La Moldavie dans l'Union douanière?

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L'adhésion de la Moldavie à l'Union douanière (UD) de la Biélorussie, de la Russie et du Kazakhstan, semble, à première vue, être une idée aussi irréaliste que l'adhésion de ce pays à l'Union Européenne. Néanmoins, tel est l'objectif visé par Valeri Passat, nouveau leader du Parti humaniste de Moldavie, ancien ministre de la Défense et ancien directeur du Service d'information et de sécurité de Moldavie.

L'adhésion de la Moldavie à l'Union douanière (UD) de la Biélorussie, de la Russie et du Kazakhstan, semble, à première vue, être une idée aussi irréaliste que l'adhésion de ce pays à l'Union Européenne. Néanmoins, tel est l'objectif visé par Valeri Passat, nouveau leader du Parti humaniste de Moldavie, ancien ministre de la Défense et ancien directeur du Service d'information et de sécurité de Moldavie.

Certains experts estiment qu'il pourrait se présenter aux élections présidentielles car il représenterait le compromis qui mettrait fin à la lutte sans merci entre les communistes moldaves et l'Alliance pour l'intégration européenne (AIE). Bénéficiant du soutien de Vladimir, métropolite de Kichinev et de toute la Moldavie, Passat a l'intention de faire avancer l'idée de la création d'un semblant d'Union Européenne dans la CEI.

Mais à la lumière des événements récents dans le pays, de la crise politique prolongée et des divisions internes au sein de l'AIE qui a montré son impuissance, certains responsables politiques commencent déjà à repenser l'axe selon lequel le président par intérim Mihai Ghimpu prévoyait de diriger le pays, à savoir celui de l'intégration est-européenne. C’est par exemple le cas de Marian Lupu, le chef du Parti démocratique, qui a signé la semaine dernière un accord de coopération avec le parti Russie unie, ou encore de Vlad Filat, qui se prononçait auparavant en faveur de l'adhésion de la Moldavie à l'OTAN et qui parle aujourd'hui d’une union spirituelle avec la Russie. Il existe donc des prémisses.

Quels avantages la Moldavie pourrait-elle tirer de l'adhésion à l'Union douanière et quels sont les obstacles?

Commençons par le fait que la Russie, comme l'a déclaré cet été le Premier ministre russe Vladimir Poutine, est ouverte à l'adhésion d'autres pays à l'UD. Pour confirmer ses propos, le vice-Premier ministre Igor Chouvalov a directement déclaré que la Russie ne s'opposait pas à la participation de la Moldavie aux projets élaborés dans le cadre de l'Union douanière.

" Il est clair que la proposition avait un caractère stratégique et pragmatiquement défini. De par sa position géographique, la Moldavie pourrait devenir un vrai maillon entre les pays-membres de l'UD et les pays-membres de l'UE dans les Balkans ", affirme Iouri Lariouchine, docteur en sciences économiques et politologue moldave.

Ce serait également profitable à la Moldavie. Un marché immense pourrait s'ouvrir pour ce pays qui cesserait d'être constamment confronté aux barrières douanières et divers vetos et qui rétablirait les relations traditionnelles d'import et d'export avec les pays de la CEI, dont le rôle dans l'économie de la Moldavie ne fait que croître.

Ainsi, conformément à l'étude du Bureau national des statistiques moldave, au premier semestre 2010, les exportations vers les pays de la CEI ont augmenté de 14,85% par rapport à la même période de 2009, tandis que les exportations vers l’Union Européenne ont baissé de 3,16%.

" La participation de la Moldavie à l'Union douanière renforcerait sans doute le processus d'intégration entre la république et la CEI dans son ensemble. Il s'agit des relations commerciales entre les Etats, du renforcement des flux d'investissement mutuels, des projets d'affaires communs. Beaucoup de questions techniques qui accompagnent inévitablement les relations économiques interétatiques, à savoir la fiscalité, les taxes douanières, les taxes d'accise, les formalités administratives, seraient considérablement simplifiées ", estime Lariouchine.

Par ailleurs, il existe également d'autres obstacles. Le plus évident est l'obstacle géographique. La Moldavie n'a pas de frontières communes avec les pays de l'Union douanière, il est donc impossible d'en parler sérieusement avant l'adhésion de l'Ukraine. Et cela sera probablement le premier et le dernier obstacle pour la Moldavie. Selon la déclaration d'Irina Akimova, chef adjointe de l'administration présidentielle ukrainienne, il est hors de question que l'Ukraine adhère à l'UD car cela contredit directement et rendrait très complexe la participation du pays à l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Et il ne faut pas oublier la Transnistrie qui, à son tour, sépare géographiquement la Moldavie de l'Ukraine. Les négociations entre Kichinev et Tiraspol pourraient être traditionnellement prolongées pour une durée indéterminée.

La Moldavie est membre de l'OMC depuis 2001 mais, selon Lioudmila Fokina, chercheur au Centre d'études comparatives de l'Institut économique de l'Académie des sciences de Russie, théoriquement, la participation à l'OMC " ne fait aucunement obstacle à l'adhésion de la Moldavie à l'union douanière ".

Sergueï Tkatchouk, porte-parole de la commission de l'Union douanière, parle également de la participation de la Moldavie à deux unions à la fois : " Tous les États, les membres à part entière de l'UD, ont adopté une approche des négociations et ont opté pour une position solidaire. Ils adhéreront à l'OMC conformément à cette dernière ".

Donc, en l’occurrence, c’est de la volonté politique des autorités ukrainiennes que tout dépend. Mais cette affirmation s'applique également aux autorités moldaves au pouvoir.

Récemment, Valeriu Lazăr, le ministre de l'Économie moldave, a confirmé cette thèse, en déclarant que la Moldavie n'avait pas l'intention d'adhérer à l'Union douanière. Il l'a expliqué par le fait que le pays n'était pas prêt à l'intégration politique inévitable, selon lui, dans le cadre de l'UD.

La Moldavie risque-t-elle d'adhérer à l'Union douanière? D'un point de vue optimiste, la Moldavie a choisi une voie juste mais complexe, et fait pour le moment preuve de prudence, elle temporise.

Prochainement, la situation politique pourrait probablement changer et le pays pourrait résolument choisir la voie de l'intégration est-européenne. Le plus important est de ne pas " laisser le train filer ".

Un pessimiste pourrait objecter que la Moldavie ne pourrait jamais adhérer à l'UD en raison des problèmes complexes qu'il serait nécessaire de résoudre, la où peu de choses dépendent d'elle. Les réalistes, s'appuyant sur les faits, trouveront eux-mêmes la réponse.



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