Amour, Égalité, Fraternité. Et Tolérance

© RIA Novosti . Sergey Guneyev / Accéder à la base multimédiaSommet de la CEEA à Astana
Sommet de la CEEA à Astana - Sputnik Afrique
S'abonner
Noursoultan Nazarbaïev a déclaré que « la pauvreté et l’intolérance » étaient la raison principale des événements tragiques survenus au Kirghizstan. Il s’est exprimé ainsi lors d’une conférence de haut niveau de l’OSCE sur la tolérance et la non-discrimination qui s’est déroulée les 29 et 30 juin à Astana.

Noursoultan Nazarbaïev a déclaré que « la pauvreté et l’intolérance » étaient la raison principale des événements tragiques survenus au Kirghizstan. Il s’est exprimé ainsi lors d’une conférence de haut niveau de l’OSCE sur la tolérance et la non-discrimination qui s’est déroulée les 29 et 30 juin à Astana. En tant que président de l’OSCE, le Kazakhstan a réuni des hommes publics de 48 pays membres de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe, ainsi qu’un groupe de ses partenaires méditerranéens et asiatiques.

Ce forum pourrait être considéré comme une répétition générale du sommet de l’OSCE prévu pour la fin de l’année (d’ailleurs, aucune décision définitive n’a été encore prise à ce propos), et dans ce cas le thème du Kirghizstan est loin d’avoir été choisi au hasard.

Rappelons que la devise de la présidence du Kazakhstan contient quatre T prioritaires : trust (confiance), tradition, transparence et tolérance. C’est par le manque de tolérance qu’Astana explique les conflits interethniques endurcis dans l’espace de l’ex-URSS, notamment dans le Haut-Karabakh et en Transnistrie. La médiation dans ces deux régions ainsi que la régularisation du conflit en Afghanistan sont justement considérées par le Kazakhstan comme sa tâche primordiale.

Cela avait été déclaré dès le début d’année mais la mission s’est compliquée durant les derniers mois : hormis les anciennes zones de conflit suffisamment éloignées des frontières du Kazakhstan, les troubles se sont manifestés au Kirghizstan, son plus proche voisin et son parent historique. Des opérations de maintien de la paix décisives et rapides y sont désormais requises.

Le conflit kirghize est déjà devenu un événement mondial (incomparable à celui du Rwanda, mais tout de même), et la proximité géographique du Kazakhstan donne à ce dernier une raison de plus pour organiser le sommet de l’OSCE ici et maintenant...

Toutefois, ces problèmes importants mais sans relation directe avec le sujet de la conférence sur la tolérance ne doivent pas lui faire de l’ombre. Ou plutôt faire de l’ombre à l’absence de tolérance chez les hommes, chose à laquelle sont dus, sans doute, tous les conflits interethniques du monde, et pas seulement en CEI.

Dans cette situation Nazarbaev s’est trouvé contraint d’inviter à réviser foncièrement l’activité des missions de l’OSCE sur le terrain. Aujourd’hui, ils devraient accentuer les questions de tolérance ethnique et religieuse. De plus, il faudrait changer la politique linguistique, migratoire, religieuse, culturelle et éducationnelle des pays membres de l’organisation. « Je suppose que nous devons tous ensemble travailler sur la généralisation des changements culturels importants survenus durant ces dernières années. Ensemble, nous devons formuler un document que j’appellerais « L’OSCE : vers la tolérance dans la nouvelle décennie », a déclaré le président du Kazakhstan.

Les membres du forum n’ont pas rejeté cette initiative. « L’Alliance des civilisations » de l’ONU s’est même déclarée prête à soutenir Astana dans la mise en œuvre des engagements aux niveaux local, national et régional.

Il est cependant clair que la seule adoption des mémorandums, aussi remarquables soient-ils, ne changera pas la situation. À cet égard, Mevlüt Çavuşoğlu, le président de l’APCE, a fait remarquer qu’aujourd’hui des moyens importants étaient dédiés aux activités diverses de propagande pour la lutte contre la discrimination raciale, sexuelle etc. Cependant, il estime qu’en l’absence de « climat favorable » cet argent serait dépensé en vain. Quel est donc ce « climat favorable »? Les participants à la conférence estiment qu’un « cursus intensif » expliquant la tolérance et la non-discrimination devrait tout d’abord être enseigné aux forces de l’ordre et aux médias, et qu’il est primordial de commencer à cultiver le respect de la diversité dès le plus jeune âge. De plus, les écoles devraient proposer des cours à ce sujet.

Par ailleurs, les experts ont fait remarquer la nécessité de la création d’un organisme spécial au sein de l’OSCE pour chaque type de discrimination, y compris sexuelle. Ils ont d’ailleurs invité les pays à ne pas considérer les rapports homosexuels consentis en tant qu’infraction pénale. Les experts estiment qu’aujourd’hui les lesbiennes, les homosexuels et les bisexuels, sont soumis à la même discrimination que les groupes ethniques. Il a même été recommandé au Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’Homme de l’OSCE d’intégrer à ses rapports les informations sur la diversité sexuelle...

Fidèle à la tradition, la conférence s’est terminée par la déclaration d’Astana invitant les pays membres de l’OSCE à élaborer des mesures efficaces pour la prévention contre le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme, la discrimination et l’intolérance.

Il paraîtrait pourtant que la vraie finalité de ce genre de débats devrait résider dans la prise de la conscience de l’ampleur de cette tâche que s’impose la communauté mondiale en soulevant le thème de la tolérance ethnique ou de « la diversité sexuelle ».

Depuis la Révolution française, la démocratie occidentale a instauré diverses institutions gouvernementales dans le but d’appliquer deux de ses trois principes légendaires: la liberté et l’égalité. Mission accomplie tant bien que mal, en tout cas dans les pays où l’on peut parler de structures gouvernementales et de civilisation en tant que telles.

Or, le troisième principe, la fraternité, est tombé dans l’oubli. A preuve, aujourd’hui, les hommes politiques ne l’évoquent même pas. Pourtant, sans le troisième principe, les deux premiers n’ont plus grande valeur. Car en l’absence d’amour (il est même très bizarre d’en parler dans un texte ou un contexte politique) la tolérance d’autrui « différent » se réduirait à une irritation réprimée au fond de soi jusqu’à un certain temps, si nous parlons, bien sûr, des tempéraments vifs et violents des êtres humains (et cela ne concerne pas seulement les gens du Sud, plus querelleurs, d’ailleurs, que les autres), et pas des créatures impassibles comme des poissons.

La tolérance est une notion subtile, voire spirituelle, inaccessible en l’absence de la fraternité, disparue du vocabulaire politique, et de l’amour civique des uns envers les autres. Mais quelles sont les institutions gouvernementales qui pourraient permettre d’atteindre cet objectif ? N’oublions pas que les religions séculaires, voire millénaires, fondées sur la fraternité et invitant les gens à cette dernière ne peuvent pourtant pas se vanter de succès notoires.



Ce texte n’engage que la responsabilité de l’auteur

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала