La cessation des guerres dites ‘’ monétaires ‘’, autrement dit la dévaluation concurrentielle des monnaies nationales, était au centre des débats du G-20 qui a débuté aujourd’hui à Séoul. ‘’ Personne ne devrait chercher à améliorer la croissance au détriment des autres, a déclaré Jose Manuel Barroso, Président de la Commission européenne. Cela reviendrait à se précipiter vers le gouffre. L’objectif du G-20 consiste à empêcher une telle évolution des événements. ‘’ Mais à en juger par les démarches des membres du G-20, il ne faut pas s’attendre à un règlement rapide du conflit.
Dévaluer au profit des investissements?
Les guerres monétaires ont éclaté cet automne, lorsque plusieurs pays, des Etats-Unis au Brésil, de la Corée du Sud à la Thaïlande, se sont lancés dans une course à dévaluation de leurs monnaies nationales respectives, espérant ainsi augmenter la compétitivité des exportations nationales et attirer également des investisseurs grâce à la baisse des prix des actifs. On recourait aussi bien aux interventions directes sur le marché monétaire qu’à la diminution indirecte du taux de change grâce à l’injection d’argent liquide dans l’économie nationale. Prenons l’exemple de la décision de la Réserve fédérale des Etats-Unis de racheter 600 milliards de dollars d’obligations d’Etat en huit mois, ce qui signifie en fait la mise en route de la planche à billets.
Jusqu’à aujourd’hui, la lutte contre les guerres monétaires n’avait jamais porté ses fruits. Fin octobre, à la veille du sommet, les ministres des Finances du G-20 ont convenu de renoncer à dévaluer les monnaies et promis de passer aux systèmes de taux de change de marché, mais les émetteurs de monnaies de réserve ne se sont toutefois pas engagés à concerter leur politique monétaire.
Dans le cas contraire, les Etats-Unis, par exemple, seraient contraints d’abandonner l’injection de 600 milliards de dollars dans l'économie américaine.
Les actions des acteurs clés de l’économie mondiale confirment le célèbre proverbe : ‘’ Charité bien ordonnée commence par soi-même. ‘’ Les Etats-Unis exhortent la Chine depuis plusieurs années de renforcer sa monnaie nationale, en arguant de ce que le faible taux de change du yuan donne aux exportateurs chinois des avantages concurrentiels injustes. Et aujourd’hui, le ministre des Finances américain Timothy Geithner a rappelé une nouvelle fois que la politique du yuan faible contredisait la logique du marché et pourrait conduire à la hausse de l’inflation. Mais la volonté logique de renforcer le yuan n’empêche en rien les autorités financières américaines d’affaiblir le dollar.
Arrêter les guerres monétaires: une gageure?
Pourquoi parle-t-on toujours de la nécessité de faire cesser les guerres monétaires sans jamais prendre les mesures concrètes appropriées?
Les causes des guerres monétaires se sont accumulées au cours des dernières décennies. A la fin du XXe siècle, les compagnies américaines et européennes, afin de diminuer leurs coûts de production, ont commencé à délocaliser dans les pays d’Asie Sud-est, puis en Chine. Ce qui a permis à l’Occident d’éviter temporairement nombre de problèmes économiques, sociaux et écologiques.
Mais les compagnies qui ont conservé leurs plateformes industrielles en Europe et aux Etats-Unis plient aujourd’hui sous le poids des exportations asiatiques, ce qui est tout à fait normal sachant que le salaire d’un ouvrier américain est 5-10 fois supérieur à celui de son homologue chinois. Et ce n’est pas tout. Il s’est avéré que les recettes de la vente des services et de la propriété intellectuelle, marchandises les plus exportées par l’Occident, ne couvraient pas les dépenses d’acquisition des produits industriels en provenance d’Orient. A preuve, le déficit du commerce extérieur des Etats-Unis s’élevant à 3,3% du PIB comparé à l'excédent chinois de 4,7% du PIB.
Pour l’instant, il n’existe aucune solution aux problèmes systémiques de l’économie mondiale. Au lieu de cela, on met en œuvre des mesures formelles de redistribution de rôles dans les organisations internationales. Ainsi une chose sur laquelle il a été possible de s’entendre à la veille du sommet concerne la redistribution des sièges au sein de la direction du Fonds monétaire international (FMI) afin d'augmenter la représentativité des pays émergents. En maintenant le nombre actuel de 24 membres au sein du Conseil des directeurs du FMI, deux sièges supplémentaires seront attribués aux pays émergents grâce à la réduction des postes des pays de l’Union Européenne.
Cette mesure pourrait permettre aux économies émergentes d’accéder plus facilement aux crédits du FMI, mais ne devrait pas renforcer leurs positions dans le système économique mondial. Lors de la création du G-20, beaucoup d’experts prévoyaient déjà l'affaiblissement progressif du rôle des organisations économiques internationales, telles que le FMI et la Banque mondiale, en tant que régulateurs de l’économie mondiale. La résolution des questions plus importantes (y compris les litiges au sujet des taux de change) sera au menu des négociations bilatérales entre les représentants des puissances économiques.
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