Le règlement israélo-syrien est aujourd’hui plus actuel et a de meilleures chances de s’achever avec succès que les négociations avec les Palestiniens qui sont dans l’impasse, a déclaré dans un entretien accordé à RIA Novosti l’ancien ministre israélien des Affaires étrangères Shlomo Ben-Ami.
Il était ministre des Affaires étrangères dans l’administration d’Ehud Barak qui avait semblé s’être rapprochée le plus de la paix avec les Palestiniens, mais les négociations se sont finalement soldées par un fiasco, suivi de la " seconde intifada " sanglante et une interruption de plusieurs années du processus de paix.
" L’axe syrien est plus actuel et plus réaliste, alors que les négociations avec les Palestiniens sont dans l’impasse… Le règlement du conflit avec la Syrie est une garantie de stabilité du modèle de régularisation pacifique pour le Proche-Orient dans son ensemble ", a déclaré l’interlocuteur de l’agence.
Il a également confié que juste avant l’interview il avait rencontré son ancien chef Ehud Barak, actuellement ministre de la Défense, et a remarqué le désir de l’establishment militaro-politique d’Israël de réanimer le dialogue de paix avec la Syrie. " Je dois dire que Barak et toute l’administration de la Défense souhaitent rouvrir le dialogue de paix avec Damas ", a déclaré Shlomo Ben-Ami.
Le dernier tour des négociations entre Israël et la Syrie ouvert depuis mai 2008 avec la médiation de la Turquie a été stoppé après le début de l’opération israélienne dans la bande de Gaza, qui en hiver 2008-2009 a emporté la vie de plus de mille Palestiniens et s’est attiré les foudres de la communauté internationale.
Le conflit israélo-syrien est basé sur le litige lié à l’appartenance du Golan, occupé par Israël depuis 1967 et annexé en 1981. La Syrie insiste sur la restitution du territoire et refuse de s’assoir à la table des négociations tant qu’Israël n'aura pas promis de satisfaire cette exigence. Les Israéliens se montrent prêts à relancer immédiatement le dialogue de paix, mais sans conditions préalables. Toutefois, lors des déclarations publiques, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a à plusieurs reprises rejeté la possibilité de restituer le Golan.
Shlomo Ben-Ami ne voit aucune raison d’être optimiste dans la situation palestinienne qui s’est dégradée au stade " des négociations visant la relance des pourparlers. " " Malheureusement, il ne faut pas compter sur la survenue d'un accord entre les parties. Il est peu probable que le gouvernement de Netanyahu réussisse là, où les anciens premiers ministres Barak et Olmert ont échoué. Les informations rendues publiques par Wikileaks montrent clairement que la question palestino-israélienne n’est pas en tête de la liste des priorités de Washington, et sans une position unanime de la communauté internationale, la signature d’un accord de paix est impossible ", a déclaré l’interlocuteur de l’agence.
" Le fossé est bien trop important entre les exigences des Palestiniens et les limites des concessions acceptables par les Israéliens ", a-t-il expliqué son point de vue sceptique. Selon Shomo Ben-Ami, une position plus active et claire des puissances mondiales et la création par les Etats-Unis d’une grande " coalition au nom de la paix " pourraient rétablir la situation.
" J’ai déclaré à maintes reprises qu’il était temps pour les Américains, qui trouvaient facilement des alliés pour les guerres en Irak et en Afghanistan, d’instaurer une coalition au nom de la paix. Les sponsors du processus de paix sous l’égide des Etats-Unis ne pourront exercer une pression efficace que s’ils suivent une stratégie commune. Mais cela n’est possible qu’à condition que tous les principaux acteurs occupent une position plus active et plus claire dans l’arène mondiale. Dans le cas contraire, toute tentative d’établir un dialogue de paix se réduira à de vaines discussions ", a-t-il déclaré.
Selon l’ancien ministre israélien des Affaires étrangères, la Russie joue un rôle clé dans l’établissement de la paix au Proche-Orient. " Sans aucun doute, la Russie est un des médiateurs les plus influents du quatuor, et sa participation active est impérative à la régularisation du conflit. En possédant sur les parties des leviers de pression historiquement fondés, la Russie pourrait devenir le principal négociateur dans la région et le partenaire essentiel des Etats-Unis pour la régularisation au Proche-Orient ", a déclaré Shlomo Ben-Ami.
Les médiateurs ont laissé les parties en conflit face à face au stade final et, selon Shlomo Ben-Ami, c'est la cause de l’échec cuisant du marathon sans précédent de négociation organisé à la charnière des siècles par les Israéliens et les Palestiniens avec la participation du président américain Bill Clinton.
" Nous étions très proches, mais à une certaine étape, plus personne ne se préoccupait des négociations. Clinton est parti, son successeur George W. Bush n’était pas intéressé par leur poursuite. Nous sommes restés en tête-à-tête avec les Palestiniens et le grand stratège Yasser Arafat, chef de l’Autorité nationale palestinienne (ANP), dans l’espoir de conclure un accord assorti de conditions encore plus avantageuses, a placé la barre des exigences si haut qu’il les a rendues totalement inadmissibles ", a déclaré l’interlocuteur de l’agence.
L’ancien ministre des Affaires étrangères a l’intention de participer à la conférence d’experts " Les scénarios et les modèles de régularisation au Proche-Orient ", organisée conjointement par l’agence RIA Novosti, l’Institut d’études orientales de l’Académie des sciences de Russie et le Conseil russe de politique étrangère et de défense du 9 au 11 décembre à Malte.
