L'attaque est la meilleure forme de la défense. Un scandale est le meilleur moyen d'attirer l'attention des media. En se servant de ces deux règles Ahmadinejad atteint toujours son but.
De la tribune onusienne Ahmadinejad accuse les Etats-Unis d'avoir eux-mêmes orchestré les événements du 11 septembre. Bien entendu, les Américains ne voient d'autre choix que de quitter la salle de la conférence avec un air indigné. Pourtant, Ahmadinejad n'a fait qu'appliquer simultanément deux principes de médiatisation.
Le mystère du 11 septembre est le secret du siècle qui va engendrer nombreuses discussions pendant au moins les cent ans à venir. La vérité ne va probablement jamais surgir à la surface, ce qui est d'ailleurs peut-être bien. La version officielle de Washington, quelle que soit sa véridicité, convient à tout le monde. Cette version est déjà devenue un nouvel "axe de coordonnées" dans la "matrice" informationnelle dans laquelle existe l'humanité. Si cette ossature idéologique tombe, s'il s'avère par exemple que ce n'est pas al-Qaïda mais les Etats-Unis qui ont orchestré le 11 septembre, alors qu'est-ce qu'il y aura de bien? Pour le monde civilisé ce sera une tragédie.
Ainsi, on voit que la révision de la version officielle n'est intéressante qu'aux "voyous" (selon la terminologie de Washington), c'est-à-dire aux révoltés rêvant de changer l'ordre du monde. Donc à ceux comme Ahmadinejad.
Notons quels points sensibles pour la civilisation occidentale choisit le président iranien pour lancer son attaque. Il préfère mettre en question le fait d'holocauste comprenant bien quelle réaction cela doit provoquer en Occident. Mais la colère de l'Occident va bien au-delà d'une simple indignation pour les Juifs et s'explique par l'envie de défendre son système de valeurs. Nombreux principes de la civilisation occidentale ont été conçus sur la base de l'expérience d'holocauste et ils ont à leur base l'envie de prévenir la répétition de cette expérience.
Voilà pourquoi Ahmadinejad se rend bien compte de ce qu'il fait en déclarant que l'holocauste n'a jamais existé et que les attentats du 11 septembre ont été organisés par les Etats-Unis. C'est la guerre. Pour l'instant, une guerre d'idées et d'idéologies. Mais dans la fougue de débats il y a du risque de franchir la limite où commence la vraie guerre. Peut-être, Ahmadinejad, se sent-il sûr qu'il ne franchira pas cette limite. Saddam Hussein l'a été aussi.