La période du froid et des accusations réciproques dans les relations de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord et de Moscou est désormais révolue. Une nouvelle étape s’amorce, celle d’une large coopération. C’est la conclusion des membres de la séance du conseil Russie-OTAN, réunissant les chefs d’États de 29 pays, qui vient de s’achever le 20 novembre à Lisbonne.
Pour accueillir le sommet de l’Alliance atlantique et ensuite le Conseil Russie-OTAN le Portugal avait pris des mesures de sécurité sans précédent. Le pays a même négligé certaines conditions des accords de Schengen: des postes de gardes-frontières ont apparu à l’entrée du pays, les arrivants étaient rigoureusement contrôlés dans les aéroports.
Vendredi les dirigeants des pays de l’OTAN ont tenu un sommet qui s’est achevé par l’adoption d’une nouvelle stratégie globale de l’organisation pour la prochaine décennie. Le document mérite d’être appelé historique: pour la première fois des soixante ans de l’existance de l’alliance on y déclare que l’OTAN n’est pas un adversaire de la Russie. Deux articles y sont consacrés à l’importance stratégique de la coopération avec la Russie. Dans leur déclaration finale les pays de l’OTAN ont proposé à Moscou de travailler ensemble sur le projet d’élaboration d’un système antimissile pour la région euroatlantique. Bien plus, ils sont fermement décidés à construire une paix "durable et globale" avec les partenaires russes.
Ces propositions ont été discutées en détail le lendemain au Conseil Russie-OTAN avec le président russe Dmitri Medvedev. Le chef de l'État russe n'était pas arrivé à Lisbonne les mains vides: Moscou élaborait aussi un plan de coopération. Quant au bouclier antimissile, la Russie a proposé à l'OTAN de créer en Europe un système sectoriel de défense antimissile. En en parlant aux journalistes Dmitri Medvedev n'est pas entré dans les détails. Tout de même le président russe a souligné que Moscou n'était d'accord pour participer au projet que sur un pied d'égalité et à condition d'échange d'informations nécessaire. Dans le cas contraire, la Russie refuserait d'y participer tandis qu'un développement unilatéral de la défense antimissile signifie un nouveau tournant dans la course aux armements, a noté Dmitri Medvedev:
"Un autre sujet très important et largement discuté aujourd'hui: la Défense antimissile européenne. Il est clair que les pays de l'OTAN n'ont pas pour l'instant une idée précise de ce que ça va devenir. Mais en même temps tout le monde comprend que dans l'ensemble le système de défense antimissile ne représente un intérêt que lorsqu'il est universel, lorsqu'il n'est pas juste un des éléments visant à aider quelques pays."
Le bouclier antimissile et les négociations autour de ce problème est l'affaire de l'avenir. Mais le sommet actuel a porté des fruis tout à fait concrets. Le bilan principal est la relance d'une réelle coopération entre l'OTAN et la Russie, estime le président russe:
"C'est une étape très importante dans la construction des relations productives, concrètes et partenariales entre la Russie et l'OTAN. Et la Déclaration, adoptée à la suite de l'intervention du secrétaire général, annonce que nous tendons vers le développement du partenariat stratégique. Ce n'est pas une coïncidence fortuite, cela signifie que dans les relations entre nos pays on réussi a surmonter les difficultés de la récente période."
Comme résultat, la Russie et l'OTAN sont tombées d'accord pour éviter de faire recours à la force dans leurs relations ainsi que vis-à-vis les autres pays. En plus, les parties se sont entendues pour renforcer leur coopération dans le domaine de lutte antiterroriste, comprenant le développement commun de technologies de détection d'explosifs, de prévention des attentats sur les vols aériens et l'échange de données concernant le terrorisme. Les navires de guerre de la Russie et de l'OTAN vont effectuer des exercices communs pour mettre au point la tactique de lutte antipirate. On a signé aussi l'accord sur le transit de retour des frets du contingent de l'alliance d'Afghanistan vers l'Europe via le territoire de la Russie.
Le Conseil Russie-OTAN s'est tenu après deux ans de suspension de ses travaux. Ceux-ci avaient été suspendus en 2008 après l'agression de la Géorgie contre l'Ossétie du Sud. Mais ces derniers temps le gouvernement de l'Alliance atlantique multiplie ses appels de relancer, à l'instar de Washington, les relations avec Moscou. Et on peut le dire maintenant, le redémarrage a commencé.