Alexeï Grigoriev, notre observateur et auteur de la rubrique hebdomadaire « Gros plan sur l'Afrique », propose à votre attention une note « La République Démocratique du Congo a marqué les 50 ans de son indépendance », suivie du traditionnel aperçu des événements « L'Afrique -écho de la semaine ». Vos réactions sont attendues sur e-mail de l'auteur yazon@ruvr.ru
L'histoire postcoloniale de la République Démocratique du Congo a commencé le 30 juin 1960, événement d'il y a 50 ans largement célébré à travers le pays. Les principales solennités - intervention du président Joseph Kabila et le défilé militaire - se sont déroulées, bien sûr, dans la capitale Kinshasa. Parmi les hôtes de marque figuraient : le roi Albert II des Belges, encore trois monarques, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, ainsi que les chefs d'Etats et de gouvernements de 18 pays. « Le Réveil du géant, RDC, paradis terrestre » - est l'énorme banderole devant la tribune officielle qui définissait symboliquement l'avenir du Congo. Il semble, toutefois, que le grand pays commence à peine à s'éveiller, sans dire qu'il est loin encore d'un paradis terrestre, écrit notre observateur Alexeï Grigoriev. L'avenir radieux de son pays a été évoqué il y a 50 ans par le chef du premier gouvernement du Congo indépendant Patrice Lumumba, aussitôt qu'il eut signé après le roi Baudouin des Belges l'acte, mettant fin à plus de 80 ans de domination coloniale de la Belgique au Congo. Il faut dire que les archives du cinéma à Bruxelles ont gardé ses séquences historiques avec des commentaires d'un chroniquer belge, et je voudrais qu'on les entende maintenant, cinquante ans après, écrit notre observateur.
Le chef du premier gouvernement du Congo indépendant Patrice Lumumba et certains de ses partisans ont été torturés à mort le 17 janvier 1961. A partir de ce moment on doit, sans doute, décompter les quatre décennies de chaos politique au Congo. Les signes d'une sortie ne sont apparus qu'en 2006, après les premières élections démocratiques, à l'issue desquelles Joseph Kabila a été élu à la tête de l'Etat. En prenant la parole le 30 juin 2010, le président Kabila a invité ses compatriotes à « engager de manière résolue une révolution morale », cinquante ans après l'accession de leur pays à l'indépendance. Il les a appelé à « punir sans complaisance l'atteinte à la vie et à la dignité humaine, le viol, le tribalisme, le régionalisme, le favoritisme, l'irresponsabilité, le vol, le détournement des deniers publics, ainsi que tout autre forme d'antivaleur », des maux régulièrement dénoncés dans les rapports d'ONG, mais aussi de l'ONU. M. Kabila a par ailleurs estimé que « le cinquantenaire n'est pas un anniversaire ordinaire, c'est un moment particulier d'évaluation en vue d'un nouveau départ », énumérant comme acquis entre autres « la préservation de l'unité nationale et de l'intégrité territoriale, le rétablissement de la paix à l'intérieur du pays et avec nos voisins ». Le chef de l'Etat congolais a également prôné le « culte de l'excellence » dans un pays où la corruption est endémique.
Toute l'histoire de la République Démocratique du Congo est celle des occasions manquées de faire valoir son richissime potentiel de développement dans l'intérêt du bien-être de sa population. Les sous-sols du pays recèlent des réserves d'importance mondiale de cuivre, cobalt, cadmium, bauxites, minerai de fer, diamant, or, argent, zinc, manganèse, étain, uranium. Voici un seul exemple - des dizaines de millions de téléphones mobiles et d'autres appareils électroniques dans le monde entier fonctionnent avec la colombite et le tantale, extraits au Congo. Selon l'évaluation des experts, les ressources naturelles nationales auraient pu procurer au pays jusqu'à 190 milliards de $ par an contre seulement 10 milliards de $ aujourd'hui. Et comme conséquence, pour le PIB par habitant en 2009 - 300 $ - la RDC avec sa population de quelque 60 millions a été en 227e position, ne dépassant que le Zimbabwe.
Ce n'est que ces années-ci que le Congo a commencé à sortir du chaos politique et du marasme économique pour s'engager dans la voie de développement civilisé. Et nous, les Russes, écrit notre observateur, devons constater que les autorités actuelles du Congo s'en sont prises aussi à la renaissance de la coopération politique et économique avec la Russie. Il convient de rappeler que l'Union Soviétique a reconnu la souveraineté du Congo et établi les relations diplomatiques avec lui pratiquement une semaine après la proclamation de l'indépendance - le 7 juillet 1960. Alors l'URSS a proposé au nouvel Etat son assistance humanitaire et militaire, qui a été rejetée sous la pression de la Belgique, comptant garder son influence dans son ancienne colonie.
Récemment, au premier forum d'affaires de nos pays à Moscou, tenu à l'initiative de la partie congolaise, le ministre des AE de la RDC Alexis Tambwe Mwamba a parlé de l'aspiration de son pays à rétablir une coopération d'affaires avec la Russie. C'est ce qu'il disait aussi dans son interview à notre radio...