Aujourd'hui, les membres du club international de discussion Valdaï qui réunit les spécialistes étrangers de la Russie les plus compétents, rencontrent le premier ministre Vladimir Poutine. Ce matin, ils ont rencontré Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères.
Les participants à la réunion avec Sergueï Lavrov ont noté la volonté du ministre russe d'aborder n'importe quel sujet. « La volonté de la Russie d'améliorer ses relations avec la Pologne me paraît évidente », a fait remarquer Leszeck Miller, membre du club et ancien premier ministre polonais. "Cette volonté est partagée par Varsovie. Le ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski, qui n'avait pas la réputation de faire des déclarations positives concernant la Russie, a quelque peu changé d'attitude après le « redémarrage » des relations russo-américaines sur l'initiative de Barack Obama, ainsi que suite à la tragédie de Smolensk. Je regarde donc l'avenir avec optimisme ».Il faut noter que selon le sondage anonyme de l'Indice de Valdaï, où les membres russes et étrangers ont été interrogés sur les changements survenus en Russie l'an passé, 74% des interrogés ont noté « l'amélioration » de l'activité diplomatique de la Russie.
Toutefois, les membres n'ont pas été seulement intéressés par la politique étrangère.
Avant de rencontrer le premier ministre Vladimir Poutine, ils ont eu le temps de visiter la province russe, les villes anciennes sur les rives des lacs Onega et Ladoga, la légendaire île Kiji, le monastère de la Sainte-Trinité fondé par le saint de la région de Saint-Pétersbourg, Alexandre Svirsk. Lors de la croisière à bord du navire Kronstadt, les membres américains, britanniques, français, chinois, polonais et d'autres pays ont eu le temps de prendre connaissance de toutes les opinions sur le développement contemporain de la Russie et son histoire.
Selon la tradition, les politiques et les experts de l'opposition participent également aux réunions du club. « J'ai remarqué que les critiques sans concession de la situation en Russie ne sont pas formulées par les étrangers mais par l'opposition russe, estime Pierre Smoliar, journaliste au quotidien français Le Monde. J'ai été agréablement surpris par le niveau de pluralisme dans nos débats ».
Le thème de la septième réunion du club Valdaï concernait l'histoire de la Russie et son influence sur le développement actuel du pays. Les membres du club ont décidé d'aborder ce thème du point de vue contemporain – à savoir comment la modernisation se déroulait en Russie auparavant et ce qu'il convient de faire pour assurer le succès de la modernisation actuelle? Les membres russes et étrangers ont distingué dans l'histoire de la Russie trois exemples de modernisations complètes : les réformes de Pierre I du XVIIe-XVIIIe siècles, l'abolition du servage sous Alexandre II, ainsi que l'industrialisation menée par Staline lors des premiers plans quinquennaux. La discussion principale lors de la réunion tournait autour de ces trois périodes historiques du plus haut intérêt et des leçons tirées au profit de la Russie actuelle.
Sergueï Alexachenko, ancien vice-président de la banque centrale de Russie, a fait remarquer que les trois modernisations précitées ont été accompagnées par la participation active des ressources intellectuelles étrangères et par la réforme des institutions. Même dans la Russie stalinienne, la plus haute autorité du parti avait adopté une résolution spécifique sur l'envoi de spécialistes en formation à l'étranger, les services de renseignement travaillaient activement pour la transmission à la Russie des connaissances scientifiques et des technologies mondiales. Par ailleurs, la Russie contemporaine éprouve certaines difficultés à attirer le savoir-faire occidental, en raison de la concurrence féroce dans le monde pour les détenteurs, peu nombreux, de connaissances "progressistes". Les membres russes et étrangers sont tombés d'accord sur le fait que pour rendre la Russie attirante pour les jeunes spécialistes (en premier lieu pour les jeunes professionnels russes), les revenus élevés et les équipements dernier cri ne suffisent pas. Il est nécessaire de mettre en place un système politique moderne et de réformer les institutions. Et les membres du club estiment que dans ce domaine la Russie contemporaine est confrontée à de réels problèmes.
Évidemment, ces problèmes ont une origine historique lointaine, et ce sujet a été largement abordé à bord du Kronstadt. C'est la tradition puissante d'absolutisme et le fait que les trois modernisations de l'histoire de la Russie mentionnées ci-dessus ont été des modernisations « par le haut ». Elles ont toutes été initiées par l'État et non pas par la population. L'idéologie russe du XIX siècle et même de la majeure partie du XX siècle pourrait être résumée par la citation du libéral Alexandre II : « Seules les autorités peuvent initier les réformes en Russie ». Toutefois, la nouvelle époque nécessite la participation de la population. « Les Russes doivent cesser de vivre dans les tranchées, même s'ils l'ont fait pendant des siècles », a déclaré lors d'une interview le professeur à Harvard Richard Pipes, célèbre spécialiste américain de l'histoire russe. Mais depuis 1957, lorsque je suis arrivé pour la première fois en URSS, les changements sont considérables. Il est intéressant de noter que lors des réunions du club Valdaï, les Russes sont ceux qui craignent le moins de critiquer la vie actuelle. Les étrangers font preuve d'une meilleure compréhension de vos difficultés ».
Valentina Matvienko, gouverneure de Saint-Pétersbourg, qui a rencontré les visiteurs étrangers à Smolny lors de l'arrivée du navire à Saint-Pétersbourg, a expliqué de quelle manière les autorités tentent de coopérer avec la population. Selon Mme Matvienko, la décision définitive concernant la construction de « la dominante architecturale » (la gouverneure qualifie ainsi le gratte-ciel du complexe d'affaires Okhta-Centre en construction avec la participation de Gazprom) sera prise conformément aux exigences de l'opinion publique. Valentina Matvienko a toutefois fait remarquer que le nombre actuel de partisans de « la dominante architecturale », parmi les artistes distingués et les spécialistes, dépassait le nombre d'opposants au projet.
« Dans l'ensemble j'ai une impression positive de ce que je peux voir dans mon pays étranger préféré, la Russie, a déclaré Adam Mikhnik, le rédacteur en chef du journal Gazeta Wyborcza, qui participe pour la première fois aux réunions du club. Bien que parfois le ton de l'autorité prédomine, surtout lorsqu'il s'agit des projets favoris des autorités ou des anciennes républiques de l'URSS. J'admets que le président Saakachvili soit un malheur pour la Géorgie et j'en ai parlé à plusieurs reprises dans mon journal. Mais il convient de s'adresser à la Géorgie et aux autres pays indépendants avec respect, et les autorités russes devraient s'en souvenir ».
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