Il y a un mois, soixante-onze pourcent des Français interrogés par Ifop ont trouvé que l'image de leur pays à l'étranger s'était dégradée, et seuls 2 % estimant le contraire. Le sentiment général de dégradation a touché pleinement l'ensemble des catégories de population, mais, selon les sociologues, il a été « sensiblement plus intense auprès des sympathisants de gauche que parmi ceux de la droite ». Les principales causes de ce sentiment d’insatisfaction étaient les déboires de l'équipe de France de football pendant la Coupe du monde, les épisodes sociaux de l'été, la politique de démantèlement des camps de Roms. L’institut de sondage a constaté également que la mise en cause de la politique socio-économique du gouvernement, notamment la réforme des retraites, participerait elle-aussi, aux yeux des Français, d'une dégradation de l'image de leur pays, perçu comme « contestataire et difficile à réformer ». C’était bien avant la grève. L’actualité n’a pu qu’accentuer ces sentiments.
Il faut reconnaître aux répondants d’avoir un sens autocritique. Mais ce qui est surprenant c’est qu’en faisant part de leurs appréhensions, nombreux sont ceux, particulièrement à gauche, qui ont contribué à ce que ces appréhensions deviennent réalité. Selon Christine Lagarde, ministre de l’économie, une journée de mouvements sociaux coûte à l’economie francaise quelques 400 millions d’euros. Quand on voit des ports fermés, des raffineries bloquées, des collèges vandalisés, des routes barrées, on comprend difficilement la stratégie des syndicats d’obtenir gain de cause en paralysant ce qui fonctionne encore et en fragilisant davantage l’économie nationale. Peut être que les grévistes le jugent autrement, mais pour de nombreux étrangers la destruction ne peut pas etre constructive. Et c’est à la destruction qu’on pense devant les blocages de dépôts de carburant opérés par quelques-uns, la multiplication de rassemblements de lycéens à des mots d'ordre peu responsables, l'intervention de casseurs et pilleurs ultraviolents. Mais également devant le monopole de la SNCF qui, pour la énième fois, se permet de perturber les plans de tout client, quelle que soient sa situation et ses besoins.
« Les étrangers ont une mauvaise opinion des Français, et ça ne date pas d'hier », estiment certains commentateurs en discutant des résultats du sondage Ifop. Non, cela n’est pas vrai, les étrangers ont des opinions très positives vis-à-vis de la France, mais ils ont du mal à comprendre l’entêtement de la foule, le rejet des realités économiques mais également des principes démocratiques. Car mettre en cause le vote du parlement, démocratiquement élu, et continuer à faire pression sur le pouvoir nuit à la France en tant que pays démocratique, traditionnellement consideré comme un champion en la matière. Or, voilà pour ce qui est de l’image. Ou peut-être que j’ai tort?