Une exposition inédite intitulée Victoire! La guerre à l'Est a été inaugurée dans la ville de Caen, en Basse Normandie, lieu du célèbre débarquement des alliés en juin 1944. Pour la première fois de son histoire le Mémorial de Caen a accueilli une grande exposition consacrée aux événements du front de l'Est. Notre correspondant Anton Nikolski s'est rendu à cette exposition organisée dans le cadre de l'année croisée France-Russie.
Le Mémorial est un haut-lieu d'histoire. D'histoire(s) au singulier et au pluriel. Le débarquement des alliés et la bataille de Normandie. Le monde avant et après 45. La guerre froide et le mur de Berlin. Tels sont les parcours que l'on propose dans ce musée où tout témoigne, tout parle, tout émeut.
Pour rester à la pointe de la muséographie, le Mémorial de Caen vient d'achever sa plus grande transformation depuis sa création. Dernière étape du chantier : l'espace Guerre mondiale, guerre totale où les visiteurs approchent de manière inédite la réalité de la guerre et qui accueille d'une façon naturelle les expositions temporaires comme celle que je viens voir peu après son inuguration.
« Victoire! La guerre à l'Est. Une exposition inédite du 23 juin au 1 décembre 2010 », dit l'affiche. Ne manquez pas la première exposition de cette importance sur la guerre menée à l'Est qui a conduit à l'écrasement de Berlin et à la fin du régime nazi »
« Victoire » est une exposition russe. C'est-à-dire que la rédaction des textes ainsi que la chronologie de la guerre est le fruit d'un travail collectif entre 8 musées russes de la « grande guerre patriotique » et différentes archives dont les Archives nationales de la Fédération de Russie.
La grande guerre patriotique? Le mot sur le stand d'entrée, signé par Serguei Mironenko, directeur scientifique du projet, explique que la grande guerre patriotique est une composante essentielle de la seconde guerre mondiale. Dans la consicence des Russes, elle est une des plus tragiques pages de son histoire.
Pour le monde occidental ce fait est souvent à découvrir, comme on découvre, avec émotion, que l'URSS a perdu 27 millions de ses concitoyens.
Je vois un couple de personnes âgés qui étudient un des stands.
Au Mémorial de Caen, l'histoire est dans le détail. Comme dans ces témoignages dus à une fillette russe de 10 ans, Olga Golossova, qui a vécu à Kalouga en 1942. Des affiches de l'époque, des objets du quotidien de la guerre, des chansons patriotiques, tout est là pour vous plonger dans l'histoire, faire interroger vos consciences. Plusieurs objets et œuvres et objets présentés dans le cadre de Victoire, la guerre à l'Est, sont des témoignages exceptionnels qui n'ont jamais été exposés en France. Comme l'authentique affiche « La mère-Patrie appèle », l'odre de la Victoire, la plus haute distinction militaire soviétique, une photo de soldats russes devant le globe d'Hitler ou encore le téléphone personnel, la veste et la pipe de Staline. Et puis il y a des photos de combats et des chiffres qui ne peuvent vous laisser indifférent, surtout ici en Normandie, où la guerre a laissé une trace très profonde.
Mon autre interlocuteur est un Britannique qui sont toujours très nombreux dans les musées de Normandie. Il s'appelle Paul. Je l'ai remarqué quand il prenait des notes devant le stand racontant l'histoire de la Bataille de Stalingrad.
On ne peut pas passer indifférent devant les photos du siège de Léningrad lors duquel plus de 600 mille personnes sont mortes de faim. Voilà une photo montrant que les cadavres étaient traînés dans les rues avec un bout de corde. Il y n'y avait même pas de cercueils pour les enterrer. Tout le bois était utilisé pour le chauffage avec les froids de moins 30. On ne passe pas indifférent non plus devant le cartes de rationnement (5 grammes de matière grasse par personne pour les actifs, ou ces jouets, sobres, des enfants de la guerre.
Même si tout est fait, pour que les visiteurs ne s'ennuient pas, ce n'est pas le but essentiel de l'Exposition ni du Mémorial dans son ensemble. Ce qui importe pour ces lieux de témoignage c'est que l'on apprenne à comprendre notre histoire commune et à interroger nos consicences. Par la découverte et la remise en question.
C'était un reportage de notre correspondant Anton Nikolski du Mémorial de Caen. Il a visité l'exposition Victoire! La guerre à l'Est. Organisée dans le cadre de l'année croisée France-Russie, cette exposition sera ouverte jusqu'au 1 décembre 2010.