Un régime d'austérité budgétaire - oui, mais sans aucun engagement concret de la part des participants. La régulation des marchés financiers est remise à plus tard, les divergences restant insurmontables - voilà le résultat du sommet G20 à Toronto. Même la déclaration commune, juridiquement non contraignante, a été adoptée non sans problèmes. Le président des Etats-Unis Barack Obama faisaient clairement comprendre aux chefs d'Etats de l'UE : faites comme nous - financez les investissements et si l'argent manque, empruntez. Mais les Européens ont campé fermement sur leurs positions : ils ont une autre ligne - celle de réduire les déficits budgétaires.
La plupart des pays, avec l'Allemagne à leur tête, ont annoncé avec fierté les réductions prévues des déficits budgétaires en 2010 et dans les années prochaines. Or, ce n'est que la partie visible de l'iceberg. L'autre - cachée - concerne les nouveaux emprunts, dont il faudrait pas parler à voix haute. Leur montant, néanmoins, couvre largement les réductions relativement faibles des déficits budgétaires. La France, l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie sont prêtes à accroître la dette publique de plusieurs centaines de milliards d'euros. Rouslan Grinberg, directeur de l'Institut de l'Economie, membre correspondant de l'Académie des Sciences de Russie, est persuadé que les Européens n'ont tout simplement pas d'autre solution en ce moment :
Je pense que les pays auront à rechercher un équilibre entre l'encouragement de la croissance et une augmentation du déficit budgétaire (alors qu'il faut le réduire). Il paraît que là il n'y aura aucune coordination, chaque pays fera quelque chose. Quant à la réduction du déficit public : les descendants auront à payer d'une manière ou d'une autre. Pour les politiques il importe que les gens travaillent et ne restent à rien faire dans la rue.
Durant des années les leaders de l'UE faisaient vivre leur pays au-dessus de leurs moyens. Et ils ne seront pas en mesure de donner brusquement des coups de sabre dans les dépenses budgétaires. La direction de l'UE ressemble à un cycliste qui a prit le maximum de vitesse : en freinant subitement, il risque de tomber du vélo.
Par ailleurs, des économistes européens de renom parlent de plus en plus souvent en termes peu respectueux du projet UE. L'ancien chancelier de la RFA Helmut Schmidt considère la communauté de 27 Etats incapable d'agir. D'autres, regardant la Banque Centrale Européenne et la Commission Européenne s'efforcer à maintenir la stabilité de l'euro à tout prix, y entrevoit un début du déclin. Et ces derniers deviennent sans cesse plus nombreux.