilité économique dans le pays.

Le bilan économique de 2010, d’un point de vue formel, pourrait être considéré comme positif. Selon les calculs du ministère du Développement économique, le PIB a augmenté de 3,8%, alors que l’année passée les fonctionnaires évaluaient avec prudence la croissance économique à seulement 1,6%. Les investissements dans les immobilisations ont augmenté de 5,9%, au lieu des 2,5% prévus. Par contre, l’inflation a légèrement dépassé les prévisions de 6-7% : les prix ont augmenté de 8,5-9%.

Mais selon les économistes, l’année qui se termine n’a toujours pas créé les conditions nécessaires au changement de la structure économique, et n’a fait que renforcer le modèle économique de rente. Sa préservation augmente les risques non seulement économiques, mais également sociaux.

En 2011, selon le ministère russe du Développement économique, l’économie connaîtra une croissance de 3,8%, et l’augmentation des prix sera de 6-7%. Toutefois, selon les économistes, en 2011 la Russie maintiendra probablement l’inflation au niveau fixé, mais au cours des prochaines années, les indices d’inflation pourraient être à deux chiffres. Selon la société de conseils FBK, en 2011, la hausse du PIB ne dépassera pas 1,5% du PIB.

Une perspective peu réjouissante

Il existe plusieurs raisons d’être pessimiste, déclare le directeur du département d’analyse stratégique de FBK Igor Nikolaïev. Premièrement, l’orientation militaro-sociale du budget fédéral. Les dépenses de défense augmentent dans le principal document financier du pays. Les obligations sociales surévaluées sont maintenues. Le problème est qu’elles ne font que compenser les conséquences négatives de la crise et ne contribuent pas à extirper l’économie nationale du marasme.

Deuxièmement, plus tard le pays ne pourra plus compter sur deux facteurs qui donnaient des raisons d’espérer une croissance future : les faibles indices de l’année de crise 2009 utilisés comme point de départ et la demande considérablement rétablie cette année (de 4,5%).

Troisièmement, les plans ambitieux de l’organisation des événements sportifs majeurs malgré le déficit budgétaire.

Par exemple, la construction de 16 stades pour le championnat du monde de football de 2018 coûtera 86,8 milliards de roubles (plus de deux milliards d’euros), selon les calculs de FBK. En tout, pour l’organisation des Jeux Olympiques à Sotchi, du Mondial, de l’Universiade de Kazan et du grand-prix de Formule-1, la Russie devra dépenser près de 120 milliards de dollars.

Il n’existe aucune raison d’être optimiste concernant le développement économique en 2011, affirme le président du Comité intergouvernemental des statistiques de la CEI (Communauté des Etats indépendants) Vladimir Sokoline. Même en s’appuyant sur les statistiques, le gouvernement n’a pas profité de l’année 2010 pour soigner la maladie principale du pays : la dépendance du pays envers les matières premières, déclare-t-il.

" Je comprends qu’à un an des élections il faille " dorloter " les 40 millions de retraités, car ils pourraient effectivement venir voter ", déclare Vladimir Sokoline. Selon lui, 2011 devrait être l’année d’injection d’argent dans l’économie.

" J’ai un pressentiment très négatif par rapport à 2011 ", déclare Nikita Maslennikov, conseiller à l’Institut du développement contemporain. Les risques économiques de 2011 sont également liés à la dépendance de la Russie vis-à-vis des prix mondiaux des produits alimentaires.

" L’année prochaine, les prix des céréales, du maïs, ainsi que des produits dits " coloniaux ", le café, le cacao, etc., augmenteront inéluctablement de 7-10%, ce qui impactera négativement notre économie ", a expliqué Nikita Maslennikov. L’augmentation des importations en Russie dans le cadre de la diminution des exportations suscite également des craintes. L’expert fait remarquer que la Russie s’approche du solde nul de la balance des paiements courants. Selon lui, au cours des 5-7 prochaines années, la conjoncture des prix mondiaux du pétrole sera également négative, ce qui aura également une influence négative sur le développement de l’économie russe.

La modernisation, mais pas pour tous

" En 2010, nous avons trouvé notre modèle de modernisation. " Evgueni Gontmakher, directeur adjoint de l’Institut de l’économie mondiale et des relations internationales de l’Académie des sciences de Russie, estime que c’est un événement clé.

" Dans quelques années notre société pourrait se diviser en deux parties : 15-20% vivront selon les normes occidentales. Cette partie de la population russe aura son propre système d’éducation, de santé, de transports, estime M. Gontmakher. Le reste de la population se paupérisera, se marginalisera et se dégradera. "

Selon l’expert, une mineure partie de la population sera tôt ou tard intégrée à l’élite occidentale, y compris économiquement. Et la majeure partie sera soutenue par l’Etat, notamment en faisant appel à la " responsabilité sociale des entrepreneurs ", afin " d’empêcher que les masses ne descendent dans les rues pour exprimer leur mécontentement. "

Actuellement, nous arrivons à la situation des deux Russies de la fin du XIXe – début du XXe siècle, lorsqu’existait une classe ouvrière progressiste et des villes qui recevaient des capitaux occidentaux, et qu'il y avait un pays immense qui vivait à l’ère féodale, rappelle l’histoire l’expert.

Un tel modèle n’a pas encore été formulé par le président, estime M. Gontmakher. Dmitri Medvedev souhaite que la Russie devienne un centre Skolkovo (NdlR : centre d'innovation en phase de création près de Moscou) à l’échelle nationale, en d’autres termes un pays occidental normal. Mais aucune mesure institutionnelle n’a été prise dans ce sens, estime l’expert.

" Je pense que ces discours sur la modernisation se traduiront par la mise en place du modèle des deux Russies après l’élection présidentielle de 2012, estime-t-il. En fait, c’est le modèle du " milliard d’or " (NdT : la somme de la population fortunée dans le monde entier au début du troisième millénaire) et de tous les autres, mais à l’échelle d’un seul pays. "


Ce texte n’engage pas la responsabilité de RIA Novosti

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