L’Etat palestinien pourrait naître en 2011

© RIA Novosti . Vladimir Fedorenko / Accéder à la base multimédiaVitali Naoumkine
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Vitali Naoumkine, directeur de l’Institut d’études orientales, a accordé une interview à RIA Novosti à la veille de la Seconde conférence de la section du Proche- Orient du Club international de discussion Valdaï qui se tiendra les 9 et 10 décembre à Malte.

Vitali Naoumkine, directeur de l’Institut d’études orientales, a accordé une interview à RIA Novosti à la veille de la Seconde conférence de la section du Proche- Orient du Club international de discussion Valdaï qui se tiendra les 9 et 10 décembre à Malte.

Le scientifique estime que l’Etat palestinien pourrait apparaître dès 2011 mais avertit de la présence d’obstacles sérieux au succès des négociations de paix au Proche-Orient, en mettant l’accent sur la division intrapalestinienne et l’intransigeance des autorités israéliennes.

Vitali Naoumkine estime que la conviction de la communauté mondiale de l’absence d’alternative à " la conclusion rapide d'un accord " entre les parties en conflit, la nouvelle politique américaine au Proche-Orient, les succès de l’Autorité nationale palestinienne (ANP) dans le rétablissement de l’économie et dans la construction de l’infrastructure étatique sont une source d’optimisme dans le contexte de stagnation des négociations palestino-israéliennes.

 

Les arguments pour

" L’optimisme repose sur le fait qu’aujourd’hui… il existe un consensus au sein de l’opinion de la communauté internationale, des acteurs mondiaux - les membres du " quatuor " - et de la majorité d’Etats sur la nécessité de la création rapide de l’Etat palestinien.

" Deux peuples, deux Etats ". Cette formule, reconnue à l’unanimité et légitimée au niveau international, ainsi que les décisions et le droit international nécessitent la mise en œuvre d’un tel modèle ", a déclaré Vitali Naoumkine.

Selon lui, avec l’arrivée au pouvoir du président américain Barack Obama, les Etats-Unis ont également fait un pas vers les Arabes-palestiniens.

" Aujourd’hui, pour Barack Obama, il est crucial de réussir sur le " volet " israélo-palestinien ", a fait remarquer le spécialiste russe. Il a rappelé le discours du président américain lors de la dernière session de l’Assemblée générale des Nations Unies, dans lequel Barack Obama espérerait que dès avant la prochaine session en septembre 2011, on aboutirait à un accord pour l’adhésion d’un nouveau membre arabe, l’Etat palestinien, à l’ONU.

" Barack Obama a été parfaitement clair à ce sujet, et compte tenu du statut du président et de l’Etat américain qu'il dirige, si cela ne menait à rien et que cette déclaration s’avérait être du bluff, cela porterait un préjudice considérable à sa réputation… Ce dernier a réellement besoin de réussir au Proche-Orient ", a déclaré l’interlocuteur de l’agence.

Les succès de l’ANP, principalement atteints par le gouvernement du premier ministre réformateur Salam Fayyad, qui s’est fixé pour objectif de réunir toutes les conditions nécessaires à l’acquisition de l’indépendance d'ici 2011 témoignent également de " l’arrivée à maturité " du gouvernement palestinien, estime Vitali Naoumkine. " Dernièrement, l’ANP ne cesse d’améliorer sa cote de popularité grâce au renforcement de sa propre structure et de ses institutions étatiques. Je pourrais me référer au récent rapport de la Banque mondiale sur la Palestine, où il est dit que… si elle pouvait maintenir le niveau actuel de l’établissement des institutions gouvernementales et de services publics, elle serait capable de créer un Etat dans un avenir proche. "

" Cela est dit de manière très rassurante. La Banque mondiale est une organisation sérieuse et prestigieuse, et elle ne donne pas d’évaluations aussi optimistes au hasard ", a déclaré le scientifique.

Les arguments contre

Du côté arabe, l’interlocuteur de l’agence estime que le conflit entre les mouvements Fatah et Hamas, qui a conduit à la division politique du territoire palestinien en deux entités isolées l’une de l’autre, la bande de Gaza, dirigée par les islamistes du Hamas, et la Cisjordanie, contrôlée par le Fatah à travers les institutions de l’ANP, est le principal obstacle à la régularisation.

" Pour l’instant il sera impossible de surmonter cette division, et compte tenu de la tension importante et de l’hostilité entre les deux forces, il y a peu de chances d’arriver rapidement à un accord sur la formation d’un seul gouvernement de coalition. Or, les Palestiniens doivent parler d’une seule voix, car si aujourd’hui la formation d’un Etat devenait réalité, il est clair qu'en Cisjordanie il serait possible de trouver un accord sur sa création, mais que faire de la bande de Gaza dirigée par le Hamas? ", s'est demandé Vitali Naoumkine.

" Mener des négociations séparément ? Or le Hamas est considéré par les puissances occidentales comme une organisation terroriste, Israël est également du même avis. Que faire alors? Créer un Etat en Cisjordanie et conférer à la bande de Gaza le statut d’une zone d’aliénation, de ghetto palestinien? ".

" Personne ne comprend ce qu'il convient de faire avec la bande de Gaza. La question dépasse le cadre du processus de négociations et de tout le reste ", a déclaré le chercheur. A cet égard, il a remis en doute la rationalité de préserver l’ancienne politique isolationniste, la marginalisation du Hamas et le refus d’une partie notable de la communauté internationale de négocier avec lui.

    Du côté israélien, la réticence globale des autorités à remédier au problème grâce à la formule " deux peuples, deux Etats " est un obstacle à la régularisation. La poursuite de la construction des colonies, dont l'arrêt sert aux Palestiniens de préalable à la poursuite du processus de paix, ainsi que la tentative d’éviter de soulever la question des frontières et, surtout, le refus de discuter le statut de Jérusalem, en est la preuve, selon Vitali Naoumkine. " Le gouvernement de Benjamin Netanyahu refuse de soulever la question de Jérusalem Est. "

" Le premier ministre israélien considère aujourd’hui Jérusalem comme la capitale " éternelle et indivisible " d'Israël. Pour cette raison, la question de Jérusalem Est n’est pas discutée dans le cadre des négociations. Comment pourrait-on parler d’un Etat palestinien si le monde islamique entier, ne serait-ce qu’en vertu des notions religieuses et idéologiques, refuse de restituer Jérusalem aux Juifs ? C’est impossible. "

" Comment concilier ces deux positions? ", a déclaré l’interlocuteur de l’agence. Il a exprimé des craintes en disant que la question de Jérusalem sous sa forme actuelle était insoluble. " Cette ville doit être partagée, or le gouvernement actuel de droite d’Israël ne veut pas le faire. A mon avis, c’est le principal obstacle aux négociations, et c’est précisément la source du scepticisme ", a déclaré Vitali Naoumkine.

 La pression américaine

Selon Vitali Naoumkine, les Etats-Unis sont le seul acteur international capable d’exercer une pression efficace sur Israël et de l’obliger à modérer son approche pour trouver un terrain d’entente avec les Palestiniens. " Tous les autres ont peu de chances de pouvoir faire pression sur Israël, sans aucun doute. Que ce soit l’Europe, la Russie, l’ONU et tous les autres… Une question est alors soulevée concernant la capacité et les chances de faire pression sur Israël de Barack Obama. Voudra-t-il et pourra-t-il le faire ? C’est la question clé ", a déclaré l’interlocuteur de l’agence.

Il est convaincu qu’aucun leader américain ne sera capable de se détacher de la considération d’Israël comme d’un allié stratégique des Etats-Unis, de refuser de lui fournir une aide politique, militaire et financière. Dans ces conditions, la menace de soutenir au Conseil de sécurité des Nations Unies le projet de la reconnaissance internationale de l’Etat palestinien indépendant avec les frontières de 1967 et la capitale à Jérusalem Est pourrait servir de moyen de pression.

" L’idée de la reconnaissance unilatérale de la Palestine " hante " actuellement certaines sphères politiques, même aux Etats-Unis, même dans les sphères sensées être ethniquement proches d’Israël. L’idée prévaut que cela suffit, enfin! ", a déclaré le scientifique. " Parce qu’on est conscient que la politique du gouvernement israélien est en contradiction avec les intérêts du peuple israélien. On vient même à suggérer que la seule possibilité d’effrayer Netanyahu et de l’obliger à changer de politique soit de le menacer en disant : Si vous, monsieur le premier ministre, jouiez un mauvais tour à Barack Obama en le mettant au pied du mur, vous l’obligeriez avec ses partenaire d’adopter à l’ONU la décision de la reconnaissance officielle de l’Etat palestinien ", a-t-il poursuivi.

Si cette menace est mise à exécution, Israël deviendrait automatiquement " l’occupant du territoire d’un Etat reconnu par l’ONU, qu’il est nécessaire de libérer, faute de quoi ils sera soumis aux sanctions internationales. "

" Bien sûr, c’est une alternative désagréable. Est-ce que Barack Obama oserait le faire? Je pense que cela est peu susceptible d’arriver mais en tant qu’élément de pression évoqué par l’auteur d’un article du New York Times, c’est une chose tout à fait sérieuse ", a déclaré Vitali Naoumkine.

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