Prix Nobel d'économie: évitons de parler de la crise

S'abonner
Les totalisateurs de prix Nobel se sont une fois de plus trompés. Aucun des prétendants le plus souvent cités, dont les économistes américains Richard Thaler et Robert Shiller, Paul Romer de l'Université de Stanford et Eugene Fama de Chicago, parmi tant d'autres, n'a reçu le prix. Le prix Nobel d'économie a été remis à d'autres Américains, Peter Diamond et Dale Mortensen, ainsi qu'au Britannique Christopher Pissarides ‘’ pour sa contribution à la macroéconomie ‘’.

Les totalisateurs de prix Nobel se sont une fois de plus trompés. Aucun des prétendants le plus souvent cités, dont les économistes américains Richard Thaler et Robert Shiller, Paul Romer de l'Université de Stanford et Eugene Fama de Chicago, parmi tant d'autres, n'a reçu le prix. Le prix Nobel d'économie a été remis à d'autres Américains, Peter Diamond et Dale Mortensen, ainsi qu'au Britannique Christopher Pissarides ‘’ pour sa contribution à la macroéconomie ‘’.

Le prix Nobel d'économie est quelque peu différent des autres nominations. Il a été  mis en place plus tard que les autres, en 1968, et n'a pas de lien direct avec l'héritage d'Alfred Nobel, mais là n'est pas l'essentiel. Parmi les autres nominations scientifiques, le prix Nobel d'économie est considéré comme l'un des plus controversés. Beaucoup de critiques ne reconnaissent même pas à l'économie son statut de science ou, du moins, insistent sur son infériorité par rapport aux sciences exactes. De plus, il est relativement difficile d'estimer la contribution pratique de telle ou telle théorie, compte tenu du fait qu'aucune d'elle n'est jusqu'à présent parvenue à trouver une solution au principal problème de l'économie de marché – à savoir découvrir un moyen de prévenir la crise.

La crise mondiale qui a éclaté en 2008 a fourni un nouveau terrain à ces attaques. Car non seulement aucune école économique n'a donné de réponse à la question ‘’ comment prévenir ‘’, mais la majorité des économistes ont tout simplement ‘’ raté ‘’ la crise, car la majorité des modèles avait été édifiéé sur la certitude de la stabilité des marchés, et n'avaient jamais envisagé qu'un tel effondrement fût possible. Au final, tant les partisans du marché libre autorégulé que ceux qui estimaient que tout écart pouvait être régularisé par l'État ont subi un sévère camouflet. Les derniers auront finalement quelque chose à inscrire à leur actif, car la crise a été précisément réglée grâce aux fonds versés par l'Etat.

La discussion sur la nature de la crise, sur les possibles voies de développement et les moyens pour y faire face est le thème économique principal et le plus actuel. Mais la théorie du travail des lauréats de Nobel sur ‘’ l'analyse des marchés et des frictions ‘’ en est loin. Diamond explique à quel point il est parfois difficile pour l'acheteur et le vendeur de se rencontrer. Mortensen et Pissarides appliquent la même théorie au marché du travail.

Eluder le thème de la crise et de la récession est légitime, c'est la meilleure manière d'éviter de nouvelles accusations mutuelles. On pourrait citer l'exemple du différend entre le lauréat Paul Krugman et l'un des favoris au prix Nobel 2010 Eugene Fama, professeur à l'université de Chicago. M. Krugman a rappelé à plusieurs reprises les déclarations présomptueuses des représentants de l'université de Chicago, faites plusieurs années avant la crise, annonçant que le problème de la prévention des nouvelles crises était résolu. Nous avons pu voir l'efficacité de ces mesures. Cependant, les partisans du monétarisme, sans confusion, tentent simplement de démystifier les idées actuelles sur les causes et le mécanisme de la crise. Pire encore, personne n'est capable de dire dans quelle phase de la crise se trouve l'économie mondiale à l'heure actuelle. Les plus audacieux parlent de la probabilité du début d'une nouvelle récession, et tentent même de prévoir où le phénomène se produira.

En attribuant le prix Nobel aux auteurs de la théorie sur les difficultés intervenant lors de l'interaction acheteur-vendeur et employeur-employé, on arrondit bien des angles. De plus, le travail des nouveaux lauréats explique un des phénomènes des plus intéressants du marché : l'existence simultanée du chômage et des emplois vacants. À première vue, l'employeur recherche des employés, et ces derniers sont à la recherche d'emplois vacants, mais la recherche des deux parties exige des efforts et du temps ce qui crée des ‘’ frictions ‘’ sur le marché. Au final, l'employé et l'employeur n'arrivent tout simplement pas à se trouver.

On estime que la théorie des lauréats au prix Nobel permettrait d'aider les États à mieux comprendre l'influence des mesures de régularisation du marché du travail et de la politique économique sur le taux de chômage. Une conclusion devrait être certainement appréciée par les fonctionnaires de nombreux pays car, selon elle, les allocations de chômage plus importantes contribuent en fait à la hausse du chômage et augmentent le temps de recherche d'un emploi. En effet, en laissant le chômeur sans argent, ce dernier est prêt à travailler n'importe où et quel que soit le salaire. Et l'économie du début du capitalisme était approximativement fondée sur ce principe.

Ce texte n'engage que la responsabilité de l'auteur

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала