La Russie vue par la presse francophone le 29 juillet

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Moscou lance une vague de privatisations sans précédent depuis les années 1990/ Dmitri Medvedev promulgue la loi visant à renforcer le FSB/ Eté dantesque dans la capitale russe

Le Monde

Moscou lance une vague de privatisations sans précédent depuis les années 1990

C'est le "plus important" programme de privatisations depuis les années 1990, selon la presse économique russe. Pour réduire un déficit budgétaire né de la crise économique et de la baisse du prix des ressources naturelles, notamment du gaz et du pétrole, Moscou a précisé, mercredi 27 juillet, le projet de privatisation partielle d'une dizaine de grandes entreprises d'Etat qui avait été évoqué quelques jours auparavant par des responsables du ministère des finances.

Selon le ministère du développement économique, le plan devrait rapporter au Trésor russe 298 milliards de roubles (7,6 milliards d'euros) dès l'année prochaine, pour un total de 883 milliards de roubles (22,4 milliards d'euros) à la fin du processus en 2013.

Onze entreprises devraient être partiellement privatisées lors de cette vente d'actifs, dont les modalités seront connues au courant de l'automne. Parmi celles-ci se trouvent notamment le géant pétrolier Rosneft, le producteur d'électricité Rushydro ainsi que les banques VTB et Sberbank, cette dernière étant l'équivalent russe des Caisses d'épargne.

Selon les informations diffusées par la presse russe en début de semaine, l'entreprise pétrolière Transneft, la banque agricole Rosselkhozbank, la compagnie de transport maritime Sovkomflot et l'agence de crédit hypothécaire AIJK seraient également concernées, mais les autorités n'ont pas confirmé leur présence dans la "liste" soumise au gouvernement russe pour approbation.

La plus grande entreprise de transport ferroviaire au monde, les Chemins de fer russes "RJD" (1,3 million d'employés), a été un temps évoquée, mais resterait finalement à 100 % dans le giron de l'Etat.

Pour toutes les entreprises impliquées dans ce nouveau processus de privatisation, la participation du secteur privé ne devrait cependant pas dépasser les 30 %, l'Etat se réservant le contrôle, en dernier lieu, de ces acteurs stratégiques de l'économie nationale.

Objectif avoué du plan de privatisation : utiliser les sommes ainsi dégagées pour ramener le déficit budgétaire du pays, estimé à 5 % pour l'année en cours, à 4 % en 2011, 3 % en 2012 et 2 % l'année suivante. Mardi, le ministre des finances, Alexeï Koudrine, annonçait que l'objectif du gouvernement russe était de retrouver un budget équilibré à compter de l'année fiscale 2015.
Fortement touchée par la crise économique et la chute des prix pétroliers, la Russie renoue avec la croissance depuis cette année. Le produit intérieur brut (PIB), qui avait chuté de 7,9 % en 2009, devrait connaître une hausse estimée à 4 % en 2010, grâce notamment à un deuxième trimestre favorable, avec un PIB en hausse de 5,4 % par rapport à la même période de l'année dernière.

Les marchés boursiers ont bien accueilli l'annonce de cette vague prochaine de privatisations, la première depuis l'entrée en Bourse de la banque VTB, en 2007.

Mais le pays, qui a connu des vagues de privatisations "sauvages" à la suite de l'effondrement de l'économie soviétique dans les années 1990, observe également avec méfiance toute annonce de privatisations massives. La presse économique s'inquiète de la vente "au rabais" des parts de ces géants de l'économie nationale. Le quotidien des affaires Vedomosti estime ainsi à 40 milliards d'euros la valeur réelle des actifs potentiellement mis en vente pour les seules entreprises du domaine de l'énergie, et s'interrogeait sur l'origine des investisseurs intéressés par une éventuelle participation dans ces grands groupes d'Etat.

"Espérons que les appel d'offres seront honnêtes, et ouverts à tous - notamment aux investisseurs étrangers", concluait, dans son éditorial, le quotidien des affaires.

L'Express

Dmitri Medvedev promulgue la loi visant à renforcer le FSB

Le président russe Dmitri Medvedev a promulgué une loi destinée à renforcer le FSB, successeur du KGB, mais dont plusieurs dispositions avaient été retirées par le parlement.

Ce texte réintroduit notamment la pratique courante à l'époque de l'Union soviétique, qui consiste à adresser une mise en garde à une personne "dont les actes créent les conditions pour commettre un crime", dit un communiqué du Kremlin.

Le FSB a été créé sur les cendres du KGB, démantelé à la chute de l'URSS, en 1991.

Son influence est allée grandissante avec la présidence à partir de 2000, de Vladimir Poutine, son ancien directeur, qui l'a chargé de la lutte contre les insurgés islamistes, dans le Nord-Caucase notamment.

Les détracteurs de la loi estiment qu'elle pourrait être invoquée pour intimider des journalistes indépendants et des groupes d'opposition, qui se disent déjà victimes de fortes pressions de la part du FSB.

Face au tollé provoqué par la version initiale du texte, le parlement l'a néanmoins fortement amendé afin de retirer les dispositions les plus controversées.

Celles-ci autorisaient notamment le FSB à convoquer les personnes sur le point de commettre un crime et à placer en détention pour une période allant jusqu'à 15 jours quiconque ne répondrait pas à cette injonction.

La Libre Belgique

Eté dantesque dans la capitale russe

Ce mois de juillet a pulvérisé huit records de chaleur depuis cent trente ans d’observations météorologiques en Russie. Jusqu’à cette année, la capitale russe n’avait, en effet, jamais connu les températures flirtant avec les 40 degrés à l’ombre. Pourtant le record le plus accablant pour les Moscovites consiste dans le fait que jamais encore une période de chaleur aussi infernale n’a été aussi longue, ne laissant pas même aux citadins un petit moment de répit.

Avec ce phénomène, la vie des habitants a retrouvé une simplicité quasi biblique avec ses côtés innocents et tragiques. Dans le centre de la ville, la vue générale des rues vous laisse planer l’étrange impression d’une plage de Malibu ou de la Côte d’Azur car la tenue des passants des deux sexes est réduite dans la plupart des cas à un pudique minimum. D’ailleurs "le dress code" est aboli partout - même les employés de l’administration présidentielle sont autorisés à venir au bureau (oh, sacrilège !) en maillot de football et en blue-jean. Autre détail révélateur : en temps normal, la majorité des passants déambulent dans les rues de Moscou l’oreille collée à leur téléphone portable, mais avec cette chaleur ils s’abstiennent de cette distraction, car leurs mains sont constamment chargées de bouteilles d’eau minérale et de glaces. Au rayon culinaire, la viande sous toutes ses formes a pratiquement disparu du menu des Moscovites qui ne sont plus capables de la supporter par une chaleur pareille, lui préférant des légumes et des fruits.

Les terrasses des cafés et des restaurants sont vides; les clients - inhabituellement rares - préférant s’installer dans les salles climatisées de ces établissements. Gourmands en électricité, les appareils de climatisation mettent d’ailleurs le réseau électrique de la ville sous pression. Datant de l’époque de frugalité soviétique, ce dernier est peu habitué à ce genre d’extravagances climatiques et crie pouce de temps à autre. Illustration de cette situation : la rédaction de "Gazeta.ru", édition Internet florissante et la plus importante du pays, dont l’administration a été mise pendant les deux derniers jours les plus chauds devant un choix dramatique : faire marcher les ordinateurs ou les climatiseurs, le réseau électrique du quartier refusant de supporter une telle charge. Précisons que depuis le début de la canicule, on a vendu à Moscou dix fois plus de climatiseurs que la normale, tandis que les ventilateurs ordinaires sont devenus trois fois plus chers que d’habitude.

Pour sa part, le célèbre métro de Moscou qui restait jusqu’ici un îlot paradisiaque de fraîcheur durant l’été s’est transformé en une sorte d’enfer. Dans plusieurs stations souterraines, la température dépasse, en effet, celle de la surface. Depuis la fin mai, on a ainsi enregistré dans le métro quelque vingt cas de mort subite provoquée par des défaillances cardiaques.

Ajoutons que pendant cet été le chiffre des noyades mortelles sur les plages de la capitale a battu lui aussi un triste record - 270 décès dont 219 (!) ont péri pendant le seul mois de juillet. On ne sera pas étonné d’apprendre que la majorité des victimes sont des hommes d’âges divers qui se baignaient en état d’ébriété avancée.

Pour compléter le tableau, des masses de fumée opaque en provenance des tourbières en feu aux environs de Moscou se sont abattues sur la ville ces deux dernières semaines, transformant la vie des citadins en un véritable calvaire. La visibilité réduite ralentit la circulation et crée des embouteillages, qui eux-mêmes contribuent à accroître la pollution de l’air. Les masses d’eau qui se sont déversées sur la région lors de violents mais très courts orages n’apportent aucune fraîcheur et sont insuffisantes pour éteindre les incendies qui ravagent ces tourbières.

Inutile de préciser que les bulletins météo représentent pour tous les Moscovites une sorte de vox Dei dont ils attendent avec résignation l’annonce des délais de leur délivrance. Ce samedi, on leur promet un "petit" 29 degrés. Un pronostic qui a inspiré ce commentaire sarcastique à l’un de nos voisins : "Ça y est, on va enfin grelotter de froid !"

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