Exercices Blackseafor. Renforcement du système de sécurité en mer Noire

© RIA Novosti . Alexei NaumovLe mer Noire
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Des exercices du groupement naval international Blackseafor (Bulgarie, Géorgie, Roumanie, Russie, Turquie et Ukraine) ont débuté le 10 août en mer Noire. Le politologue Nadeine-Raïevsky évoque entre autres les missions de Blackseafor et de la flotte russe de la mer Noire et les raisons du refus géorgien de participer aux manoeuvres.

1. Que pensez-vous de l'activité du groupe naval Blackseafor? Ses missions officielles, comme par exemple la lutte contre le terrorisme, correspondent-elles aux intentions réelles de ce groupe?

Il est assez rare de voir les exécutants suivre les missions d’utilité universelle, annoncées par les associations ou les organisations. Chaque gouvernement cherche toujours à satisfaire ses propres intérêts nationaux.

Cependant, il faut noter que la mission confiée au groupe naval Blackseafor d'assurer la sécurité en mer Noire est effectivement actuelle. Aujourd’hui, le pipeline reliant la Russie et la Turquie passe par le fond de la mer Noire. La construction du pipeline South Stream est à l’ordre du jour. Heureusement, il n’existe aucun précédent historique de sabotage de pipelines passant par le fond des mers, toutefois les pays-membres du Blackseafor devront assurer la sécurité de l'infrastructure maritime à l'avenir.

La piraterie constitue une autre menace. La complication de la situation avec ce phénomène dans d'autres parties du monde montre qu'il serait raisonnable de réfléchir à la sécurité dans les eaux de la mer Noire. De plus, il y a déjà eu des précédents : le détournement du ferry russe Avrasia lors de la première guerre tchétchène en 1996. Les forces conjointes des États de la mer Noire sont, en effet, très importantes lorsqu'il s'agit d'empêcher ces tentatives ou de neutraliser leurs conséquences. Je souligne, les États de la mer Noire. Dernièrement, on parle souvent d’inclure dans Blackseafor les pays de l'OTAN qui n'appartiennent pas aux États de la mer Noire, plus particulièrement les États-Unis qui aspirent sans cesse à participer aux manœuvres, notamment au sein de la marine ukrainienne. De plus, à l'heure actuelle, non seulement la Turquie, mais également la Bulgarie et la Roumanie, font déjà partie de l'OTAN. La Russie aimerait donc que la mer Noire reste l’apanage exclufis des États riverains de cette mer.

2. Que pensez-vous du refus de la Géorgie de participer aux exercices du groupe Blackseafor?

Le refus de la Géorgie était tout à fait prévisible, compte tenu de la confrontation entre Moscou et Tbilissi après les événements d'août 2008. La question du déploiement des systèmes de missiles S-300 sur le territoire de l'Abkhazie, ainsi que la requête similaire de l'Ossétie du Sud, ont également versé de l'huile sur le feu. Pour cette raison, la non-participation de la Géorgie n'est pas une surprise pour la Russie.

3. Malgré la présence des membres de l'OTAN au sein du groupe naval Blackseafor, peut-on considérer ces exercices en tant qu'opposition aux aspirations de l'alliance, plus particulièrement des États-Unis, à élargir son rayon d'influence dans la région de la mer Noire?

En tenant compte de l'adhésion de la Turquie, de la Roumanie et de la Bulgarie à l'OTAN, il serait incorrect de parler d'opposition. Surtout après le déploiement des bases militaire américaines en Roumanie et en Bulgarie. En ce qui concerne la Turquie, elle a été et demeure un membre actif de l'OTAN. Mais contrairement à de nombreux autres pays, la Turquie, même en adhérant à l'OTAN, poursuit activement sa politique extérieure, guidée par les intérêts nationaux. Bien sûr, le renforcement de l'influence des autres pays-membres de l'OTAN dans cette région n'en fait pas partie.

À mon avis, il est question de la préservation du statut quo actuel, plutôt que d'opposition. Les moindres changements, y compris à l'avantage des États non-riverains de la mer Noire mais membres de l'OTAN, conduiraient à un déséquilibre des forces en mer Noire. Dans le cas présent, nous notons avec satisfaction que les États de la mer Noire aspirent à conserver cet équilibre et renforcer le système de sécurité dans la région.

4. De plus en plus souvent, le gouvernement américain fait des déclarations sur la nécessité d'apporter des modifications à la convention de Montreux qui s'avère être un obstacle aux ambitions géopolitiques des États-Unis. Quelle importance a-t-elle pour les pays de la mer Noire?

Il faut dire que depuis la signature de la convention de Montreux en 1936, l'Union soviétique, et maintenant la Russie, ont toujours supporté sans réserve cet accord juridique international. Il faut rendre son dû à la Turquie qui, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, tente d'empêcher toute violation des dispositions de la convention car cette dernière répond aux intérêts nationaux de ce pays. La confrontation au sujet de cet accord qui existait entre l'URSS et la Turquie dans les premières années d'après-guerre fait partie du passé lointain.

5. Quels sont les objectifs premiers de la Flotte de la mer Noire russe au stade actuel?

Les principaux objectifs de notre Flotte sont, tout d'abord, la protection de nos intérêts nationaux en mer Noire, la sécurité de nos frontières côtières, la liberté de navigation et l'empêchement de la militarisation de la mer Noire. Nous avons toujours été contre l'apparition dans cette région de vaisseaux militaires qui pourraient déséquilibrer les forces.

Si auparavant, la Flotte de la mer Noire soviétique était un leader incontesté et une force militaire écrasante, après l'effondrement de l'URSS l'influence de notre Flotte de la mer Noire s'est affaiblie et l'équilibre a changé. Auparavant, l'Union soviétique, la Bulgarie et la Roumanie se trouvaient dans le cadre d'un système politique et d’une structure militaro-politique uniques. Aujourd'hui, nous pouvons observer la situation inverse. La Turquie, la Bulgarie et la Roumanie sont membres de l'OTAN. Pour cette raison le rôle de la Flotte de la mer Noire russe s’est récemment renforcé.

Le plus important pour nous est d’aller dans le sens d’une coopération avec les États de la mer Noire dans le domaine de la sécurité, à l'exception de la Géorgie.

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