Voici notre programme hebdomadaire « Gros plan sur l'Afrique » animé l'observateur par Alexeï Grigoriev qui vous propose aujourd'hui son article qui s'intitule « La Grande muraille verte - défit de l'Afrique aux conséquences du réchauffement global » et, comme toujours, nos « échos de la semaine ». Vous pouvez envoyer vos remarques par e-mail à l'adresse yazon@ruvr.ru.
Il y a un peu plus de cinq ans, en août 2005, lors de son intervention à Dakar à une rencontre internationale des experts des pays de la Communauté des États Sahelo-Sahariens, le président du Sénégal Abdoulaye Wade, a exposé l'idée du projet appelée la Grande muraille verte. Il était aussi grandiose que fantastique, au moins il y a cinq ans. Il s'agissait de créer une ceinture boisée qui sépareraient la zone du Sahel depuis Sénégal à l'Ouest jusqu'à Somalie et Djibouti à l'est, des déserts qui s'étendent à travers tout le continent de l'Atlantique à la Mer Rouge et jusqu'à l'océan Indien qui baigne les côtes de la Corne Africaine. Dans l'idée du président Wade, cette muraille verte permettrait d'enrayer l'avance des déserts sur les terres du Sahel propres à l'élevage et à la culture, avance qui se poursuit depuis des dizaines d'années. Selon la majorité des experts, - écrit Alexeï Grigoriev, - ce phénomène de désertification a été déclenché par les méthodes traditionnellement primitives d'activité économique humaine en Afrique et le besoin de nourrir la population du Sahel en pleine croissance. D'autres experts l'attribuent, quand à eux, au réchauffement progressif du climat. Quoi qu'il en soit, l'idée du président du Sénégal avait la vocation d'attirer l'attention d'autant plus qu'il y a déjà eu des tentatives de créer des bandes forestières entre le désert et le sahel au Sénégal même, c'est pourquoi Abdoulaye Wade profitait de la moindre occasion pour rappeler à la communauté internationale son projet grandiose et ses bienfaits pour l'économie des pays du Sahel et de l'est africain. Il a remis cette idée sur le tapis à l'occasion du sommet mondial de novembre dernier à Copenhague consacré aux conséquences du réchauffement global. Il a exposé le résumé de son intervention dans son interview à la chaîne de télévision France 24 dont nous vous proposons un fragment.
Bref. Comme l'écrit notre observateur, au sommet de Copenhague les partenaires européens de l'Afrique se sont montrés sceptiques à l'idée de créer une bande boisée transcontinentale en qualifiant ce projet d'extrêmement onéreux. Le format de notre émission ne permet pas d'entrer dans les détails techniques du projet et il ne nous reste qu'à faire confiance au président Wade qui affirme qu'il est parfaitement réalisable. Il y a des essences d'arbres et d'arbrisseaux qui peuvent se contenter de trois mois de pluies pour prendre racine et pousser ensuite pendant neuf mois jusqu'à la saison des pluies suivante. C'est ces essences qu'on doit planter en priorité. Certes, il s'agit là d'un travail énorme mais il faut bien le commencer un jour, - a déclaré le président Wade à la mi-juin à N'Djamena (Tchad) au premier sommet des chefs d'état et de gouvernement des 11 pays africains qui ont confirmé leur intention de prendre part à ce projet gigantesque de lutte contre l'avance des déserts et la dégradation du Sahel et des savanes situés à proximité de la zone désertique. « Nous venons d'ouvrir le plus grand chantier de l'humanité de l'époque contemporaine », - a déclaré le président Abdoulaye Wade en clôturant le sommet. « Le désert est un cancer qui progresse on doit le combattre. C'est pour cela que nous avons décidé ensemble de mener cette bataille titanesque » a-t-il affirmé. « Avec la Grande muraille nous avons en perspective l'arrêt du désert mais au-delà la colonisation du désert », a assuré le professeur Wade ajoutant que « nous n'avons plus le droit de regarder sans rien faire la destruction de l'Afrique ». D'ailleurs, les participants du sommet ont pris la décision de procéder à la réalisation de ce projet dans trois ans. Je pense, - écrit Alexeï Grigoriev que le fait que les bandes forestières de plusieurs centaines de kilomètres soient devenues de vraies forêts dans les régions arides de la Russie, peut leur donner davantage de confiance dans leurs propres forces. On peut aussi rappeler la Grande muraille verte qui a séparé le désert de Gobi des régions fertiles de la Chine. Du temps passera et une muraille verte de 7 000 km de long traversera d'ouest en est tout le continent africain pour enrayer l'avance des déserts.