La Russie vue par la presse francophone le 6 août

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En Russie, le feu approche de sites à risques/ La Russie est toujours impuissante face aux incendies de forêts/ L'embargo sur le blé russe fait grimper les prix

Le Figaro

En Russie, le feu approche de sites à risques

Les autorités craignent notamment la propagation des incendies à une zone irradiée au moment de l'explosion de Tchernobyl, ce qui pourrait libérer des particules radioactives nocives dans l'atmosphère.

L'inquiétude n'en finit plus de grandir en Russie, où les températures particulièrement élevées cet été favorisent les incendies qui ont déjà fait 50 morts et détruits 2000 maisons. Jeudi, c'est autour de dépôts de munitions et d'un site nucléaire que l'attention s'est cristallisée.
Menacés par le feu, particulièrement actif dans l'ouest du pays, des dépôts de munitions d'artillerie et de missiles situés à 70 km au sud-ouest de Moscou ont ainsi été transférés «vers un endroit sûr», a déclaré un porte-parole du ministère russe de la Défense. Dmitri Medvedev avait ordonné la veille de renforcer la protection des sites stratégiques après l'incendie d'une base logistique militaire près de la capitale qui aurait détruit quelque 200 avions, selon des médias russes.

L'IRSN reste vigilant

L'aggravation de la situation dans le sud-ouest du pays fait aussi craindre que les incendies n'atteignent une région dont le sol et les végétaux ont été irradiés lors de l'explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986. «Si un incendie s'y déclarait, des substances radioactives pourraient s'envoler avec la fumée et une nouvelle zone polluée apparaîtrait», a averti le ministre des Situations d'urgence Sergueï Choïgou, précisant que la zone était «surveillée attentivement».

La France est elle aussi en état de vigilance face à cette possibilité. L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire a annoncé jeudi qu'il allait mesurer avec une «attention toute particulière» les particules qui pourraient atteindre l'Hexagone à la suite des incendies. L'institut précise dans un communiqué qu'il «pourra disposer dans quelques semaines des résultats de mesure» en cours, et assure qu'il les présentera « dès qu'ils seront disponibles». «En tout état de cause, les niveaux d'activité susceptibles d'être observés en France à la suite de tels phénomènes ne sont pas de nature à provoquer une inquiétude d'ordre sanitaire», précise toutefois l'IRSN.

La situation semblait en revanche «stabilisée» aux environs du centre nucléaire de Sarov (région de Nijni Novgorod, à 500 km à l'est de Moscou), d'où les autorités ont affirmé mercredi avoir évacué les matières fissiles et explosives.

Les exportations de blé interdites

Le bilan des pertes humaines est passé jeudi de 48 à 50 morts après la découverte d'un corps dans une maison calcinée dans la région de Nijni Novgorod et le décès d'une autre victime dans un hôpital de la région de Voronej (500 km au sud-est).En raison de la sécheresse qui entraîne une énorme perte pour les récoltes, le premier ministre Vladimir Poutine a par ailleurs interdit les exportations de céréales jusqu'à la fin de l'année. La Russie est le troisième exportateur mondial de céréales, et les difficultés de son agriculture ont déjà contribué à une flambée des cours du blé sur les marchés mondiaux.

De son côté, le maire de Moscou, Iouri Loujkov, a chargé le gouvernement régional de renforcer les mesures de sécurité anti-feu, après plusieurs incendies importants, et un feu de forêt dans un vaste parc de la capitale.

Au total 162.000 personnes sont mobilisées pour combattre les 600 feux qui embrasent le pays. Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi que les autorités françaises «se tenaient prêtes à répondre à toute demande d'assistance», selon un communiqué de l'Elysée. La France dispose d'avions bombardiers d'eau, tout comme l'Italie qui a déjà dépêché deux Canadair en Russie.

Le Monde

La Russie est toujours impuissante face aux incendies de forêts

La canicule et les feux qu'elle attise continuent de sévir en Russie, acculant les autorités à des mesures d'urgence spectaculaires : l'évacuation de centres militaires et un embargo sur les céréales décrété par le premier ministre Vladimir Poutine ont marqué la journée de jeudi 5 août, alors que monte une polémique sur le nombre exact de morts engendrées par les fortes chaleurs.

Des incendies toujours actifs "On a constaté au cours des dernières 24 heures une baisse du nombre d'incendies, pas assez importante toutefois pour que l'on puisse se réjouir", a déclaré, jeudi, le ministre des situations d'urgence, Sergueï Choïgou. Surtout, la situation s'est aggravée dans le sud-ouest, alors que l'ouest et le centre du pays - où l'état d'urgence a été décrété dans sept régions - étaient jusqu'à présent les plus durement touchés. Le bilan de ces feux de forêt et de tourbières, les pires de l'ère post-soviétique, est désormais de cinquante morts.

Nicolas Sarkozy a annoncé, jeudi, que les autorités françaises "se tenaient prêtes à répondre à toute demande d'assistance" de la Russie, où 162 000 personnes sont mobilisées contre les incendies.

Tchernobyl réactivé ? Le ministère des situations d'urgence a annoncé la "stabilisation" de l'incendie aux environs du centre nucléaire de Sarov (région de Nijni Novgorod), d'où les autorités avaient affirmé, mercredi, avoir évacué les matières fissiles et explosives.

Mais M. Choïgou a dit craindre la propagation des feux dans la région de Briansk, proche de l'Ukraine et du Bélarus, et affectée par les retombées de Tchernobyl. "Si un incendie s'y déclarait, des substances radioactives pourraient s'envoler avec la fumée et une nouvelle zone polluée apparaîtrait", a-t-il averti.

En France, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) indique que des particules de césium peuvent être remises en suspension. Ce fut le cas en 2002, lors d'incendies en Ukraine. Dans l'Hexagone, le niveau de césium 137 avait triplé dans l'air pendant quelques jours, tout en restant "dix millions à cent millions de fois plus faibles que les activités du radon présent en permanence dans l'air", indique l'IRSN, pour qui de tels niveaux "ne sont pas de nature à provoquer une inquiétude d'ordre sanitaire".

Le cours des céréales flambe L'embargo sur l'exportation des céréales russes, à compter du 15 août et jusqu'au 31 décembre, décrété par Vladimir Poutine jeudi, s'est immédiatement traduit par un bond des cours mondiaux : à Chicago, le cours du blé a grimpé de 5 %, la place américaine enregistrant un doublement des prix depuis que les cours avaient atteint leur niveau le plus bas, en juin. Une hausse des prix des denrées alimentaires est redoutée.Polémique sur la surmortalité Alors que la température a atteint 40 º C, jeudi 5 août, à Moscou, et que la capitale est envahie par d'épaisses fumées, une polémique démarre sur la surmortalité liée à cette canicule. Plusieurs médias russes affirment que la mortalité a fortement augmenté depuis le début du mois de juillet en raison des fortes chaleurs qui frappent l'ouest de la Russie. "Le nombre de morts a été multiplié par trois", explique un médecin de l'hôpital n° 51 de Moscou, filmé en caméra cachée par la chaîne de télévision REN-TV. Le quotidien indépendant Kommersant affirme aussi que les services d'état civil s'attendent à une hausse du nombre de morts. De son côté, le ministère russe de la santé nie toute augmentation de la mortalité, estimant que les médias "n'ont pas de sources fiables".

NouvelObs

L'embargo sur le blé russe fait grimper les prix

La FAO s'inquiète de la flambée des cours du blé sur les marchés mondiaux. La sécurité alimentaire des pays pauvres pourrait être menacée.
Le premier ministre russe, Vladimir Poutine, a annoncé jeudi 6 août que le gouvernement pourrait revoir sa décision concernant l'embargo sur les exportations de blé. L'annonce de cette mesure a fait flamber les cours du blé sur les marchés mondiaux, la Russie en étant le troisième exportateur mondial.

Le "cheptel russe" d'abord

C'est pour éviter une pénurie et une inflation des prix intérieurs que le Premier ministre russe a interdit l'exportation du blé et de ses produits dérivés jusqu'à la fin de l'année. A cause de la sécheresse et des incendies qui ravagent la Russie, 20% des récoltes ont été détruites, soit près de 20 millions de tonnes de blé. "En raison des températures anormalement hautes et de la sécheresse, j'estime justifié d'instaurer un embargo temporaire sur les exportations de Russie de blé et de produits agroalimentaires dérivés", avait déclaré Vladimir Poutine.

Les céréales du fond d'intervention russe seront attribuées sans enchères aux régions dans le besoin. Une aide de 35 milliards de roubles (900 millions d'euros) a été débloquée pour venir en aide aux agriculteurs les plus touchés. Dix seront accordés sans contrepartie tandis que les vingt-cinq autres feront l'objet de crédits à des taux avantageux.

Une situation "sérieuse"

Abdolreza Abbassian, économiste et membre de la FAO a immédiatement fait part de ses inquiétudes. La décision russe "représente un élément d'instabilité sur le marché" des céréales et "une situation qui n'était pas grave est devenue maintenant sérieuse", a-t-il déclaré.

L'embargo a provoqué une flambée des cours du blé sur les marchés mondiaux. Hier, le prix de la tonne de blé a grimpé jusqu'à 230 euros, son niveau le plus élevé depuis deux ans et demi après avoir déjà connu une augmentation de 40% en juillet. Une hausse suffisante pour "interrompre le commerce" international des céréales provisoirement, d'après la FAO. Une nouvelle augmentation ou un maintient des prix élevés sur une longue durée pourrait causer de nouveaux problèmes de santé. En 2007-2008, la hausse des prix des produits alimentaires avait provoqué des émeutes de la faim en Egypte, au Maroc, en Indonésie, aux Philippines et à Haïti.

Des stocks suffisants

La FAO a revu à la baisse les prévisions de production mondiale de blé pour 2010. Elles sont passées à 651 millions de tonnes contre les 676 millions annoncés au mois de juin. Elle s'est tout de même voulue rassurante en rappelant que les réserves restent élevées. "Après deux années consécutives de récoltes record, les stocks mondiaux ont été suffisamment reconstitués pour couvrir le déficit prévu de la production actuelle" a souligné la FAO dans un communiqué.

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