La première étape du concours d’architecte du Centre orthodoxe religieux et culturel russe à Paris est terminée. Le concours vise à sélectionner un projet proposant la meilleure solution architecturale et urbanistique de l’ensemble qui sera érigé au centre de la capitale française sur un quai de Seine près de la Tour Eiffel. Le 10 décembre dernier le jury a sélectionné les dix meilleurs parmi cent dix projets présentés.
« Tous les membres de jury sont d’accord sur ce qu’il n’y a que des projets exceptionnels qui ont été sélectionnés », a déclaré aux journalistes Vladimir Kojine, chef du servie administratif du président russe et président de la commission d’expert russo-française du concours. « C’était un vrai remue-méninges », a dit l’archevêque Egorievskiy Mark selon lequel il y avait eu des projets inattendus mais au final on avait réussi à marier les traditions architecturales orthodoxes et les tendances contemporaines.
Parmi les finalistes du concours il y a six bureaux d’architectes français et quatre russes dont le « Studio d’architecture » d’Oleg Kopylov de Kaliningrad. Notre correspondant Igor Yazon lui a téléphoné pour apprendre plus sur son projet.
« La conception du projet ? Le cahier des charges était assez rigide, répond Oleg. D’une part, il fallait des solutions traditionnelles afin qu’on puisse décorer l’intérieur et créer l’ambiance d’une église orthodoxe russe. D’autre part, il a été demandé de respecter le thème contemporain. Il s’agit d’inscrire le projet dans le décor de ce quartier parisien où plusieurs bâtiments ultramodernes s’élèvent sur le quai de Seine. Il y a le modernisme absolu. Et il fallait inscrire le futur Centre dans cet environnement. En même temps il nous fallait également respecter les canons traditionnels de l’architecture orthodoxe. C’est avant tout les coupoles et le principe obligatoire de cinq dômes. Les planchers en voûte sont aussi obligatoires. Il me semble qu’on a réussi à satisfaire à ces exigences – à inscrire le Centre dans l’environnement moderne – ce qui a été récompensé par le jury qui nous a sélectionné ».
Il faut croire que la réussite du « Studio d’architecture » de Kaliningrad n’est pas fortuite. Des centaines de projets de ce bureau d’architectes ont déjà été réalisées à Kaliningrad et autres localités de la région. Le bureau possède un grand potentiel créatif : les églises construites selon ses plans en témoignent. Parmi les plus célèbres il y a la Cathédrale du Christ-Sauveur à Kaliningrad et l’Eglise orthodoxe de la Foi, de l’Espoir et de l’Amour à Bagrationovsk. Et maintenant Paris.
Selon Oleg Kopylov le bâtiment du Centre culturel et religieux russe devra correspondre à la hauteur des bâtiments voisins c'est-à-dire ne pas les « dominer » or il s’agit des édifices de deux ou trois étages. Quant à l’église, elle se situera en peu en retrait derrière le bâtiment du Centre mais sera bien visible du quai et du côté opposé là où se trouve la Tour Eiffel. Bien sûr ce voisinage peut en quelque sorte engloutir l’église mais on pourra admirer ses coupoles dorées de tous les étages de la Tour Eiffel, site incontournable pour quelques dizaines de millions de touristes en visite à Paris.
« Qu’est-ce que vous pensez de l’idée même de construire un centre culturel russe dans la capitale française ? »
« Je pourrais dire que ce sera très important, que ce sera une grande cause pour la Russie, répond Oleg Kopylov. Mais ce ne sera qu’un bon échange culturel entre Paris et Moscou. Et puis il enrichira bien sûr la palette architecturale déjà très riche de Paris. Les Français sont des gens très calculateurs : s’ils construisent chez eux à Paris, il s’agit forcément des édifices très modernistes qui susciteront l’émerveillement des touristes. Ils poursuivent donc leur propre objectif… Nous, on aura un autre centre russe à Paris en plus du centre culturel déjà existant, des centres d’émigrants, il y a enfin une cathédrale orthodoxe. Je dirais donc que la création du nouveau centre est un autre pas de nos peuples et de nos cultures l’un vers l’autre ».
L’étape finale du concours aura lieu aussi à Paris en avril prochain. Les trois mois à venir, dit Oleg Kopylov, devront être consacrés à la fabrication d’une bonne maquette du futur Centre du profil et obligatoirement en couleur. Le bureau y travaille déjà. Le plus important, la soutenance du projet devant le jury du concours, est encore à venir …
On ajoutera que les travaux commenceront en 2012 lorsque le terrain sera libéré par « Météo France » qui l’occupe actuellement. Selon le président de la commission d’expert russo-française Vladimir Kojine, vu l’ampleur du projet sa réalisation pourra prendre environ un an et demi… En attendant souhaitons la bonne chance à Oleg Kopylov et ses collègues.