Tripoli a accueilli le sommet UE-Afrique

Tripoli a accueilli le sommet UE-Afrique
Tripoli a accueilli le sommet UE-Afrique - Sputnik Afrique
S'abonner
Par le nombre de participants et par l'intensité des débats le sommet à Tripoli a de loin surpassé les deux sommets précédents, le premier au Caire en 2000 et le deuxième à Lisbonne en 2007.


Par le nombre de participants et par l'intensité des débats le sommet à Tripoli a de loin surpassé les deux sommets précédents, le premier au Caire en 2000 et le deuxième à Lisbonne en 2007. Pendant deux semaines les chefs d'États et de gouvernements, les hauts fonctionnaires des 27 pays-membres de l'UE et leurs collègues de plus d'une quarantaine de pays de l'Union africaine dans la direction, ainsi que les dirigeants des deux unions, des grandes organisations et fondations financières internationales, ainsi que 800 d'hommes d'affaires ont discuté des problèmes des relations politiques, économiques et humanitaires entre les deux communautés. Les Européens ont éprouvé une pression importante de la part des Africains avant de parvenir à un consensus et de signer le document final, la déclaration de Tripoli.

Le premier coup dur que les Africains ont porté à leurs collègues européens avait été fait encore avant le sommet lorsqu'ils ont rejeté la déclaration sur les changements climatiques que Bruxelles voulait présenter en tant que position commune afro-européenne à la conférence mondiale sur le climat à Cancun. Selon un diplomate africain, "ce document a été rejeté par les pays africains qui estiment que la déclaration reflétait plutôt une priorité européenne". "L'Afrique a sa "propre vision"", a ajouté le diplomate. Le second coup pour l'Union européenne a été lorsque le dirigeant du pays hôte du sommet Mouammar Kadhafi a invité au sommet le président du Soudan Omar el-Béchir étant sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale. Force est de noter que cette invitation a été appuyée par le Conseil de paix et de sécurité de l'UA. Bruxelles a qualifié cette démarche de Kadhafi en tant que défi et ce n'est qu'au tout dernier moment que l'invitation du président soudanais a été révoquée.

Pourtant cela n'a été que le début. Dès le premier jour du sommet Mouammar Kadhafi a entamé une offensive verbale, en commençant par rappeler aux autorités européennes l'exigence de dégager 5 milliards d'euros pour arrêter l'immigration clandestine des côtes libyennes vers l'Europe. Selon M. Kadhafi, si ces moyens ne sont pas déboursés, l'Europe va devenir "noire", submergée de musulmans. En effet, le facteur musulman joue un rôle de plus en plus important dans les pays européens. Il menace réellement de changer le paysage politique européen par le renforcement des partis de l'extrême-droite et par la croissance des sentiments xénophobes antimusulmans. En jouant de ce facteur Mouammar Kadhafi a exigé pour que l'Union européenne révise radicalement les principes de la coopération économique et augmente l'aide financière et l'assistance au développement de l'Afrique. "Toutes les tentatives de coopération économique entre l'Europe et le continent africain se sont soldées par un échec", a constaté le leader libyen. "Nous avons essuyé un échec en essayant d'organiser un partenariat économique entamé avec la signature au sommet de Lisbonne en 2007 de nombreux accords qui sont restés lettre morte. Nous nous sommes concentrés sur la politique, sur la défense des droits de l'Homme, en laissant de côté l'économie et le commerce. L'Afrique a besoin d'un partenariat équitable dans le domaine économique et non politique", a déclaré Mouammar Kadhafi. "Si l'Afrique ne parvient pas à établir des relations de partenariat avec l'Europe, alors elle a des alternatives, des pays et des régions qui respectent nos culture et régimes", a averti le colonel en faisant allusion à l'Amérique latine, à la Chine, à l'Inde et à la Russie. "L'Europe a besoin de l'Afrique plus que l'Afrique n'a besoin de l'Europe, voilà pourquoi on ne peut pas traiter notre continent avec mépris", a-t-il conclu.

Cependant, toutes les délégations africaines n'étaient pas disposées aussi durement et agressivement à l'égard de la coopération avec l'Union européenne. En somme, les membres du sommet ont pu parvenir à un accord sur les points clés de l'ordre du jour. Parmi eux le président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping, a cité trois problèmes. "Ce sont l'aide, l'investissement et le commerce, qui sont "des facteurs importants pour nous permettre de se développer", a-t-il dit lors d'une conférence de presse avec son homologue européen, Jose Manuel Barroso. On est également parvenu à un compromis sur l'activation des négociations trainant sans véritable résultat sur la révision des accords sur le partenariat économique. Les accords en vigueur ne répondent plus aux conditions de l'Organisation mondiale du commerce en portant atteinte aux droits des pays africains. Le futur accord permettra aux Africains de faire du commerce sur les marchés de l'Europe sans payer les droits ou les quotas de douane, en échange ils ouvriront leurs marchés pour l'Europe pour une période de transition de 25 ans.

Pour l'instant l'Europe reste le principal partenaire commercial de l'Afrique mais l'expansion commerciale rapide premièrement de la Chine, dont le chiffre d'affaires a déjà franchi le seuil de 100 milliards de dollars, peut reléguer l'Europe au second plan. Ainsi, la croissance ultra-rapide de la présence de la Chine dans l'économie de l'Afrique, qui va entrainer le renforcement de l'influence de Pékin sur les pays du continent, devient un obstacle pour l'UE dans son accès aux ressources naturelles de l'Afrique dont elle a toujours besoin. "Ce n'est pas la peine de critiquer la Chine qui vient. La Chine ne vous a jamais empêché de venir en Afrique", a dit Jean Ping en calmant M. Barroso. A son tour, M. Barroso a confirmé au Africains la décision de l'Union européenne de remplir son engagement d'octroyer 0,7 % du PIB des pays de l'UE aux fins de l'assistance au développement de l'Afrique. Entre-temps, cet engagement est discuté depuis plusieurs années mais il n'a été rempli pour l'instant que par les pays scandinaves de l'Union. En plus, à Tripoli l'UE a promis d'octroyer à l'Afrique pour les trois ans prochains 50 milliards d'euros pour son développement. Il sera assez difficile pour l'Union de remplir ces engagements généreux, compte tenu de ses propres difficultés financières. On en parlera encore au prochain sommet UE-Afrique à Bruxelles en 2014.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала