Les Roms ont pris l'avion pour quitter la France

Les Roms ont pris l'avion pour quitter la France
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Jeudi, le 19 août, un avion avec 93 Roms a décollé de l'un des aéroports français de province en les reconduisant à destination de la Roumanie sur la décision du ministère français de l'intérieur.

 

Jeudi, le 19 août, un avion avec 93 Roms a décollé de l'un des aéroports français de province en les reconduisant à destination de la Roumanie sur la décision du ministère français de l'intérieur. D'après le ministre français de l'Immigration, Eric Besson, depuis le début de l'année c'est le 25ème vol pour la Roumanie et la Bulgarie. Le 20 août, encore 131 Roms embarqueront sur le 26ème vol à destination de Timişoara en Roumanie. Enfin, le 26 août le troisième avion avec des gens du voyage décollera de l'aéroport Roissy Charles de Gaulles pour prendre le cap sur Bucarest. Le ministère de l'intérieur promet de mettre son plan en œuvre avant la fin d'août et de reconduire plus de 700 personnes vers leurs pays d'origine, la plupart à destination de la Roumanie, d'autres - de la Bulgarie...

 « Chacune des personnes éloignées a fait l'objet d'un examen individuel quant aux conditions de son séjour en France », a-t-on assuré au ministère de l'Intérieur en disant qu'il ne s'agissait pas d'une opération policière mais d'un retour volontaire au pays. Chacune de ces 700 personnes a un billet d'avion et elles ne quittent pas la France les mains vides : chaque adulte recevra trois cent euros et chaque enfant - cent euros. Bref, tout semble se dérouler dans les normes sauf que le retour au pays n'enchante pas tous les éloignés, écrit notre commentateur Alexey Grigoriev. D'ailleurs, lorsque le journaliste de RTF Philippe Corbe dans son interview avec Eric Besson a qualifié cette opération d'expulsion, le ministre était très mécontent.

On sait qu'un éloignement volontaire ou forcé des immigrés clandestins, par exemple, à destination de l'Afrique, est une pratique courante pour les autorités françaises qui la mettent également en œuvre à l'égard des Roms. En 2009 environ 10 milles personnes ont été expulsés vers la Roumanie et la Bulgarie embarquées sur 44 vols. La seule différence est ce que les immigrés africains ne sont des ressortissants d'aucun de 27 Etats membres de l'Union européenne alors que les Roms roumains ou bulgares sont de jure ressortissants européens. Dans cette qualité, ils ont le droit de séjourner sans aucune formalité en France pendant trois mois au cours desquels ils doivent soit trouver du travail, soit commencer des études, soit prouver la provenance légale de leurs moyens d'existence. Tout le monde ne réussit pas. Surtout ces dernières années dans les conditions de la crise financière et de la rude concurrence sur le marché du travail. Cependant la volonté de séjourner dans un pays riche en y bénéficiant du soutien des compatriotes, l'emporte souvent sur l'obligation de retourner dans son pays - en Roumanie ou en Bulgarie où la situation économique est pire qu'en France. Ils restent donc en France et vivent sous la pression de la bureaucratique et sous l'œil attentif de la police. Certains ne vivent pas comme le veulent les strictes lois françaises et certains, surtout les jeunes, vont au-delà des limites. C'est précisément cette catégorie des gens du voyage qui est devenue la cible des mesures strictes des autorités. En déplacement à Grenoble fin juillet, le président de la République a annoncé le démantèlement de plusieurs centaines de camps de Roms illégaux et l'éloignement de leurs habitants. Il est à noter que les mesures annoncées par le président ont été sérieusement critiquées par la Commission européenne qui a rappelé que la France « doit respecter les règles » sur la liberté de circulation et d'établissement des citoyens européens. Le Conseil de l'Europe a critiqué encore plus sévèrement la politique de la France en la qualifiant d'une atteinte directe aux droits de l'homme. On comprend que c'est la Roumanie et la Bulgarie qui ont, plus que les autres, critiqué la France. « J'exprime mon inquiétude sur les risques de dérapage populiste et de générer certaines réactions xénophobes sur fond de crise économique », a déclaré le ministre roumain des Affaires étrangères, Teodor Baconschi à la radio RFI Roumanie. « Tout es prêt pour la déportation officielle la plus massive d'Europe depuis la Seconde guerre mondiale », écrivait l'éditorialiste Svetoslav Terziev du journal bulgare SEGA. La politique des autorités est critiquée par de nombreux médias français ainsi que par des hommes politiques. « Cette politique de l'humiliation donne une vision dégradante de l'action publique. La France n'est pas un pays raciste. Mais en activant les pulsions du racisme, l'exécutif bafoue nos principes et nos valeurs », a estimé le quotidien Le Monde. « Cette politique est choquante. On se moque des Français. Les problèmes de sécurité ne tiennent pas à quelques camps de Roms. C'est de la poudre aux yeux », a affirmé lundi le député du parti présidentiel UMP François Goulard, proche de l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin, ennemi à droite de Nicolas Sarkozy. Cependant Paris n'a pas l'intention de céder. Les mesures décidées par la France contre les Roms en situation irrégulière sont « pleinement conformes aux règles européennes », répond le Quai d'Orsay, appelant la Commission à collaborer à la réinsertion dans leur pays d'origine. Dans son interview sur RTF, le ministre de l'Immigration, Eric Besson considèrent les mesures prises à l'égard de la communauté de Roms, tout à fait justifiées.

La comparaison entre le génocide des Roms lors de la Seconde guerre mondiale et les mesures actuelles des autorités françaises à l'égard d'une partie de la communauté de Roms, ne résiste pas à la critique. D'ailleurs, les avions en provenance de la France sont accueillis à Sofia ou Bucarest par les journalistes et les autorités locales mais aussi par les représentants des associations humanitaires françaises. Il y a peu de gens qui savent que chaque famille qui a retourné dans son pays d'origine perçoit la somme de plus de trois milles euros aux fins de créer une entreprise mais uniquement dans son pays d'origine.

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