La réunification de l'Allemagne a vingt ans. Au cours de cette période le pays a fait un chemin difficile. Il fallait aux gens des deux parties de l'Allemagne d'apprendre à vivre ensemble, d'intégrer leurs économies différentes au sein d'un seul pays.
Le 12 septembre 1990, six ministres des Affaires étrangères ont signé à Moscou le "Traité portant règlement définitif concernant l'Allemagne". Le traité a mis fin aux droits et responsabilités relatifs à Berlin et à l'Allemagne des quatre puissances vainqueurs, la Russie, les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni.
La réunification de l'Allemagne n'aurait pas pu avoir lieu sans la volonté politique de l'Union soviétique. Son premier et seul président, Mikhaïl Gorbatchev avait alors commencé des réformes économiques et sociales qui ont reçu dans le monde entier le nom de "pérestroïka". L'économie de l'URSS était alors délabrée et les milliards allemands aidaient le pays à tenir le coup. Cela n'a tout de même pas empêché à l'Union soviétique de disparaître, quelques années plus tard.
En proie à des difficultés économiques de la période de transition, l'Allemagne aidait, néanmoins, dans la mesure du possible, la nouvelle Russie. Les relations de bon voisinage se sont évoluées en partenariat stratégique. Aujourd'hui, comme il y a 20 ans, la coopération se base sur le pragmatisme, a noté dans une interview à la Voix de la Russie le chef du Centre des études politiques de l'Institut de l'économie auprès de l'Académie des sciences de la Russie, Boris Chmelev.
"L'Allemagne est un Etat puissant, le moteur du développement économique de l'Europe, la colonne vertébrale de l'Union européenne. La Russie le prend en compte. Pour la Russie la coopération avec l'Allemagne est d'une grande importance en raison de la nécessité de la modernisation de son économie et du point de vue des perspectives de son développement socio-économique et des perspectives de sa position en Europe. Sans des relations russo-allemandes stables il est difficile de parler d'une position stable de la Russie et de l'Europe. Voilà la logique de cet espace géopolitique", explique Boris Chmelev.
Boris Chmelev estime que la réunification de l'Allemagne n'a apporté rien de mauvais à la Russie. Même l'expansion de l'OTAN à l'Est, selon B. Chmelev, ne dépendait pas de l'Allemagne, n'était pas véhiculé par Berlin. L'adjoint au directeur du Centre des technologies politiques, Alexeï Makarkin pense aussi que le fait que l'Allemagne soit membre de l'Alliance ne représente pas de menace à la Russie.
"Bien au contraire, l'Allemagne a été un des pays qui ont interdit l'intégration à l'OTAN de la Géorgie et de l'Ukraine. Et ce, malgré les intérêts de l'administration républicaine des Etats-Unis", dit Alexeï Makarkin.
Les experts ont noté que l'Allemagne retient actuellement la position d'offensive américaine au sein de l'OTAN. Ainsi, la Russie a un allié puissant et influent sur le continent européen. Des relations entre la Russie et l'Allemagne dépendent aujourd'hui en Europe l'architecture de sécurité et l'état de l'économie. Les projets russo-allemands ont de l'envergure et des perspectives, il suffit de rappeler le gazoduc Nord Stream. La Russie compte aussi sur le capital allemand dans la modernisation de son économie.
Signé il y a 20 ans, le Traité de Moscou a ouvert la voie de la réunification de l'Allemagne. Il a marqué un jalon de l'histoire mondiale et montré la capacité des pays à trouver les solutions des problèmes internationaux les plus difficiles.
