Le Danemark pourra se passer du charbon, du pétrole et du gaz è l'horizon de 2050. Les besoins du pays en énergie seront exclusivement satisfaits par le mobilisation des ressources renouvelables. Cette déclaration a été faite à la conférence internationale « Solutions climatiques mondiales » qui a clos ses travaux le 30 septembre à Copenhague. Les participants ont débattu des possibilités d'une croissance économique écologiquement sécurisée de la région, du développement des énergies propres et de l'utilisation des sources d'énergie renouvelables.
Les sceptiques affirment cependant qu'il s'agit là d'un vœu pieux. L'Occident qui a tourné au « vert » est en train de combattre ses propres complexes. Le désir de préserver l'environnement se heurte au refus de changer quoi que ce soit dans sa propre vie. La civilisation humaine et l'environnement constituent les vases communicants : si on sacrifie le niveau de vie, les ressources ainsi libérées retourneront dans la nature pour la revitaliser. Pourtant « le milliard doré », c'est comme ça qu'on appelle généralement les habitants des pays prospères, est à ce point égoïste qu'il perçoit même le problème de pollution de l'environnement à travers le prisme de son confort personnel. Si les problèmes de l'environnement n'étaient pas en prise directe sur la qualité de la vie, personne ne s'en préoccuperait.
Vers le début du 21ème siècle le mouvement des « verts » animé par une poignée de scientifiques partageant les mêmes valeurs, est devenu une nouvelle religion, la seule qui ne suscite une réaction hostile de la part des églises traditionnelles. Cette éco religion possède plusieurs « pasteurs » comme l'ancien ministre allemand des affaires étrangères Joseph Fisher ou l'ex-vice-président des États-Unis Albert Gore, de nombreux « ouailles » au sein des classes moyennes euro atlantiques, des « croisées » en la personne des militants de Greenpeace et autres organisation du même genre. La religion compte également ses hérétiques. Ces derniers pensent que les programmes de transition au biocarburant adoptés dans les pays développés ne tiennent pas compte des problèmes des membres les plus défavorisés de la communauté internationale.
En effet, le biocarburant utilise comme matière première les cultures céréalières et oléagineuses. Notamment la canne à sucre brésilienne convient le mieux pour la production d'éthanol. Le maïs américain vient en deuxième place. Au Canada et dans les pays de l'UE l'éthanol est fabriqué, entre autres, à partir de blé, de betterave sucrière, de vin et d'alcool. Le colza convient le mieux pour la production du bio fioul. La production du biocarburant a plus que triplé dans le monde depuis une dizaine d'années. C'est ainsi que la grande majorité des voitures fabriquées au Brésil sont équipées de moteurs conçus pour consommer l'éthanol. Trois millions de voitures consomment uniquement de l'éthanol et seize millions un mélange d'éthanol et d'essence. 12% des voitures américaines fonctionnent ou peuvent fonctionner sur combustible alternatif dont l'éthanol. Mieux encore, on y emploie largement ce qu'on appelle « gazole » ou l'essence contenant 10% d'alcool. Son emploi est admis pour tous les principaux fabricants de voitures sans reconversion du moteur. L'éthanol et le bio fioul permettent d'économiser les ressources non renouvelables. Cela signifie qu'on ne doit pas forcément réduire les déplacements en voiture individuelle ou lui préférer le vélo et que le niveau de vie reste stable.
Faisons maintenant quelques calculs. Selon les données officielles américaines, il faut environ 25 kilos de maïs pour produire neuf litres d'éthanol. Par conséquent, il faut à peu près 250 kilos de maïs pour remplir le réservoir d'une jeep. Cette quantité suffirait à nourrir un habitant du soi-disant « tiers monde » pendant un an et demi. Par conséquent, les voitures américaines et européennes brûlent les aliments qui suffiraient à nourrir un content entier.
800 millions de personnes, principalement en Afrique, souffrent aujourd'hui de sous-alimentation chronique et n'arrivent plus à satisfaire leurs besoin nutritifs les élémentaires. Environ 200 millions d'enfants présentent des affections aigues ou chroniques liées à la sous-alimentation et ce nombre s'accroît en périodes de carence alimentaire saisonnière, de sécheresses ou de troubles sociaux. Selon certaines estimations, la sous-alimentation serait à l'origine des décès de près de 13 millions d'enfants au-dessous de cinq ans emportés tous les ans par les maladies et les infections comme la rougeole, la diarrhée, le paludisme, la pneumonie ou leur combinaisons et cela malgré le fait qu'on sait parfaitement les soigner.
Les populations affamées n'ont rien à espérer. La production de la quasi-totalité des cultures agricoles est en chute et les prix montent en flèche. Les produits alimentaires deviennent de plus en plus déficitaires en raison notamment d'une production à grande échelle du biocarburant. Comme l'a déclaré il n'y a pas longtemps le leader cubain Fidel Castro environ 3 milliards de personnes risquent de se retrouver prochainement sans morceau de pain et mourir d'inanition pour la seule raison que les Américains pris au jeu de responsabilité écologique veulent passer au combustible propre au lieu de faire le plein d'essence et de fioul traditionnels.
Au nombre des critiques figure également l'organisation caritative britannique Oxfam. Selon ses experts, le fait de remplacer le combustible traditionnel par le biocarburant a précipité dans la misère plus de 30 millions de personnes. La politique environnementale des pays développés fait monter les prix des produits alimentaires ce qui frappe les plus pauvres. D'autre part, l'augmentation de la part du biocarburant ne permettra pas d'atteindre les objectifs annoncés et multipliera par 70 les émissions des gaz à effet de serre suite aux changements agrotechniques. Si le prix du combustible qu'on peut produire au départ d'une plante dépasse un jour celui de la plante elle-même, on ne produire plus que du combustible. De cette façon, les pays riches ne font qu'aggraver le problème du changement climatique en privant en même temps de nourriture des millions de personnes.
La production du biocarburant au départ des cultures céréalières ou oléagineuses nécessite des surfaces agricoles énormes et les quantités d'eau prohibitives destinées à leur arrosage. C'est précisément du gaspillage des terres à vocation agricole pour la bonne raison que la croissance incontrôlée du parc automobile fera tôt ou tard de toute la terre un champ géant de colza ou de maïs.
Pourtant, il existe une alternative au biocarburant extrait des plantes oléagineuses. Dans son interview à la Voix de la Russie le membre de l'Académie russe de sciences Ilya Moïsseïev propose de la charger sous l'eau. C'est la synthèse bactérienne. C'est ainsi que les cyanobactéries donnent naissance aux microalgues qui contiennent jusqu'à 80% des lipides, c'est-à-dire des graisses. Ce sont précisément les mêmes lipides que l'on retrouve dans le maïs ou le colza. Il est vrai que la production du carburant au départ de microalgues n'est pas chose simple. Mais ce n'est une question de technologies qui existent bel et bien. Il faut prendre une décision politique. Le cas échéant la politique prime l'économie parce qu'il est évident que le lobby de colza va livrer une lettre serrée.
De l'avis de Boris Froumkine, collaborateur de l'Institut de l'économie de l'Académie russe des sciences, on peut utiliser comme compromis le biocarburant fait des déchets des cultures agricoles comme paille ou des plantes dites « énergétiques » à croissance rapide, parfois génétiquement modifiés, occupant des sols pauvres etc. Mais il s'agit là d'une production coûteuse et complexe que peu de pays peuvent se permettre. De toute façon, même dans ce cas de figure, on aura besoin de terres libres qui se font de plus e plus rares.
Tout dépend des conditions concrètes, - a déclaré à la Voix de la Russie le directeur du programme du WWF « Climat et énergie » Alexei Kokorine. Par exemple, la superficie des terres russes à vocation agricoles à l'état d'abandon est évaluée à 60 millions d'hectares (imaginez une bande de terre de 60 sur 1000 km). Pourquoi ne pas utiliser ces terres qui se couvrent de sous-bois et dont la valeur écologique est aux environ de zéro pour la production du biocarburant relativement cher pour les citoyens aisés du moment qu'elles n'ont pas servi à nourrir les affamés?
Pourtant, les adeptes de l'éco religion en marche ne cessent de demander qu'on brûle dans les moteurs de voitures le blé précieux. « Le milliard doré » ne mourra pas de faim de toute façon. Les Britanniques jettent tous les ans à la poubelle environ 16 millions de tonnes de produits alimentaires de qualité et les Américains sacrifient environ la moitié de ce qu'ils achètent dans les supermarchés. Cela fait partie du mode de vie de la soi-disant « société de consommation ».
On peut disserter longtemps sur la nécessité du progrès. Mais le progrès est éthiquement inacceptable s'il s'obtient au prix de la dégradation du niveau de vie de la majorité. Certes, il est révolu le siècle du pétrole bon marché et accessible. Il ne reste donc qu'une solution : utiliser les voitures économiques et marcher à pied jusqu'à ce que le problème du « milliards des affamés » ne soit résolu au moins en partie.