Lait maternel : souris et chèvres au service de l'homme
Des chercheurs russes travaillent depuis longtemps, avec leurs collègues biélorusses, sur la production par l'animal de lait contenant de la lactoferrine humaine, rapporte le site rian.ru. Le débat porte dorénavant sur la manière d'utiliser le lait transgénique obtenu chez l'animal.
A l'Institut de biologie du gène de l'Académie des sciences russe, les chercheurs étudient depuis des années la production de lait de souris associé à une protéine humaine, la lactoferrine. Plus récemment, ils ont aussi engagé des travaux sur la production de lactoferrine humaine par des chèvres.
Les scientifiques russes et biélorusses œuvrent depuis plus de cinq ans, déjà, à l'obtention de lait de chèvre contenant des protéines de lactoferrine. Cette substance est présente dans le lait maternel de la femme et protège les bébés des virus et autres bactéries tant qu'ils n'ont pas leur propre immunité. D'où l'intérêt de produire cette substance pour tous les bébés qui n'y ont pas accès naturellement.
Ce sont les souris qui ont été testées les premières, dans le cadre du programme russo-biélorusse BelRostransguen. On a introduit dans l'ADN de certaines d'entre elles le gène humain responsable de la production de la protéine de lactoferrine.
"Nous avons comparé le lait des souris transgéniques avec le lait de la femme. Les souris ayant "le meilleur rendement" produisent 160 milligrammes de protéines par millilitre", rapporte Tatiana Ermolkevitch, collaboratrice du laboratoire de transgénèse. Cette concentration de protéines est nettement supérieure à celle du lait de la femme, qui ne contient que 4 milligrammes par millilitre.
Traire des souris n'est pas une opération des plus simples. "Avant de traire une souris, il faut lui retirer deux heures auparavant ses souriceaux, faute de quoi on ne peut obtenir de lait. Les souris doivent être endormies et avoir ingéré de l'ocytocine pour pouvoir donner du lait", précise Tatiana Ermolkevitch.
Les scientifiques ont étudié pas moins de 6.000 souris transgéniques avant de poursuivre leurs expériences sur d'autres animaux. Ils ont établi que cette capacité de fabriquer de la lactoferrine était un phénomène héréditaire, qui se transmettait chez la souris, tant par les mâles que par les femelles, jusqu'à la dixième génération. La moitié des descendants possèdent cette propriété.
Voilà cinq ans, les chercheurs ont introduit cette ADN humaine chez la chèvre, toujours dans le cadre du programme BelRostransguen. Des chevreaux transgéniques ont vu le jour et des chèvres fournissent désormais du lait contenant de la lactoferrine dans l'exploitation du village de Goltsovo, dans le district de Chakhovski. Les scientifiques poursuivent leurs études afin d'établir dans quelle mesure le "lait transgénique" est inoffensif pour l'homme. L'objectif étant, naturellement, que les bébés n'ayant pas été nourris au sein bénéficient des mêmes défenses "naturelles" que les autres.
La chèvre n'a pas été choisie par hasard comme "fournisseur" de cette protéine. Ces animaux sont faciles à entretenir et résistent bien aux maladies. Et, surtout, ils ne provoquent pas d'allergie chez les enfants.
"Les protéines que nous obtenons à partir du lait des animaux transgéniques sont absolument identiques à celles provenant du lait maternel de la femme", affirme Elena Sadtchikova, chef du laboratoire de transgénèse de l'Institut de biologie.
Une opinion qui ne fait toutefois pas l'unanimité. Certains immunologues et allergologues se montrent méfiants vis-à-vis du lait transgénique.
"Le lait d'un animal ne peut remplacer le lait maternel, estime Youri Smolkine, directeur du Centre de consultations scientifiques et cliniques d'allergologie et d'immunologie, et vice-président de l'association des allergologues et immunologues pédiatriques de Russie. La seule chose que l'on puisse faire est de créer de nouveaux mélanges sur la base de ceux qui existent, en y ajoutant de la lactoferrine cette dernière provenant non pas de la culture cellulaire, mais du lait des chèvres."
Le seul point sur lequel s'accordent les deux parties, est que la lactoferrine extraite du lait des chèvres pourra être utilisée comme base pour des médicaments. Cette protéine humaine possède en effet un très large éventail d'action thérapeutique. Elle peut être utilisée, par exemple, en hématologie et en gastroentérologie.
Un carburant synthétique liquide à partir du gaz
Des chercheurs viennent de réussir pour la première fois à fabriquer en Russie un carburant synthétique liquide à partir du gaz, rapporte le site strf.ru, citant RBK.
Le Centre unifié de R&D (YuRD-Tsentr) a présenté pour la première fois en Russie un carburant synthétique liquide pour les aéronefs et les véhicules, obtenu à partir du gaz. Ses principaux atouts : un fonctionnement plus stable des moteurs, une autonomie de vol plus grande, et une meilleure sûreté écologique résultant de l'absence de soufre, de benzène et autres substances nocives.
Le directeur général de YuRD-Tsentr (*), Sergueï Alimov, a déclaré lors de la présentation de ce produit à Moscou que les ingénieurs de sa société avaient élaboré une technologie UniGTL sur la base de la technologie GTL (gas to liquids). Elle permet de transformer le gaz de pétrole associé en divers carburants de qualité élevée pour les avions ainsi que pour les véhicules. Ces carburants sont conformes aux normes mondiales. Des usines fabriquant des produits similaires à partir de la houille ou du gaz existent actuellement en Afrique du Sud, au Qatar et en Malaisie, a précisé Sergueï Alimov.
L'industriel a également annoncé que cette technologie de conversion du gaz en carburant est mise en œuvre en utilisant à 100 % des équipements russes. L'investisseur stratégique dans ce projet est la société russe Sintop, qui y a consacré 7,5 millions de dollars. Il a ajouté que sa société est actuellement en pourparlers et effectue des travaux préliminaires pour fabriquer du carburant synthétique à petite échelle industrielle, l'objectif étant de pouvoir réaliser des essais sur bancs et des essais pratiques en vol. Lors de l'étape initiale, a-t-il dit, les investissements dans une installation industrielle expérimentale de 300 tonnes s’élèveront à 200 millions de roubles. Les investissements deviendront rentables pour une production annuelle de 500.000 tonnes.
Pour la branche pétrogazière, ce nouveau produit permettra de diversifier les ventes de gaz et des produits de sa transformation, offrira une perspective de transformation directe du gaz en carburants liquides sur les sites de production, sans transports coûteux. Il permettra également de réduire substantiellement les volumes de gaz associé brûlé dans les torchères, de créer des carburants ayant des paramètres de qualité prédéterminés, en évitant que la qualité du carburant soit dépendante de la composition de la matière première.
Cette technologie repose sur le procédé de conversion du gaz associé par vapeur-gaz carbonique, qui diminue de moitié les dépenses de production du gaz de synthèse, sur la réalisation de la synthèse Fisher-Trop, ainsi que sur un complexe bien au point de catalyseurs de processus hydrocatalytiques, qui permet d'élaborer un large assortiment de carburants de haute qualité pour les aéronefs et les véhicules.
Cette technologie, ajoute Sergueï Alimov, donnera une impulsion à la construction d'unités industrielles de production de carburants de moteur synthétiques selon la technologie UniGTL qui, compte tenu de l'épuisement des réserves pétrolières, sont déjà largement utilisés par les grands producteurs occidentaux. Elle apportera également une solution au problème de la neutralisation du gaz associé en Russie, qui se pose avec une acuité particulière aux compagnies pétrolières dans le contexte des dernières dispositions législatives.
(*) YuRD-Tsentr est une société russe créée pour réaliser des travaux scientifiques et appliqués dans le secteur pétrogazier (production, transport, transformation du pétrole et du gaz, pétrochimie, carburants alternatifs pour moteurs). Parmi les principaux commanditaires figurent des sociétés telles que Gazprom, Gazprom neft, Sibur, Rosneft, TNK-BP, Lukoil, Schlumberger, Total E&P.
Chaleurs anormales : une réalité objective pour demain
La Russie et un certain nombre d'autres pays connaissent cet été des chaleurs exceptionnelles. Ces températures anormales seront demain une réalité objective, disent à l’unanimité les experts russes et américains, rapporte le site strf.ru, citant RBK.
D'ici la fin des années 30 de ce siècle, l'hypothèse la plus probable est que les anomalies climatiques constitueront des risques sérieux pour l'agriculture, la santé des gens, et entraîneront divers types de catastrophes du type sécheresse et incendies. Ces prévisions sinistres sont partagées par des experts russes et américains.
Selon des chercheurs de l'Université de Stanford (Californie), nous connaîtrons des saisons incroyablement chaudes et sèches jusqu'en 2020, et ces records seront encore battus dans la troisième décennie du siècle. Le patron du programme climatique du WWF russe, Alexeï Kokorine, ne dit pas autre chose : les Américains, globalement, parlent des mêmes tendances que l'on peut observer dans les rapports du Rosguidromet (Services météorologiques russes), concernant l'accentuation des phénomènes naturels extrêmes. L'an dernier, on a dénombré en Russie 385 phénomènes de ce type, soit deux fois plus qu'il y a 15 ans. Et d'ici 15 ans, ce chiffre pourrait encore doubler.
Pour ce qui est des vagues de chaleur, on en a compté 12 en Russie en 2009, et cette année ce chiffre sera à l'évidence plus élevé. "Naturellement, beaucoup de choses dépendent de la distance concrète qui sépare, par exemple, un endroit de la Terre d'une source de chaleur. Aux Etats-Unis, les sources de sécheresse se trouvent dans les déserts du Mexique et de Californie. Nous, à Moscou, sommes relativement proches des steppes chaudes du Kazakhstan et des souffles d'air de la Méditerranée et du Sahara. C'est pourquoi notre pays ne peut non plus échapper à ces vagues de chaleur extrêmes, ajoute Alexeï Kokorine."
Par ailleurs, nombre de chercheurs interrogés par RBK daily sont enclins à considérer que cette brusque flambée du thermomètre dans les régions centrales de la Russie pourrait bien être suivie d'une vague de froid. Le climat russe devient de plus en plus instable ou, comme disent certains experts, de plus en plus nerveux. Les vagues de chaleur, les inondations, les tempêtes, les précipitations brusques sous forme de neige ou de pluies diluviennes deviennent des caractéristiques de base de ce climat. Pour les pays les plus chauds, bien sûr, ce sera la chaleur qui constituera le problème numéro un. Mais pour la Russie, ce sont les froids rigoureux qui seront le plus d'actualité. Si, l'an dernier, on y a dénombré 12 vagues de chaleur, on y a comptabilisé aussi 23 vagues de froid.
Les chercheurs s'accordent à dire que ces chaleurs anormales vont non seulement avoir des répercussions négatives sur le bien-être des gens, mais aussi entraîner des sécheresses de grande ampleur et des tempêtes fréquentes. On annonce déjà de plus en plus souvent à Moscou des alertes à la tempête. Les scientifiques américains pronostiquent pour leur part de gros changements au niveau des sols qui ne reçoivent pas suffisamment d'humidité, ce qui aura une incidence négative sur la culture des céréales, du coton, du soja et des vignes. Les récoltes baisseront, ce qui entraînera une hausse des prix agricoles.
Ces prévisions pessimistes des chercheurs à l'horizon 2040 risquent fort de devenir une réalité objective. Et il faudra bien s'en accommoder.