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Aujourd'hui au programme : - La conférence scientifique internationale « Léon Tolstoï à travers la littérature mondiale » s'est déroulée à Yassnaïa Polïana - Le film d'animation « Le chien, le général et les oiseaux » sorti en 2003 qui retrace les événements de la guerre Patriotique de 1812 entre la Russie et la France napoléonienne - Le domaine-musée Abramtsevo des environs de Moscou, lieu de prédilection des philosophes et artistes russes au XIXème siècle.

 

Le cercle des familiers de Léon Tolstoï  

La conférence internationale « Léon Tolstoï à travers la littérature mondiale » qui s'était déroulée dans le domaine de Yasnaïa Polïana, le fief familial du grand écrivain russe, s'est achevée sur la présentation des publications nouvelles sur le classique  de la littérature russe. Les publications en question ont été préparée en prévision du 100ème anniversaire du décès de l'écrivain qui est commémoré cette année. Le musée Tolstoï à Moscou a mis sous presse tout un florilège de publications uniques dont quelques-unes sont évoquées par son directeur Vitali Remizov dans une interview à la Voix de la Russie.

Vitali Remizov commence son récit par les livres qui traitent de la vie conjugale de Léon Tolstoï et des relations entre l'écrivain et son épouse Sofia Andréevna. On sait que ces relations étaient très mitigées et il existe tout un foisonnement des spéculations souvent très éloignées de la vérité qui reprenneent toujours ce sujet. Le spécialiste pense que les nouvelles publications ont l'avantage de se fonder sur les documents conservées dans les archives du musée Tolstoï. Il n'y a pas de place pour les affabulations et les spéculations, comme, par exemple, dans le livre autobiographique de l'épouse de Tolstoï « Ma vie ».

Les relations entre les membres de la famille de Léon Tolstoï et même les conflits qui existaient entre eux nous sont révélés par le livre « Lui et elle », - raconte Vitali Remizov. Cette édition regroupe sous une même couverture trois oeuvres à commencer par la célèbre nouvelle de Tolstoï « La sonate à Kreutzer » dont le personnage principal, assassin de sa propre femme, confesse son péché à un campagnon de fortune en essayant de comprendre l'essence de l'amour, de la passion, du mariage et les liens qui se tissent entre l'homme et la femme... A la nouvelle de l'écrivain succèdent les oeuvres de son épouse et de son fils écrites en réaction à « La sonate à Kreutzer ». C'est ainsi que dans la nouvelle de Sofia Andreevna « La chanson sans paroles » nous découvront une situation difficile qui s'était réellement créée dans la famille de l'écrivain en rapport avec la mort de son fils Vanetchka et le sentiment d'amour que sa femme éprouvait pour le compositeur Sergueï Taneev. Quant au récit de son fils Léon, les problèmes de famille et les liens matrimonaux y sont traités des positions ouvertement opposées à celles de son père.

Vassili Remizov qui avait écrit la préface de ce livre nous a fait part de ses réflexions sur la nouvelle « La sonate à Kreutzer ».

 « La sonate à Kreutzer » est souvent perçue comme une nouvelle très personnelle ayant rapport à la vie privée de l'écrivain. - Le prétexte a été fourni par la réaction de Sofia Andreevna qui a dit après avoir lu la nouvelle : « Mais il parle de moi, il m'a déshonorée devant le monde entier! » Or, en réalité la nouvelle reflétait moins les relations personnelles entre Tolstoï et Sofia Andreevna que la situation tendue et très complexe qui s'était créée à la fin du XIXème siècle dans les rapports entre l'homme et la femme. Tolstoï qui s'était livré à une étude aprofondie de ce problème comprenait que si  les choses en restaient là, il y aurait inévitablement des cataclysmes et des failles béantes. D'ailleurs, Tolstoï s'est révélé être un prophète : de nos jours 80% des divorces tombent la première année de la vie conjugale! Pourquoi? Pourquoi ce manque de compréhension? Pourquoi il y a parfois une frontière infanchissable entre l'homme et la femme? Tolstoï était sur le point de résoudre cette énigme. Il comprenait mieux que quiconque la femme et ne ménageait pas ses forces pour défendre la femme, son droit à l'émancipaton, à l'indépendance intérieure et spirituelle par rapport à l'homme. Je montre donc dans ma préface, - dit Vassili Remizov, - en quoi et comment Tolstoï défendait la femme en dévoilant les grands mystères de sa nature divine.

 « Le thème féminin » est repris dans une autre publications unique inspirée des archives du musée Tolstoï.  C'est le livre « L'image spirituelle de ma mère ».

Les archives de la mère de Tolstoï sont principalement conservées dans notre musée, - raconte Vitali Remizov, - et nous avons décidé d'en faire pour la première fois un livre. La mère de Tolstoï avait beaucoup de talents : elle tenait un journal de ses voyages, prenait des notes relatives à l'éducation des enfants, était en correspondance avec de nombreux membres de sa famille, maîtrisait parfaitement le style et écrivait des vers. Le livre inclut des réflexions de Tolstoï lui-même sur le problème de la maternité. En fait, il a perdu sa mère à l'âge d'un an et demi. Il n'avait jamais connu son image physique mais n'a cesse de chérir toute sa vie son image spirituelle. Tolstoï avec ses élans qui le poussaient à exalter l'âme féminine et à faire valoir le rôle partculier de la mère dans l'éducation des générations montantes apparaît ici comme un homme d'une grande vertu morale.

Et enfin, l'année du centenaire du décès de Tolstoï se prépare la publication d'un livre-album consacré au départ mystérieux de l'écrivain de Yassnaïa Polïana en octobre 1910 et sa mort en octobre de la même année dans la petite gare d'Ostapovo. Le musée Tolstoï de Moscou dispose des documents qui permettent de comprendre ce qui s'était passé cette année dans la famille de l'écrivain etce qui l'avait conduit à une fin tragique. Nous publions pour la première fois le journal de la fille de l'écrivain Alexandre Tolstaïa et des fragments du journal de son amie et secrétaire de Léon Tolstoï Varvara Feoktistovaé Il y a également une première publication de la correspondance des membres de la famille depuis juillet 1910 à la mort du classique.

Tonino Guerra : celui qui vit par l'épée périra par l'épée

Le premier long-métrage consacré aux événements de la Guerre Patriotique de 1812 entre la Russie et la France napoléonienne, a été réalisé un siècle après la grandiose campagne militaire où s'est trouvée impliquée l'Europe toute entière. Il est sigificatif que ce film tourné alors que le cinéma ne faisait que ses premiers pas, fût une coproduction russo-française. La tradition consistant à repenser en commun en langage cinématographique l'époque des guerres napoléonienne, ne s'est pas émoussée au fil du temps. Aujourd'hui la Voix de la Russie se tourne vers un de ses films qui est en l'occurence la bande d'animation de 2003 « Le chien, le général et les oiseaux ». Son scénario est de Tonino Guera,remarquable écrivain et poète italien. C'est une production française des éminents réalisateurs d'animation russes Andreï Khrjanovski et Sergueï Bakhtine.

Notre Radio a contacté le maître du cinéma mondial Tonino Guerra pour lui demander comment lui est venue l'idée de réaliser un film d'animation inspiré de la guerre Patriotique de 1812. Nous sommes très reconnaissants à Monsieur Guerra qui a bien voulu nous faire part de ses souvenirs.

Je dois vous avouer que je suis un peintre de formation, - raconte Tonino Guerra. - Quand j'étais gosse et puis jeune homme, je dessinais tout le temps, ce qui veut dire que je me considérait comme artiste. Dès que je voyais quelque chose, je le transposait intérieurement en image...Vers cette époque, nous avons déjà réalisé avec Andreï Khrajanovski et Sergueï Bakhtine un très beau film « Le lion à la barbe grise » et nous avons conçu l'idée d'adapter à l'ecran un conte de plus qui figurait dans mon roman « La pluie tiède ».

L'action du roman s'articule autour d'un personnage imaginaire qi a participédu côté russeà la guerre Patriotique de 1812. Il a été surnommé Général du Feu pour avoir inventé un moyen monstrueux mais efficace de détruire Moscou tombée entre les mains de Napoléon. Le général a rassemblé tous les pigeons de Moscou pourles mettre dans plusieurs pigeonniers en bois. Puis il s'est mis à mettre le feu aux pigeonniers. Dès que le feu arrivait aux cages, il libérait les pigeons qui se précipitaient vers leurs nids les ailes en feu en incendiant les maisons de Moscou. Il s'en est suivi un incendie sans précédent qui a failli détruire toute la ville. C'était un mauvais signe pour les conquérants, le commencement d'une fin sans gloire pour la Grande Armée. Tonino Guerra a dit dans son interview à notre Radio ce qu'il pensait de la lourde défaite subie par Napoléon en Russie.

Tonino Guerra dit qu'il s'est tojours demandé pourquoi Napoléon pour lequel il éprouve de la sympathie et considère comme Italien bien qu'il soit né à Corse, a-t-il mis le pied dans les neiges de la Russie? Les intrus finissent toujours par être punis. Chaque fois que je viens à Moscou, - poursuit le scénariste italien, - je m'arrête devant l'unique maison qui n'a pas brûlé dans les flammes de cet incendie. On m'a dit qu'il y avait ici les quartiers de Napoléon. Chaque fois que je foule du pied les neiges bénites de Moscou, je m'imagine un instant dans la peau du soldat français qui n'arrive pas à s'en dépêtrer.

Mais revenons au film d'animation « Le chien, le général et les oiseaux » réalisé d'après un scénario de Tonino Guerra.

Bien des années se sont écoulées  depuis l'incendie de Moscou. Le Général du Feu vit maintenant à Saint-Pétersbourg mais il est hanté par les terribles souvenirs. Mieux encore, dès qu'il sort de chez lui, il est immédiatement attaqué par les oiseaux qui ne lui ont pas pardonné la cruauté à l'égard de leur congénères. Au dernier moment le général est sauvé par le chien qu'il avait trouvé dans la rue et surnommé Bonaparte. Le chien invente une combine pour se faire pardonner par les oiseaux. En compagnie de tous les chiens de la ville, Bonaparte monte une sorte de manifestation devant le palais impérial pour lui demander de libérer les oiseaux en cage. Bouleversé, le tsar ordonne à tous les habitants de la ville d'apporter les cages avec les volatiles au bord du fleuve pour les y libérer. Dès que les oiseaux s'envolent vers le ciel, commence la débâcle. « Les glaces de la Néva se brisent en milliers de fragments qui défilent devant le général et son chien, alors que les plumes et le duvet que les oiseaux ont laissés tomber tournoient encore dans le ciel », - écrit Tonino Guerra dans son roman « La pluie tiède ». C'est cet épisode qui se trouve à l'origine du scénario du film.

La version de l'incendie de Moscou inventée par Tonino Guerra relève d'un fiction. D'ailleurs,il n'existe pas non plus de version historique exacte. Les uns en accusent l'armée de Napoléon, les autres mettent en cause le gouverneur général de Moscou Rostoptchine qui aurait vidé la capitale de tout le matériel de lutte contre l'incendie. D'autres encore sont sûrs que c'était la vengeance des Moscovites qui ne voulaient pas rendre la ville aux Français. Quant à Léon Tolstoï, il pensait que c'était la volonté de Dieu qui devait s'accomplir de toute façon.

Le film d'animation « Le chien, le général et les oiseaux » a fait parler de lui. Il a été présenté au festival de Venise et a reçu le prix de la meilleure musique composée par le fils de Tonino Guerra Andrea Guerra. Le public était également fasciné par le travail du dessinateur d'animation Sergueï Bakhtine dont les dessins pleins de poésie et de lyrisme étaient réalisés dans le style de Marc Chagall.

Abramtsevo : refuge des slavophiles et berceau du style néorusse

Le célèbe domaine d'Abramtsevo se trouve à une cinquantaine de kilomètes au nord-est de Moscou, sur les berges de la rivière Voria. Ses premères mentions hstoriques remontent au 18ème siècle. A partir du 19ème siècle Abramtsevo devient un des hauts lieux de la culture russe. Il y a 90 ans, le domaine s'est vu enfin accorder le statut de musée historique et littéraire.

Une vieille allée bordée de tilleuls conduit à une vaste cour avec sa maison en bois. A l'opposé des luxueux palais d'Arkhangelskoï ou de Kouskovo des environs de Moscou, cette petite maison surmonté de mezzonine et flanquée de deux perrons, n'a rien d'un chef-d'oeuvre d'architecture. Mais, curieusement, le grand dramaturge russe Tchékhov voulait absolument que le domaine qu'il décrit dans sa pièce « La cerisaie » se présente exactement comme la maison d'Abramtsevo. Tourguenev, un autre classique de la littérature russe, avait décrit cette maison par le menu dans son roman « Le nid des gentilhommes ». « La modeste maison a eu beacoup de chance », - a fait remarquer dans une interviwe à la Voix de la Russie la conservatrice du musée Anna Kouznetsova.

Durant le 19ème siècle le domaine est devenu à deux reprises un haut lieu de la vie culturelle de Moscou. Tout a commencé en 1843, après l'acquisition du domaine par l'écrivain de renom Sergueï Aksakov. Le domaine ne rapportait rien mais Aksakov était si fasciné par la beauté du site qu'il s'en fichait pas mal! D'ailleurs, c'est à Abramtsevo qu'il est devenu écrivain. Comme il passait de longues heures sur les berges de la Vora en pêchant à la ligne, il a eu l'idée  de confier au papier sa longue expérience de pêcheur. C'est ainsi qu'a vu le jour son premier livre « Les notes d'un pêcheur ». Il était écrit dans un très beau style et avec une telle passion que même ceux qui n'avaient jamais tenu une canne de pêche prenaient un immense plaisir à le lire  et offraient à l'écrivain des cadeaux en signe de reconnaissance. Une dame lui a même fait parvenir une canne dont le fil était tissé de ses propres cheveaux! D'ailleurs, c'était plus qu'un souvenir parce que l'écrivain s'en servait lors de ses parties de pêche. Selon Aksakov, alors qu'il pêchait à la ligne sur les berges de la Voria, il se laissaient bercer par de douces rêveries tissées des souvenirs et des images chères de son enfance...

Toute la fine fleur de la culture russe de cette époque se réunissait dans la maison d'Aksakhov. « C'est ici qu'est née et s'est développée la slavophilie comme grand courant de la philosophie russe », - ajoute Anna Kouznetsova.

Les slavophiles défendaient l'identité nationale russe et critiquaient vivement la noblesse qui maîtrisait mal sa propre langue. Ils ont été les premiers à rendre hommage au paysan russe, considérant que c'est la paysanerie et non pas la noblesse instruite qui imitait en tout l'Occident, exprimait le mieux l'esprit national russe.

Le propriétaire suivant du domaine, l'industriel Savva Mamontov, s'est également senti attiré par l'aura particulière d'Abramtsevo. Mamontov a profondément marqué aussi bien l'industrie - certains des chemis de fer qu'il a fait construire sont toujours en service - que la culture russes, - dit Anna Kouznetsova.

Il avait le talent rare de décovrir la telent des autres. Alors qu'il était en Italie avec sa femme, Mamontov a fait la connaissance des diplômés de l'Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg qui s'y trouvaient en stage. Il a eu l'idée de les inviter à Abramtsevo. C'est ainsi que s'est créée la fameuse communauté d'Abramtsevo ou le cercle des familiers de Mamontov. Ses membres avaient en commun l'amour de la nature, de l'histoire et des arts russes. Ils préféraient les paysages russes aux paysages italiens. C'est à Abramtsevo que se créaient des oeuvres devenues par la suite des clasiques de la peinture russe.

Les chênes touffus d'Abtamtsevo ont inspiré à Vasnetsov sa toile géante « Les preux » dont le sujet était puisé dans les épopées russes. Quand à Valentin Serov, il a crée au contraire à Abramtsevo son célèbre portrait de « Fillette aux pêches », véritable chef-d'oeuvre d'impressionnisme russe. Le grand artiste russe Mikhaïl Vroubel qui travaillait dans l'atelier de poterie d'Abramtsevo y créait ses chefs-d'oeuvre en majolique. C'est dans le théâtre domestique du propriétaire du domaine qui s'est épanoui la talent d'acteur du célèbre chanteur de basse Fédor Chaliapine. Cette activité artistique effervescente a contribué à former à la charnière du 19ème  et du 20ème siècles ce qu'un appelle le style « néorusse » dans la peinture, le théâtre et la musique. Ce style est devenu un courant tout ce qu'il y a de plus original du moderne russe. « Le domaine d'Abramsevo n'est pas un musée figée dans sa rigueur historique mais un organisme vivant, le lieu qui reçoit de nombreux invités qui vinnent assister aux spectacles, - dit en conclusion Anna Kouznetsova. - Les descendants des familles Mamontov et Aksakov, les célèbres propriétaires du domaine, y sont touours les bienvenus.

 

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