Le potentiel de la coopération eurasienne

© RIA Novosti . Владимир Родионов / Accéder à la base multimédiaLe président Dmitri Medvedev, président du Bélarus Alexandre Loukachenko et le président du Kazakhstan Nursultan Nazarbayev
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Le 5 juillet, des réunions au sommet auront lieu dans la capitale kazakhe Astana dans le cadre des sessions du Conseil interétatique de la Communauté économique eurasiatique et de l’organisme dirigeant de l’Union douanière regroupant la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan.

Le 5 juillet, des réunions au sommet auront lieu dans la capitale kazakhe Astana dans le cadre des sessions du Conseil interétatique de la Communauté économique eurasiatique et de l’organisme dirigeant de l’Union douanière regroupant la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan.

Au cours de ces réunions, une déclaration commune doit être signée stipulant l’entrée en vigueur, le 1er juillet 2010, de l’Accord sur le Code des douanes et sur l’achèvement de la constitution du territoire uni de l’Union douanière dans le cadre de la Communauté économique eurasiatique. Est déjà entré en vigueur le nouveau code réglementant les exportations et les importations des marchandises par les citoyens de l’Union douanière pour leur usage personnel. Sont désormais exempts de droits de douane et de taxation les articles importés par les personnes physiques dans leurs bagages si la valeur de ces importations ne dépasse pas 1500 euros et que leur poids total n’excède pas 50 kg. La Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan ont, par ailleurs, réussi à se mettre d’accord sur la façon de réglementer les droits de douane sur les véhicules importés.

C’est l’heure de vérité qui arrive donc pour ceux qui ont participé à la préparation des documents de base définissant le concept du nouveau projet d’intégration sur le territoire postsoviétique. Les débats prolongés sont terminés, le consensus a été atteint sur la plupart des questions litigieuses et l’Union douanière peut désormais, après une brève mise en place, se mettre à fonctionner à plein régime.

Ce sont justement ces sujets-là qui ont été abordés par le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev dans son discours prononcé au cours de cette semaine au Troisième forum économique d’Astana. Le sens général de son discours a été de reconnaître que le potentiel de coopération entre l’Europe et l’Asie n’avait pas été entièrement exploité jusque-là mais que l’espoir venait d’apparaître, toutefois, que le document général définissant les principes-clefs de l’intégration eurasienne permettrait aux projets concurrents au niveau régional d’être regroupés dans le cadre d’une idéologie commune et de motifs communs de développement.

A partir du 1er janvier 2010, date à laquelle l’Union douanière réunissant la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan est officiellement entrée en vigueur, des débats houleux ont sévi au sujet de son impact réel sur le développement économique de la Russie et de ses partenaires. Les forces de l’opposition au Kazakhstan ont fait de nombreuses déclarations tonitruantes en accusant la Russie de tentatives de « rétablir l’empire » par le truchement de mécanismes de l’Union douanière. Les PME du Kazakhstan ont, en effet, éprouvé de grandes difficultés ayant pâti des changements de droits de douane sur certains articles.

La Biélorussie a créé des difficultés à son tour, son gouvernement étant entré en conflit ouvert et public avec Moscou en exigeant que des conditions particulières soient maintenues émanant des accords sur l’imposition des produits pétroliers et sur les droits de douane concernant l’importation des véhicules par les personnes physiques.

Tout n’est pas parfait du côté russe non plus, même si c’est Moscou qui constitue le pivot central et la charnière de ce processus d’intégration en jouant le rôle d’intermédiaire aux pourparlers compliqués entre le Kazakhstan et la Biélorussie. Il est tout à fait possible que les critiques à l’égard de l’Union douanière de la part de certaines forces politiques soient dues à une implication insuffisante de l’opinion publique dans les débats sur ce projet au Kazakhstan et en Biélorussie, à une présentation déficiente des activités de l’Union dans les médias, à une propagande insuffisante des avantages qui apparaîtront après l’entrée en vigueur de tous les accords relatifs à l’Union douanière. Malheureusement, l’Union douanière est très souvent perçue comme un projet purement bureaucratique sans avantages tangibles pour les PME.

Ce sont les exemples positifs qui manquent dans les médias pour démontrer aux hommes d’affaires des trois pays les avantages concurrentiels offerts par l’intégration eurasienne. Il s’agit là d’un problème grave, car il est évident qu’un travail intense sera requis au cours des deux ou trois ans à venir pour que tous les mécanismes de l’Union se mettent à fonctionner sans anicroches. Pendant cette période de transition, une présentation appropriée du projet dans les médias sera cruciale tout comme la solidarité des élites nationales des trois pays à l’égard de l’Union douanière. Or, la dernière réunion des représentants des milieux des affaires avec les instances douanières a démontré que toutes les contradictions existantes dans la législation étaient loin d’être éliminées.

Néanmoins, en parlant de la mise en place d’un nouveau modèle mondial qui sera à l’ordre du jour après la crise, le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev entend par là non seulement les grands défis qui se présentent au G20. Le modèle global étant constitué par de petits projets, c’est d’ores et déjà que les premiers éléments de ce nouveau modèle peuvent très bien être mis en place dans l’espace eurasien.

Les chefs d’État de la Russie, de la Biélorussie et du Kazakhstan espèrent que l’Union douanière servira d’une impulsion puissante à l’amélioration de la compétitivité des économies nationales des pays respectifs. En unissant leurs potentiels, les trois pays créent les conditions nécessaires à l’émergence de leur projet de modernisation commune.

Il est évident que toutes les contradictions internes et les conflits d’intérêts doivent reculer devant un objectif plus noble, à savoir une coopération hautement efficace et mutuellement profitable. C’est cette coopération-là qu’évoquait le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev il y a 16 ans dans son discours prononcé à l’Université de Moscou. A cette époque-là, son concept de coopération eurasienne pratique s’était heurté à un certain scepticisme de la part de nombreux hommes politiques.

Or, maintenant, après le 5 juillet 2010, les partisans de l’intégration eurasienne auront des arguments beaucoup plus nombreux. Ce qui importe, c’est que les contradictions secondaires ne fassent pas capoter ce grand projet. Et même si la Biélorussie continue à insister sur sa « vision particulière » de toute une série de questions, les experts, dans leur majorité, sont d’avis que c’est dès juillet 2010 que l’Union douanière pourra devenir une union vraiment tripartite. Et ensuite, rien n’empêchera ce grand projet d’avoir un grand avenir.


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