La Russie a donné un accord de principe pour élaborer conjointement avec l'OTAN un système européen de défense antimissile. Cette décision, selon nombreux observateurs, a été le résultat principal de la récente séance à Lisbonne du Conseil Russie-OTAN.
Les parties ont engagé le Conseil à mener l'analyse des futures conditions type de la coopération dans la défense antimissile, lit-on dans le communiqué à l'issue de la réunion. A la conférence qui a suivi le sommet le président russe Dmitri Medvedev a annoncé qu'il avait proposé à ses partenaires de l'OTAN d'utiliser comme base pour les discussions ultérieures l'idée de création en Europe d'un bouclier antimissile sectoriel.
"Bien entendu, c'est un sujet qui exige une analyse particulière et aujourd'hui j'ai insisté pour qu'on nous donne une réponse rapide. D'autant plus que je comprends que sur le problème du partage de la responsabilité dans le cadre du système européen de défense antimissile des pays différents peuvent avoir des arguments les plus différents et des positions les plus variées. Néanmoins si on se met à concrétiser cette idée alors nous voyons un intérêt pour nous d'y participer."
Dmitri Medvedev n'est pas entré dans les détails. Mais il a souligné que dans tous les cas, quel que soit le système, la Russie n'est prête à y participer que sur une base d'égalité et de partenariat. Voici l'opinion de Pavel Zolotarev, adjoint au directeur de l'Institut des États-Unis et du Canada auprès de l'Académie russe des sciences, recueilli par l'envoyé de la Voix de la Russie:
"Il s'agit que chaque État ou alliance d'États a ses propres moyens de défense antimissile et peut défendre un secteur donné de l'espace aérien. Ou bien si on parle des missiles balistiques de longue portée il s'agit d'un secteur donné de l'espace spatial que les ogives peuvent traverser. Ca veut dire que chacun porte la responsabilité pour la sécurité dans sa zone. C'est probablement la seule variante logique parce que l'espace au-dessus de la Russie ne peut pas être dans la responsabilité d'un autre État, par exemple, des États-Unis. C'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas frapper les missiles dans l'espace aérien russe pour que leurs débris tombent sur notre territoire. Nous devons le faire nous-mêmes. Et la coopération va justement consister en accords stipulant les détails de l'organisation des actions conjointes. Sans doute on va utiliser l'expérience que possèdent la Russie et les États-Unis, et parfois de l'OTAN. Il y a une expérience dans l'organisation de la défense antimissile sur le théâtre d'opérations militaires: nous avons mené ces recherches conjointement avec les Américains pendant de longues années. Ainsi, les propositions de la Russie s'appuient sur un certain fondement et sur une logique assez claire. Dans ce sens les facteurs politiques se retrouvent relégués au second plan et on y voit clairement la logique d'une organisation rationnelle d'un système."
Dans tous les cas, comme l'a souligné le président américain Barack Obama, l'accord entre la Russie et l'OTAN sur le système de défense antimissile transforme la source d'ancienne tension en champ de coopération potentielle dans la lutte contre les menaces communes. Quant à la réaction aux propositions russes, selon le secrétaire général de l'OTAN M. Rasmussen, leur analyse peut être menée au début de l'année prochaine. Le secrétaire général a dit espérer que le travail allait être achevé avant la prochaine séance du Conseil Russie-OTAN en juin au niveau des ministres de la Défense.