Boire au volant en Europe

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La Russie est loin d’être le seul pays à « serrer la vis » dans sa politique contre la consommation d’alcool sur ses routes interminables et mal pavées. Des changements considérables semblent également apparaître à l’horizon dans le cadre des restrictions d’alcool en Europe.

La Russie est loin d’être le seul pays à " serrer la vis " dans sa politique contre la consommation d’alcool sur ses routes interminables et mal pavées. Des changements considérables semblent également apparaître à l’horizon dans le cadre des restrictions d’alcool en Europe. Le dernier bastion de libéralisme en matière d’alcool au volant, la Grande-Bretagne s’apprête finalement à réexaminer sa politique envers les adeptes de la boisson au volant. Jusqu’à présent, le Royaume-Uni conservait la plus haute limite en Europe d’alcool dans le sang pour les conducteurs, 0,08% BAC (mesure européenne de concentration d’alcool dans le sang en milligrammes pour 100 millilitres, environ 0,8 ppm).

La commission spéciale du gouvernement, qui a d’ailleurs commencé son travail sous les travaillistes, a recommandé au nouveau cabinet conservateur et libéral d’abaisser ce niveau à 0,5 ppm, le niveau moyen en vigueur en Europe.

Cette limite a été adoptée dans tous les " pays principaux de vin et de bière " européens : en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, au Portugal et en Grèce. Au total, près de 40 pays dans le monde maintiennent la limite d’alcool à 0,5 ppm. On est sans difficulté en dessous après une chope de bière, un verre de vin ou une dose d’alcool fort. En Union Européenne et en Europe, les Belges, les Tchèques, les Hongrois, les Roumains, les Slovaques, les Estoniens, les Norvégiens, les Polonais, les Suédois, les Albanais et les Russes aussi, après une courte expérience d’indulgence, ainsi que, par exemple, les Albanais et les Estoniens, soient restent sobres au volant, soient ne dépassent pas la limite de 0,1-0,2 ppm. C’est une bonne chose, apparemment, compte tenu du caractère irréfragable national.

Si (et seulement si) les Britanniques restreignaient " les prestations d’alcool ", l’Irlande et la Nouvelle Zélande, avec les mêmes restrictions, les suivraient certainement. L’Australie a déjà adopté les normes européennes. Les États-Unis maintiennent leur taux à 0,8 ppm mais il y est interdit de vendre de l’alcool aux personnes de moins de 21 ans.

L’Albion alcoolisé n’avait pas connu d’études aussi concrètes émanant de la commission gouvernementale depuis 34 ans. En Europe, les Britanniques (les Irlandais, les Écossais, les Gallois et les Anglais) ont la réputation d’être de fervents alcooliques et voyous et confirment régulièrement cette réputation lors des matchs de football et des championnats.

À en croire la commission gouvernementale, la réduction du taux d’alcoolémie admissible permettrait d’éviter jusqu’à 200 morts par an sur les routes britanniques. Ici, à l’honneur des Britanniques, il faut dire qu’ils sont loin d’être les pires violateurs des restrictions d’alcool en Europe. Depuis longtemps, les Italiens tiennent fermement la première place dans cette " discipline ". En 2008 (selon les dernières statistiques du réseau européen pour les services de police (TISPOL) ou European Traffic Police Network) 4 700 décès y ont été enregistrés sur les routes (pour une population de 58 millions d’habitants), dont près de 60% sont d’une manière ou d’une autre liés à l’alcool. En Grande-Bretagne, ce nombre n’atteint que 2 500 pour une population plus nombreuse (61 millions) et avec un nombre plus élevé de véhicules par personne. Il semblerait donc que le résultat élevé est imputable au " sang chaud " des fils et des filles de la péninsule des Apennins.

Par ailleurs, en Italie, en essayant de peser ses mots, " s’est formée " une offensive en faveur des restrictions d’alcoolémie, mais d’une manière totalement inattendue. Depuis août 2010, l’Italie vit selon les nouvelles normes du code de la route. Les modifications qui ont été apportées visaient principalement la réduction de la mortalité sur les routes en réduisant la limite du taux d’alcoolémie dans le sang. Pour les personnes âgées de moins de 21 ans cette limite constitue aujourd’hui 0,0 ppm (pour les adultes la norme est restée à 0,5 ppm). Dorénavant, aucun jeune Italien ne se verra délivrer son permis de conduire avant de passer un test de dépistage de stupéfiants.

Tout cela serait formidable, ne serait-ce l’alinéa 2 du paragraphe 54 du nouveau code de la route. Il stipule que " toute concession de plage " (il est question ici des cafés, des bars et des restaurants) a le droit d’organiser des danses de plages et des soirées avec des boissons alcoolisées 7 jours sur 7. Jusqu’à présent seulement deux jours étaient destinés à ce genre de " bringue ". Les propriétaires des stations balnéaires coûteuses ou moyennes du pays ont été effrayés par cette " innovation ". 90% de toute l’Italie se rendent à la plage en véhicule ou en scooters. D’après la déclaration du maire de la riche ville balnéaire de Forte dei Marmi (les Russes fortunés estiment depuis longtemps qu’ils y sont " chez eux "), le calme des plages touche à sa fin : tout le monde, y compris les amateurs de boisson, vont occuper les plages pour côtoyer les personnes riches et aisées. Heureusement pour eux, le service quotidien d’alcool sur les plages a été autorisé.

C’est le député du parti de droite de la Ligue du Nord Gianluca Pini qui est à l’origine de ce changement. Son département comprend Rimini et les plages de la côte Adriatique, bon marché et accessibles (qui sont également très convoitées par les Russes mais avec des moyens plus modérés). La modification de la loi est comme une manne tombée du ciel pour cette région. Au départ cela partait donc d’une bonne intention. Mais il est impossible en Italie de se passer de ne serait-ce que d’une " pincée " de corruption.

Quant aux Britanniques, en plus des nouvelles délimitations des restrictions d’alcool au volant, ils parlent également de manière très sérieuse d’un autre aspect de leurs malheurs liés à l’alcool. Il s’agit de la hausse de la " beuverie excessive " ou " binge-drinking ". Mais, par pitié, évitons de comparer l’ " alcoolisme " britannique avec celui des Russes. Dieu nous en préserve ! Les Anglo-Saxons (les Britanniques et les Américains) sous-entendent par " beuverie excessive " l’excès régulier de consommation du nombre de verres de " boisson standard " (44 grammes de vodka ou de whisky, 355 grammes de bière ou 150 de vin) en deux heures par les adultes : plus de cinq pour les messieurs et plus de quatre pour les dames aux États-Unis. En Grande-Bretagne, cela représente le dépassement quotidien de la double norme d’alcool, autrement dit plus de 8 pintes de bière (de verres de vin, de vodka ou de whisky) pour un homme et plus de six pour une femme.

Depuis la suppression par les travaillistes en 2005 de la restriction horaire de la vente d’alcool (jusque là, en plus des clubs, les boissons alcoolisées étaient vendues entre 10h du matin et 11h du soir), le nombre de crimes en état d’ébriété a pratiquement doublé dans le pays. Une fois de plus, cela partait d’une bonne intention. L’idée consistait à adopter le système continental, pour qu’un simple Anglais reste plus longtemps dans le pub, boive plus lentement, sans " charger " en raison de la fermeture des bars et initier par la suite des bagarres ou des rixes. Ils ont encore oublié de tenir compte du caractère national. Aujourd’hui, au lieu de boire jusqu’à 23h00, on le fait jusqu’à, disons, 3h-4h en triple quantité et avec des conséquences triplement catastrophiques.

Aujourd’hui, les Anglais estiment sérieusement qu’il faut introduire des prix minimaux pour les boissons alcoolisées (un minimum de 0,5 livres sterling pour une unité d’alcool). Avec une politique pareille, la bière la moins chère reviendra à 1,14 livres sterling (67 roubles), le demi-litre de vodka à 13,2 livres (952 roubles) et la bouteille d’un vin ordinaire à 4,5 livres (215 roubles). On espère ainsi que les jeunes et les démunis en achèteront moins. Il est proposé de doubler l’amende pour la vente d’une boisson alcoolisée aux mineurs (moins de 18 ans) de 10 000 à 20 000 livres sterling (près de 952 000 roubles), avec confiscation du permis de vente en cas de récidive. En Grande-Bretagne, selon les statistiques de l’Union Européenne et de l’ONU, le taux d’alcoolisme chez les moins de 18 ans s’avère être le plus élevé parmi tous les pays développés du monde industriel.

Un simple fait témoigne de la situation malsaine quant à l’alcool en Grande-Bretagne. Jusqu’à présent la délivrance des licences de vente de toutes les boissons alcoolisées (les permis de vente délivrés aux pubs, aux cafés, aux restaurants, aux magasins et aux bars dans les transports) demeure sous la juridiction du ministère de la Culture, des Médias et du Sport. La nouvelle ministre britannique de l’Intérieur Theresa May insiste pour le placement de ces fonctions sous la responsabilité du ministère de l’Intérieur. La vente d’alcool, affirme-t-elle, devrait être portée au niveau de la législation et du maintien de l’ordre, pas seulement à celui de la santé.

 

Ce texte n’engage que la responsabilité de l’auteur.

 

 

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