Le prolongement de la présence de la base militaire russe en Arménie n'inquiète pas l'Azerbaïdjan qui est pourtant étonné par la position de la communauté internationale et la violation de certaines normes internationales par Moscou, a déclaré jeudi Novrouz Mamedov, responsable de l'appareil du président azerbaïdjanais.
"Nous suivons attentivement les événements dans la région et sur la scène internationale, nous les analysons. Je considère que le protocole arméno-russe du 20 août [prorogeant l'accord sur la base russe à Gioumri jusqu'à 2044] ne sera pas une source d'inquiétude majeure pour l'Azerbaïdjan" (en conflit avec l'Arménie pour le contrôle de l'enclave du Haut Karabakh-ndlr.), a indiqué M.Mamedov, chef du département des relations internationales à l'appareil du président, à l'agence azerbaïdjanaise APA.
"Dans le même temps, plusieurs aspects de la situation nous étonnent. Premièrement, la communauté internationale n'a pas adopté de position claire à ce sujet. Le représentant du Département d'Etat américain a déclaré qu'il s'agit de la coopération entre les deux pays. Nous le comprenons aussi et nous n'allons pas nous y ingérer", a poursuivi le responsable.
"Deuxièmement, la Russie, qui se déclare pays neutre, participe au règlement du conflit [du Haut-Karabakh] en tant que membre du Groupe de Minsk de l'OSCE. Mais il est difficile de rester un médiateur objectif tout en faisant de telles déclarations et en accordant une telle assistance [à une partie en conflit]. C'est la question principale", a conclu M.Mamedov.
La 102e base militaire russe est déployée en Arménie, aux environs de la ville de Gyumri, dans le cadre du système DCA unifié de la Communauté des Etats indépendants (CEI). Forte d'environ 5.000 hommes, la base de Gyumri est dotée de systèmes antiaériens S-300 et de chasseurs MiG-29. Le protocole prolongeant la présence de base russe en Arménie prévoit également l'élargissement de la zone de responsabilité des militaires russes.
Le conflit du Haut-Karabakh a éclaté en février 1988, lorsque cette région autonome principalement peuplée d'Arméniens a annoncé son intention de se séparer de l'Azerbaïdjan. En septembre 1991, les autorités régionales ont proclamé la création de la République du Haut-Karabakh. En réponse, Bakou a annulé l'autonomie de la région, déclenchant des hostilités entre l'armée azerbaïdjanaise et les formations arméniennes du Haut-Karabakh soutenues par Erevan et par la diaspora arménienne. Une trêve entre les belligérants est entrée en vigueur le 12 mai 1994. Des négociations sur le règlement pacifique du conflit sont menées depuis 1992 dans le cadre du Groupe de Minsk de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) coprésidé par les Etats-Unis, la France et la Russie.