Pouchkine et la France (deuxième partie)

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Notre correspondant Igor Yazon continue à parler de la présentation du recueil «Alexandre Pouchkine. Eugène Onéguine. Poésies Choisies» qui a récemment eu lieu à la maison-musée Alexandre Pouchkine à Arbat, l’une des rues des plus connues de Moscou.

Ce recueil est unique. En premier lieu, parce que c’est le premier recueil des œuvres du grand poète traduits en français par un seul traducteur qui est publié en Russie pour les 130 dernières années. Deuxièmement, c’est la première publication des traductions de Nina Nassakina, professeur de l’Institut des langues étrangères de Moscou et traductrice qui n’a presque rien publié de sa vie. Nina Nassakina est décédée sans laisser d’héritiers : ses notes auraient pu être perdues à jamais si l’enthousiasme de son élève Boris Egorov, aujourd’hui traducteur célèbre, n’avait réussi à trouver dans les archives les traductions et à les préparer à la publication. Ce nouveau recueil est en deux langues : russe et française. Il est publié en collaboration avec les éditions d’Elena Tonchu et le journal «Notre héritage» et avec le soutien des Chevaliers russes de l’Ordre international du Saint Constantin le Grand. Enfin, le nouveau recueil de Pouchkine sort en français dans le cadre de l’Année croisée Russie-France. En outre, le linguiste et traducteur français Bruni Bisson a également participé dans la préparation du recueil.

Le recueil «Alexandre Pouchkine. Eugène Onéguine. Poésies Choisies» et sa professeur Nina Nassakine – Boris Egorov :  

«Cet événement est d’autant plus remarquable que les cent dernières années on n’a pas eu en Russie de recueil de notre grand poète en français, dit-il. Je crois qu’il existe des problèmes de traduction qui sont difficiles à résoudre parce que le vers syllabique français est bien différent de celui russe. Mais le talent surmonte toutes les difficultés. J’ai déjà raconté que le lieutenant général, ancien ambassadeur de l’Empire russe en France comte Alexey Ignatiev qui appartient à deux cultures à la fois – culture russe et culture française – s’est mis avec précaution à lire les traductions de Nina Nassakina mais lorsqu’il les a lues, il était tout simplement bouleversé et a dit que ces traductions étaient dignes de l’original. Certes, toute traduction comporte des pertes, mais Nassakina a réussi à garder le rythme et la mélodie du vers de Pouchkine. En un mot, Nina Nassakina a détruit le mythe de l’impossibilité de traduire Pouchkine en français. C’est que Pouchkine se traduit très bien en allemand. Nabokov a remarquablement traduit Pouchkine en anglais. Mais il n’y a presque pas de ce genre de traductions en français. Des écrivains français se tourmentaient avec les traductions de Pouchkine. Ainsi, Mérimée qui est un prosateur génial, n’a réussi que la traduction de la prose de Pouchkine et encore il n’a fait que transmettre le sens général. Parmi les grands français qui ont tenté de traduit Pouchkine il y a Alexandre Dumas. Mais c’est Louis Aragon qui y est parvenu plus que les autres même s’il n’a réussi que traduire 23 strophes d’ «Eugène Onéguine» et ce, on suppose, avec l’aide d’Elsa Triolet. Il n’a pas pu faire plus. «La vie ne suffira pas pour traduire Pouchkine» a dit Aragon.

Selon Boris Egorov, Nina Nassakina a consacré plus d’un quart de siècle à ses traductions de Pouchkine en faisant des centaines de variantes de chaque strophe avant de choisir un seul qui, à son avis, traduisait au mieux la brillance et la légèreté du vers. A propos, se souvient Boris Egorov, Nina Nassakina a lu ses traductions à la radio internationale de Moscou. Quant aux publications, il n’en avait presque pas. La dernière tentative de publier les traductions de Nina Nassakina a été entreprise par l’académicien Likhatchev. Dans sa lettre au chef du Comité de presse d’État il a écrit que le lecteur français a besoin de lire Pouchkine en français afin de s’approcher au moins de l’âme russe.

Dans son interview au correspondant de la «Voix de la Russie» Boris Egorov a aussi parlé de la valeur du nouveau recueil de Pouchkine :

Nous terminons notre récit sur la présentation du nouveau recueil «Alexandre Pouchkine. Eugène Onéguine. Poésies Choisies» publié à Moscou par quelques lignes qui ouvrent le roman en vers « Eugène Onéguine ».

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