Le nombre des victimes du double attentat qui a secoué vendredi le nord-ouest du Pakistan se monte à plus d'une centaine de morts et autant de blessés. De nombreuses victimes étaient déjà estropiées. Ce jour-là une foule nombreuse s'est rassemblée à proximité de l'épicentre de l'explosion. Il s'agissait des handicapés qui devaient recevoir des fauteuils roulants.
Selon la police deux explosions ont retenti à quelques secondes d'intervalle dans la localité de Yakka Ghund de la zone tribale de Mohmand. Le premier attentat a été perpétré par un motard kamikaze en plein centre de la place du marché. Les experts ignorent encore comment s'est retrouvé sur la place le seconde kamikaze chargé d'explosifs.
On pense que les terroristes visaient surtout le bureau du chef de l'administration locale situé à proximité de la place du marché. Ce jour-là à côté du bâtiment de l'administration il y avait la distribution des fauteuils roulants pour handicapés et plusieurs centaines de gens se sont rassemblés pour l'occasion. Le double attentat a fait de nombreuses victimes et causé des dégâts au bâtiment de l'administration, aux commerces avoisinants et à la prison locale. Plusieurs détenus se sont évadés à la faveur de la panique qui a suivi.
Le nombre des victimes pourraient être revu en hausse puiseque les décombres n'ont pas encore été fouillées et il y aurait sans doute des personnes ensevelies. Il est pourtant clair qu'il s'agit du plus meurtrier des attentats de ces derniers temps. Ce crime n'a été revendiqué par personne mais les experts tendent à l'imputer aux talibans et à Al Qaïda.
Le fait est que la région de Mohmand fait partie de la soi-disant zone tribale qui s'étire le long de la frontière afghane. Le pouvoir y est exercé par les chefs tribaux et les doyens. L'état n'est visible qu'à travers ses fonctionnaires qui s'entendent avec les chefs mais ne les contrôlent pas.
La zone tribale sert de base arrière à de nombreux combattants talibans et d'Al Qaïda. C'est seulement en septembre 2009 que les troupes gouvernementales y ont lancé une opération et ont prétendu avoir délogé les moudjahiddins. Mais tout n'est pas aussi simple, souligne Vladimir Sotnikov, expert du Centre de sécurité internationale de l'Institut des relations internationales de l'Académie des sciences.
Il s'agit d'un attentat meurtrier de plus qui montre qu'au lieu de s'apaiser, la vague de terrorisme et de violence au Pakistan ne fait que s'accentuer. Le fait que le double attentat n'ait été revendiqué par aucun groupement terroriste est loin de démontrer que les terroristes ont rejoint la clandestinité. Je crois qu'il y aurait derrière cet attentat une ramification pakistanaise des talibans afghans ou une cellule du réseau terroriste international d'Al Qaïda. C'est leur réponse à la lutte contre la terreur et la violence que mène le gouvernement du Pakistan. Ils cherchent également à intimider la population locale qui coopère avec le gouvernement pour la prévention des actes terroristes.
Signalons aussi que les explosions à Yakka Ghund se sont produites à peu près au moment ou deux sénateurs américains ont rencontré des responsables pakistanais à Islamabad pour discuter des questions de coopération américano-pakistanaise dans la lutte contre le terrorisme.
