Selon la commission électorale centrale kirghize, plus de 90 % des électeurs ont voté pour l'adoption d'une nouvelle Constitution de la république. Ainsi, le Kirghizstan, le premier pays de l'Asie centrale à avoir tenu un référendum populaire sur cette question, va tenter de devenir une république parlementaire.
A présent, la cheffe du gouvernement intérimaire, Roza Otoubaeva, obtient pour les 18 mois prochains le statut officiel de la présidente de la république, habilitée à décréter les élections législatives. Roza Otoubaeva ne cache pas sa satisfaction par les résultats du référendum :
Une nouvelle Constitution de la république de Kirghizie a été adoptée, en dépit d'une opposition farouche des adversaires de cette Constitution. Plus de la moitié de citoyens du pays se sont déplacés aux urnes. Par là même le peuple a tiré un trait sur l'époque de gouvernement clanique autoritaire de deux présidents précédents.
En réalité le référendum tenu ce n'est que le début. Un remaniement sérieux attend le nouveau Cabinet des ministres. Mais les autorités promettent de garder pour le moment la ligne politique : la Kirghizie honorera tous ses engagements et accords internationaux, tandis la priorité sera donnée aux liens avec les voisins les plus proches - la Russie, la Chine et le Kazakhstan. Or les voisins et le reste du monde restent pour le moment sceptiques quant aux résultats du vote. Ainsi le président de Russie Dmitri Medvedev a dit à ce sujet :
C'est une affaire intérieure de la Kirghizie, Etat souverain. Mais vu que déjà les autorités manquent de forces pour maintenir l'ordre, la légitimité du pouvoir est faible, et son soutien pose des questions. Je ne vois pas très bien comment le modèle de république parlementaire va-t-il fonctionner en Kirghizie. Et au bout du compte, cela ne va-t-il pas concourir à l'arrivée au pouvoir des forces à caractère extrémiste ?
De nombreux experts notent que les difficultés proviendront avant tout de l'absence d'un système politique mûr en Kirghizie. La république et son nouveau pouvoir pourront tout simplement ne pas être en mesure de résoudre tous les problèmes internes, admet l'expert à l'Institut des études stratégiques Adjar Kourtov.
La difficulté majeure reste l'absence d'un pouvoir fort. La décision de tenir le référendum peut être considéré sous cet angle-là : l'opposition arrivée au pouvoir n'a pas su se mettre d'accord et proposer un leader unique. Et donc tôt ou tard elle devra en trouver un, capable de prendre sous contrôle la situation dans le pays. Mais alors il n'y a pas de garantie de ce que la Constitution de république ne soit réécrite.