Les commandos d'un groupe de l'Al-Qaida au Maghreb islamique" (Aqmi) ont capturé sept otages à Arlit, au Niger : cinq Français, un Togolais et un Malgache qui travaillaient dans la corporation AREVA. Il n'y a pas eu d'information pendant deux semaines. Le 29 septembre la chaîne de télévision Al Jazeera a diffusé les chroniques et un reportage de 4 minutes ayant donné le micro aux otages. Paris s'est montré prêt à entrer en contact avec les enleveurs. Or, ceux-ci ont dit que toute tentative de mettre les otages en liberté entraînerait leur exécution. Paris a demandé aux autorités nigériennes et maliennes d'intervenir en médiateurs pour préciser les conditions de la libération des otages. Près de quatre semaines se sont écoulées depuis la capture des otages, écrit Alexei Grigoriev. Or, les leaders de Aqmi refusent tout contact avec Paris, Niamey et Bamako. Les enleveurs ne précisent pas leurs conditions. Le sort des otages demeure inconnu. Tout porte à croire que l'Aqmi démontre qui est maître au Sahara. Il en est, semble-t-il, vraiment ainsi. Sinon, comment expliquer pourquoi les forces armées des pays du Sahara et du Sahel ainsi que d'Algérie ne parviennent pas depuis plusieurs années de détruire avec le soutien de la France et des États-Unis les bandes de l'Aqmi dont les effectifs ne dépassent pas, d'après les données de renseignement, 500 commandos. Probablement, c'est une simple coïncidence mais Washington a averti lundi les autorités françaises et allemandes concernant les attentats sérieux inspirés contre leurs pays. Selon les services spéciaux américains, les menaces d'attentats émanent d'Al-Qaïda déployant ses activités dans plusieurs pays asiatiques. La France craint l'Aqmi. L'ex-ambassadeur français au Sénégal Jean-Christophe Rufin a dit, récemment, dans une interview à RFI.
Selon Jean-Christophe Rufin, il est possible que le Sahara devienne un foyer de danger terroriste à l'échelle planétaire. L'AFP a confirmé le 5 octobre ses hypothèses qu'il existe en France les groupes proches de l'Aqmi. Selon l'agence, les services spéciaux français ont arrêté à l'issue de deux opérations près de Bordeaux, à Marseille et à Avignon 12 soupçonnés de participation aux groupes islamistes clandestins. Les citoyens français, essentiellement d'origine arabe, étaient déjà arrêtés en France accusés d'être liés aux groupes d'Al-Qaïda.
Le chef du Groupe spécial pour les mesures antiterroristes du Département de l'ONU pour les problèmes politiques Jean-Paul Laborde a dit dans une interview à la revue russe Vip Premier que les groupes de l'Aqmi se sentaient parfaitement à l'aise sur d'immenses territoires du Sahara. Selon lui, les terroristes profitent des frontières diluées. Il convient d'ajouter, écrit notre observateur, que cela concerne également le Sahara et le Sahel où les frontières entre l'Algérie, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Tchad n'existent que sur les cartes. Seuls les postes douaniers sur les autoroutes reliant les pays de la région où sont stationnés les garnisons militaires rappellent qu'il y a des frontières dans les sables du Sahara. Ces garnisons sont assez fortes en Algérie et très faibles parfois symboliques dans les pays voisins. Ces postes ne présentent pas de danger sérieux pour les terroristes. Jean-Paul Laborde a dit en répondant à la question « En quoi consiste la spécificité de la menace terroriste du 21ème siècle ? Je me permettrais une allégorie : les terroristes ont des « Ferrari » de course qui franchissent n'importe quelles frontières et espaces. Les structures fortes n'ont que des bicyclettes pour se rendre à la frontière et entrer en contact avec leurs collègues aussi bien équipés des pays voisins ». On comprend maintenant pourquoi l'Aqmi demeure invulnérable et terrorise toujours les pays de ces régions africaines.
