Le monde est indigné par l'embargo russe sur les céréales

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Vendredi dernier, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a organisé une réunion extraordinaire pour discuter de la situation sur le marché mondial des céréales. Les prix montent en flèche et les experts craignent qu'ils atteignent leur niveau lors de la crise alimentaire mondiale de 2007-2008.

Vendredi dernier, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a organisé une réunion extraordinaire pour discuter de la situation sur le marché mondial des céréales. Les prix montent en flèche et les experts craignent qu'ils atteignent leur niveau lors de la crise alimentaire mondiale de 2007-2008. La Russie, l'Ukraine et le Kazakhstan, représentant le quart des livraisons mondiales de céréales, sont considérés comme les principaux responsables.

Lorsqu'il est devenu certain que la canicule anormale et la sècheresse allaient détruire une grande partie des récoltes en Russie et en Ukraine, les acteurs du marché de céréales se sont mis en attente, et se sont déchaînés après l'annonce des autorités russes le 15 août de l'embargo sur les exportations de céréales. À partir de mi-août, c'est-à-dire après l'instauration de l'embargo sur les exportations de céréales, le prix du blé a augmenté de près de 70% au taux annuel. Et l'augmentation n'a pas seulement touché les céréales fourragères, exportées par la Russie, mais les céréales alimentaires également. Le prix de production des exportateurs américains qui fournissent principalement des céréales alimentaires a en moyenne augmenté de 55% à cette période, atteignant jusqu'à 309 dollars la tonne.

Les pays-importateurs en développement seront, évidemment, les principales victimes de la hausse des prix. En cette saison, les achats de céréales coûteront au moins 8% de plus par rapport à l'année précédente. Pourquoi si peu, compte tenu de l'augmentation de 70%? C'est le caprice de la nature. Au moment où le Soleil brulait les plantations russes et ukrainiennes, les pluies abondantes ont contribué aux récoltes élevées des paysans en Afrique centrale et occidentale.

À la veille de la réunion, il était déjà prévu que la Russie fasse l'objet de critiques vigoureuses de la part des fonctionnaires de la FAO et des acteurs du marché des céréales en raison de l'instauration de l'embargo. La critique avait effectivement lieu d'être mais les participants à la réunion ont été contraints de reconnaître que la situation concernant les prix n'était pas aussi évidente et qu'il serait injuste de blâmer un seul exportateur, bien qu'il soit important. La FAO, encline à effrayer la communauté internationale par les prévisions dramatiques de la future crise alimentaire, a été contrainte de reconnaître cette fois que la situation concernant les réserves mondiales de céréales n'avait rien de dramatique.

Selon la déclaration de Jacques Diouf, le directeur général de l'organisation, le rapport global des réserves et de la consommation est bien plus important par rapport à la crise de 2007-2008, et les récoltes actuelles seront troisièmes dans l'histoire de par l'importance. Par ailleurs, la crise alimentaire datant de deux ans a clairement montré que le monde pouvait facilement s'adapter aux prix élevés sur les produits alimentaires, et que l'industrie agricole possédait une flexibilité suffisante pour répondre à la demande accrue et accélérer la production.

On a donc l'impression que la ‘’ panique céréalière ‘’ actuelle et la course des prix engendrée par cette dernière sont le résultat des jeux des négociateurs en céréales qui ont très vite compris comment tirer profit de cette situation.

C'est en partie la faute de la FAO, dont les rapports alarmants contribuent au maintien de la tension sur le marché alimentaire mondial. Selon les informations de l'organisation, sur 6 milliards de personnes sur la planète, près d'un milliard souffre et près de 24 millions de personnes meurent de faim chaque année. Et qu'en sera-t-il lorsqu'en 2075 la population de la Terre atteindra 9 milliards de personnes? Les alarmistes se tordent les bras : il sera impossible d'augmenter la production de céréales de 1,5 fois! Les producteurs de biocarburant font aussi l'objet de violentes critiques. Comment peut-on transformer la nourriture en carburant, tandis qu'un milliard de personnes souffrent de faim? En effet, les États-Unis à eux seuls utilisent 150 millions de tonnes de maïs pour produire du bioéthanol. Sans parler du biodiesel...

Cependant, les combattants de la faim substituent quelque peu les notions. Il n'existe pas de pénurie physique de céréales sur Terre, ni aucun obstacle technique à l'augmentation de la production en fonction des besoins. Il suffirait, par exemple, de réduire le programme de mise en jachère des surfaces emblavées en Europe et aux États-Unis (comme cela a été fait en pleine crise de 2007-2008). Selon Arkadi Zlotchevsky, le président de l'Union céréalière de Russie, la suppression du programme de mise en jachère des terres aux États-Unis permettrait au pays d'augmenter les récoltes de céréales de 100 millions de tonnes. La Fédération de Russie possède également un potentiel considérable : actuellement, seulement 48 millions d'hectares sont ensemencés sur les 121 millions d'hectares, dont dispose la Russie, selon les informations de Roszemkadastr (Agence fédérale russe du cadastre des objets de l'immobilier). M. Zlotchevsky est convaincu : augmenter l'offre de céréales de 1,5 fois en cas de besoin ne serait pas difficile. Mais qui achètera ces céréales, sachant que l'insolvabilité est le principal problème des pays souffrant de la faim?

On pourrait, bien sûr, comme le proposent les fonctionnaires de l'ONU, aider gratuitement ceux qui souffrent de la faim mais l'absence de la demande solvable tuerait rapidement tout intérêt à augmenter la production. Les experts agricoles font déjà remarquer que c’est la demande solvable limitée qui est l'obstacle principal au développement du secteur agricole. Ainsi, l'objectif prend une toute autre forme : le problème n’est pas de trouver la nourriture pour subvenir aux besoins des personnes souffrantes de la faim, mais il s’agit pour ces personnes de gagner de l'argent pour acheter cette nourriture.

Ce texte n'engage que la responsabilité de l'auteur

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