« Al Quaida au Maghreb islamique » a bien gagné sur les otages espagnols

« Al Quaida au Maghreb islamique » a bien gagné sur les otages espagnols
« Al Quaida au Maghreb islamique » a bien gagné sur les otages espagnols - Sputnik Afrique
S'abonner
Mardi le 24 août l'avion des forces aériennes espagnoles a amené à Barcelone les deux otages espagnols Albert Vilalta et Roque Pascual, libérés la veille.


Mardi le 24 août l'avion des forces aériennes espagnoles a amené à Barcelone les deux otages espagnols Albert Vilalta et Roque Pascual, libérés la veille. Le 29 septembre 2009, les deux hommes et une autre employée de l'organisation humanitaire espagnole « Barcelona-Accio Solidario » Alicia Gamez, avaient été enlevés en Mauritanie par l'organisation terroriste « Al Qaida au Maghreb islamique » (AQMI), puis transférés dans un des camps dans le nord du Mali. Alicia Gamez était relâchée en mars dernier car elle « a choisi la bonne voie » en se convertissant en islam. La rançon de 7 ou 10 millions de dollars était versée en échange de la libération des deux otages...

Notre commentateur Alexeï Grishine explique ce grand écart dans le montant de la rançon par le silence gardé par le gouvernement de José Luis Zapatero. Quant aux médias espagnols, leurs sources sont hétéroclites. Mais personne ne doutent pas qu'il s'agit des millions. La presse affirme qu'au moins trois millions de dollars étaient versés aux intermédiaires ayant organisé les négociations et les rencontres avec des personnes nécessaires. De toutes les façons, les ravisseurs ont reçu beaucoup d'argent. En outre, ils ont réussi à satisfaire leur autre exigence - extrader de la Mauritanie vers le Mali la personne ayant organisé l'enlèvement, ressortissant malien Omar Sid'Ahmed Ould Hamma alias « Omar le Sahraoui ». Condamné par la justice mauritanienne à 12 ans de prison ferme et travaux forcés pour le kidnapping, « Omar le Sahraoui » a été escorté de Nouakchott à Bamako où il a été libéré le même jour. On explique difficilement toute cette histoire mais on peut en déduire que les autorités maliennes ne veulent pas entrer en confrontation avec les terroristes contrôlant depuis longtemps et presque ouvertement le nord du pays. Le quasi libre passage des territoires déserts du Sahel africain - du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Burkina-Faso - montre que les bandes de l'AQMI s'y sentent bien à l'aise. Le marché conclu avec les Espagnols et des millions reçus en guise de rançon ont démontré qui était le vrai maître du Sahara. D'ailleurs, Albert Vilalta et Roque Pascual ont raconté aux journalistes d'avoir été passablement bien traités. Ce n'est qu'une fois qu'ils ont vu changer l'attitude de leurs ravisseurs. C'était après le 22 juillet lorsque les forces armées mauritaniennes soutenues par la France, ont attaqué une base terroriste au nord du Mali et ont tué sept personnes. « J'ai eu du mal à convaincre les islamistes de ce que l'Espagne n'avait rien à voir dans cette attaque et qu'elle avait condamné les agissements de la France » a raconté au quotidien « El País » Moustapha Chafi, intermédiaire burkinabé dans les négociations avec les terroristes. « C'était le moment où l'on a cru qu'ils allaient les tuer et que ces longues mois d'efforts seraient vains » a-t-il confié.

D'après notre commentateur, on suppose que ce soit la menace d'exécuter ses ressortissants intervenue après l'opération des forces mauritaniennes et françaises contre la base terroriste, qui a poussé l'Espagne à céder aux exigences des ravisseurs. Une certaine discorde a été ainsi semée entre Madrid et Paris. C'est à ce qu'a fait illusion le président français le 25 août, le lendemain de la libération des otages espagnoles, lors de la Conférence des Ambassadeurs à l'Elysée. Voici les fragments de son allocution :

Il est à noter que la version officielle de l'allocution présidentielle ne mentionne aucunement l'Espagne mais c'est à cette dernière que Nicolas Sarkozy fait illusion en parlant de l'inadmissibilité de marchander avec les terroristes. Le président français est convaincu que la libération d'otages en échange d'une rançon ne résout pas le problème. Au contraire, cela ne fait qu'encourager les terroristes à enlever des personnes dans le but de recevoir de l'argent ou de libérer leurs frères d'armes. En exprimant sa satisfaction face à la libération des otages espagnols, Bernard Valero, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a cependant refusé tout commentaire quant à la déclaration des terroristes qui ont qualifié leur transaction avec Madrid de « leçon adressée aux services secrets français ». Selon AQMI, les services secrets français « avaient aussi la possibilité d'éviter la folie et la colère qui ont conduit à la mort de leur citoyens » Le dernier en date est Michel Germaneau âge de 78 ans qui a été décapité le 25 juillet, comme le déclarent les terroristes. Les autorités et la presse de l'Algérie, pays aguerri dans la lutte contre les islamistes radicaux, refusent catégoriquement toute négociation avec les terroristes quant à une rançon ou un échange d'otages contre les membres emprisonnés d'AQMI. « Dans ce marché, seule l'Algérie n'y trouve pas son compte » estime « Le Temps », car l'argent de la rançon « servira à l'achat d'armement pour les foyers d'AQMI dans le nord du pays ». Le marché réussi aura probablement un autre avantage pour AQMI : l'affaiblissement du front uni contre les terroristes au Maghreb et au Sahel qui a peine vu le jour. Selon la presse algérienne, la coopération régionale pour lutter contre le terrorisme est remise en cause. « Quel sera l'avenir du comité d'état-major opérationnel conjoint entre l'Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie installé à Tamanrasset (grand sud algérien, ndlr) dans le cadre de la lutte contre AQMI au Sahel ? » s'interroge le quotidien « Liberté ». Répondre à cette question paraît difficile, au moins pour le moment.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала