Connaissant la propension des Tsiganes à la désorganisation, la calme ville de Strasbourg aurait pu ressembler ces jours-ci à un grand campement. C’est ici que la première réunion paneuropéenne importante s’est tenue, le 20 octobre, au siège du Conseil de l’Europe, afin d’aborder le thème de l’intégration sociale des tsiganes. Mais ladite désorganisation des Tsiganes a facilité la tâche de la police française chargée de la protection de la capitale parlementaire européenne et dont les effectifs étaient déjà renforcés à cause des manifestations contre la reforme des retraites. Le fait est que lors de la discussion concernant ‘’ le problème tsigane ‘’, pratiquement aucun Tsigane n’était présent.
Depuis avril 1971, lors du Congrès mondial tsigane à Londres, l’Europe ne leur avait jamais accordé autant d’attention. On peut remercier Nicolas Sarkozy. Ce sont précisément ses initiatives et actions anti-tsiganes qui ont conduit aux discussions concernant les problèmes sociaux, migratoires, raciaux, confessionnaux et autres en Union Européenne. Depuis le lancement par ‘’ Sarko ‘’ de ‘’ la chasse aux Roms ‘’ en juillet, du recensement et d’extradition des clandestins, la question est devenue particulièrement sensible en Union Européenne et a même conduit à l’intervention du Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination raciale. La question a été à l’ordre du jour au Conseil de l’Europe. Mais attention, il ne faut pas confondre cette organisation avec l’UE, dont elle ne dépend qu’indirectement.
Le Conseil de l’Europe a été créé le 5 mai 1949. Initiée par des idéalistes européens voulant une institution paneuropéenne chargée de la régularisation des problèmes, une sorte de forum pour l’élaboration d’une politique unique, des normes de conduite, des normes juridiques, des consultations économiques et de politique étrangère en Europe. Cette dernière se remettait tout juste de la guerre et avait effectivement besoin d’un forum de ce type. Mais la guerre froide a ‘’ enterré ‘’ toutes ces idées : il était difficile d’imaginer un forum paneuropéen dans une Europe divisée en deux par une grande faille idéologique. La mise en place du Marché commun a privée le Conseil de l’Europe de toutes ses responsabilités et fonctions premières et aujourd’hui il n’est chargé que de la protection des droits de l’Homme et de ses dérivés. Le Conseil de l’Europe et son Assemblée parlementaire élaborent ou tente d’élaborer des normes adéquates pour l’Europe visant à faire respecter tous les droits de l’Homme et critiquent âprement toute violation, où qu’elle survienne. Le Conseil de l’Europe compte à ce jour 47 pays. La Russie a adhéré à l’organisation en 1996 et occupe aujourd’hui 18 sièges de députés à l’Assemblée parlementaire sur un total de 318.
En fait, le Conseil de l’Europe est une organisation presque purement consultative, et toutes ses décisions et ses résolutions n’ont aucun pouvoir juridique. Les gouvernements peuvent choisir de les respecter ou pas. Le Conseil de l’Europe et l’APCE sont une sinécure pour les employés et les députés de ces organisations. Strasbourg, frontalier avec l’Allemagne, est un mélange parfait entre les meilleurs chefs-d’œuvre culinaires français et allemands, architecturaux et traditionnels. Qui refuserait de débattre dans ces conditions?
Quant au problème tsigane français, il a été pratiquement régularisé avant la réunion. La veille, l’Union Européenne a annoncé l’abandon des charges d’accusations contre Paris relatives à la discrimination des Roms, et Paris s’est engagé à apporter certaines modifications législatives concernant la protection des droits des minorités nationales. Par exemple, la notification de l’expulsion, la présentation d’un mois de ‘’ réflexion ‘’ et la possibilité de contester l’expulsion au tribunal. Et c’est tout.
La réunion a consacré beaucoup de temps à l’intégration des Roms.
Mais le plus frappant c’est que ni les Roms, ni les statistiques européennes ne sont capables de dire aujourd’hui combien y a-t-il en Europe ou dans le monde de ‘’ nomades en caravane ‘’. La fourchette (à ce niveau, c’est un râteau) varie de 8 à 16 millions de personnes dans le monde. Entre 4 et 12 millions en Europe. Reste à comprendre qui et, surtout, combien de Roms il est nécessaire d’intégrer. Puisque personne ne connaît leur population exacte, personne ne pourra déterminer avec précision les mesures nécessaires à ‘’ l’intégration sociale future ‘’. Par conséquent, aucun budget ne peut être accordé car aucun comptable ne l’admettrait.
Malgré notre amour russe particulier et sans limite à l’égard du ‘’ peuple nomade ‘’, la Russie, à en croire les statistiques européennes, n’occupe que la huitième place avec 182 800 Roms (selon le recensement de 2002). L’Espagne est en tête (650 000), suivie par la Roumanie (535 000), la Turquie (500 000), la France (500 000), la Bulgarie (371 000), la Hongrie (205 000) et la Grèce (200 000). Bien qu’en comparant le rapport du nombre de tsiganes pour la population totale, la première place revient à la Bulgarie avec 4,67%. Elle est suivie par la Macédoine (2,85%, soit 54 000 tsiganes) et la Roumanie (2,46%).
A en croire une statistique incroyable, la population tsigane est tout aussi présente dans le Nouveau Monde. Au Brésil, par exemple, leur nombre dépasse 678 000 de personnes. Ils sont plus de 300 000 en Argentine.
Mais les Etats-Unis sont incontestablement en tête du classement, à en croire la dernière édition du Guide de poche du Texas (The Handbook of Texas). Toutefois, en raison du manque de confiance à tout ce qui a un rapport avec l’Etat du Texas, il est nécessaire d’interpréter ces informations avec prudence. Ainsi, les auteurs affirment que le territoire du Texas accueille 20 000 Tsiganes, et ils sont près d’un million aux Etats-Unis! Les auteurs reconnaissent toutefois que beaucoup de Tsiganes ‘’ cachent ‘’ leur vraie origine et préfèrent se qualifier d’Indiens américains, d’Hispaniques ou de ressortissants du sud de l’Europe. Qui est qui demeure un mystère. Que voulez-vous, c’est le Texas.
Bref, la question tsigane sera abordée à Strasbourg et son étude sera poursuivie. Telle est la décision prise. Quant aux tsiganes, y compris ceux expulsés par Sarkozy en Bulgarie et en Roumanie, ainsi que l’écrivait Pouchkine : ‘’ Les tentes sont démontées, les caravanes sont prêtes à partir… ‘’. Les représentants de la communauté tsigane ont déjà déclaré qu’ils allaient bientôt revenir en France. La vie y est meilleure.
Ce texte n’engage pas la responsabilité de RIA Novosti
La question tsigane soulevée au Conseil de l’Europe
11:36 22.10.2010 (Mis à jour: 16:05 05.10.2015)
© RIA Novosti . Vladimir DobrovolskiyLes manifestations à Paris
© RIA Novosti . Vladimir Dobrovolskiy
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Connaissant la propension des Tsiganes à la désorganisation, la calme ville de Strasbourg aurait pu ressembler ces jours-ci à un grand campement. C’est ici que la première réunion paneuropéenne importante s’est tenue, le 20 octobre, au siège du Conseil de l’Europe, afin d’aborder le thème de l’intégration sociale des tsiganes.