La Russie vue par la presse francophone le 25 juin

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La Russie reprend ses livraisons de gaz à la Biélorussie/ Obama et Medvedev affichent leur entente cordiale/ Obama et Medvedev affichent leur entente cordiale

La Tribune

La Russie reprend ses livraisons de gaz à la Biélorussie

Le différend gazier qui opposait depuis le début de la semaine la Russie et la Biélorussie a trouvé jeudi un heureux dénouement. Gazprom a accepté de rouvrir pleinement les vannes vers la Biélorussie après que le pays « a payé sa dette pour les livraisons de gaz russe accumulée depuis début 2010 », a indiqué son patron Alexeï Miller. Minsk a versé 187 millions de dollars à Gazprom.

« Nous regrettons qu'un conflit ait éclaté », a déclaré le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, à l'issue d'un entretien avec le patron de Gazprom, Alexeï Miller. « Nous espérons que cela ne se reproduira pas [...]. Nous devons parler avec nos partenaires et régler tous les différends dans une atmosphère de travail normale et amicale », a-t-il ajouté. Les déclarations apaisantes du Premier ministre ne devraient pas suffire à calmer les inquiétudes de l'Union européenne qui se retrouve une fois de plus prise en otage d'un conflit gazier entre la Russie et l'un de ses voisins. En décembre 2009, la Russie avait coupé le gaz à l'Ukraine, plongeant plusieurs pays européens dans de graves difficultés. La Lituanie, qui dépend intégralement de la Russie pour ses approvisionnements en gaz, a fait face mercredi à une chute de 40 % de ses approvisionnements.

FrictionsL'inquiétude est d'autant plus grande que le différend entre Moscou et Minsk n'est pas entièrement résorbé. Des frictions persistent sur la question des frais de transit que doit honorer la Russie pour le passage de son gaz sur le territoire biélorusse. Minsk réclame à la Russie 260 millions de dollars. Or, Gazprom n'a versé que 228 millions de dollars. Le ministre biélorusse de l'Energie, Alexandre Ozerets, a indiqué que les 228 millions de dollars représentaient 87 % de la dette de Gazprom envers Minsk et ajouté : « On peut voir cela comme un paiement d'avance. » Un peu plus tôt, le vice-Premier ministre biélorusse Vladimir Semachko avait menacé d'introduire « une limitation du transit de gaz proportionnellement aux impayés ».

Le Figaro

Obama et Medvedev affichent leur entente cordiale

Le président américain a reçu, hier, son homologue russe en insistant sur leurs convergences sur les grands dossiers.

Quand on interroge les conseillers de Barack Obama sur les chefs d'État ou de gouvernement avec lesquels il a réussi à établir une relation personnelle privilégiée depuis son arrivée au pouvoir, le nom du président russe, Dmitri Medvedev, est souvent cité en tête de liste, au côté de celui du premier ministre indien... Surprenant à première vue, étant donné les formidables différences de culture politique qui séparent les deux hommes et leurs deux pays - démocratie d'un côté, régime de plus en plus autoritaire de l'autre -, le détail en dit long sur la lecture délibérément optimiste que l'Administration américaine fait de la « relance » de sa relation avec la Russie.

Le chaleureux accueil que Barack Obama a réservé hier à son hôte à la Maison-Blanche, où les deux hommes se sont retrouvés pour des entretiens sur les grands dossiers - Iran, Corée, G8 et G20 - avant d'aller déjeuner et présider ensemble un sommet dédié aux relations économiques bilatérales, jugées « sous-développées », parle de lui-même. Le numéro un américain s'est dit « très content » des « pas concrets réalisés depuis 18 mois ». « Le président Medvedev et moi-même avons délibérément essayé d'éviter de définir les relations russo-américaines comme un jeu à somme nulle », a-t-il expliqué, selon l'agence Interfax, en référence aux réflexes de la guerre froide, quand toute bonne nouvelle pour l'un des supergrands était une mauvaise nouvelle pour l'autre.

À en croire les conseillers de Barack Obama, la relation « exceptionnellement forte et proche » des deux présidents a beaucoup fait pour améliorer le climat, très dégradé à la fin de l'ère Bush, marquée notamment par l'invasion de la Géorgie. Le fait qu'ils soient tous deux « des juristes » a joué, a expliqué Ben Rhodes, qui a précisé qu'Obama et Medvedev avaient passé des heures au téléphone sur le détail de leurs accords sur le nucléaire ou sur l'Iran.

Mais l'Administration estime que c'est surtout sa philosophie générale qui a porté ses fruits : définir les sujets d'intérêt national communs sur lesquels les deux parties pouvaient avancer ensemble, au lieu de se concentrer sur les désaccords. « Notre pari était que nous pouvions améliorer notre relation avec la Russie, sans sacrifier nos relations avec nos amis » d'Europe de l'Est (NDLR), expliquait récemment le secrétaire adjoint aux Affaires européennes, Phil Gordon, devant le German Marshall Fund.

Désaccord sur la Géorgie

De ce point de vue, les Américains estiment que la récolte a été très fructueuse : signature d'un accord de désarmement nucléaire Start, ralliement de la Russie à de nouvelles sanctions contre l'Iran et la Corée du Nord. Un accord a aussi été signé pour faciliter le transit des troupes américaines vers l'Afghanistan. « Ce n'est pas mal en 18 mois, vu le point d'où on était parti », s'est réjoui Gordon. En contraste avec les difficultés rencontrées en Afghanistan ou au Moyen-Orient, la politique russe est clairement vue comme un franc succès, même si des désaccords « profonds » demeurent sur la sécurité européenne ou la Géorgie.

Hier, le président Obama a appelé la Russie à travailler avec l'Amérique sur la question de la défense antimissile, un irritant qu'il voudrait transformer en gisement de coopération. L'abandon du projet de bouclier antimissile de Bush par Obama a temporairement calmé la colère russe. Mais le nouveau projet de l'Administration pour contrer la menace iranienne inquiète toujours Moscou.

L'Amérique espère aussi des avancées économiques. Huitième puissance du monde par son économie, la Russie n'est que le 25e partenaire commercial des États-Unis... La visite de Dmitri Medvedev dans la Silicon Valley et son plaidoyer en faveur d'une politique d'innovation apparaissent à Washington comme l'occasion rêvée de pousser Moscou à aller vers une économie plus transparente...

Ce tableau très rose ne convainc toutefois pas tout le monde. L'ancien sous-secrétaire adjoint aux Droits de l'homme de Bush, David Kramer, désormais chercheur au GMF, où il a donné la réplique à Phil Gordon, estime qu'il est beaucoup « trop tôt » pour « parler de succès ». Il invoque le document de politique étrangère produit récemment par le gouvernement russe et ses passages « très effrayants » sur ses intentions dans son ex-empire. « Nous ne portons pas assez d'attention au reste de la région », dit-il, appelant à ne pas vendre « les Géorgiens et les Moldaves » au nom d'une bonne relation avec les Russes.

De manière générale, nombre d'observateurs s'interrogent sur la capacité de l'Administration à s'accommoder longtemps du durcissement spectaculaire de la politique intérieure russe, où les opposants politiques sont poursuivis et la liberté de parole bafouée. Mais pour Phil Gordon, le tableau interne n'est pas aussi noir. « Certains développements donnent l'espoir de voir émerger une Russie plus démocratique », dit-il.

Le Figaro
Le douloureux dossier des enfants Russes adoptés aux États-Unis

AU MOIS d'avril dernier, Artiem Saviliev, 7 ans, un blondinet au regard triste et perdu, atterrissait à l'aéroport de Domodedovo en provenance des États-Unis, avec une note dans sa poche. Dans cette lettre, adressée aux autorités russes, Torry Hansen, mère adoptive américaine du garçonnet, expliquait qu'elle renonçait à l'enfant en raison de son « instabilité mentale ». « Il est violent et a un comportement psychopathologique grave », écrivait-elle, disant avoir été « trompée » par l'orphelinat russe où elle l'avait trouvé.

L'enfant avait été adopté six mois plus tôt et voyageait sur un visa parvenu à expiration. La grand-mère, Nancy Hansen, qui avait accompagné l'enfant jusqu'à Washington DC, a justifié la décision de sa fille en dressant un portrait effrayant de l'enfant. En dépit de son jeune âge, il frappait, crachait et menaçait son entourage, a-t-elle rapporté. Il aurait fait un dessin de la maison entourée de flammes, en précisant qu'il allait y mettre le feu pour brûler toute la famille. Celle-ci n'a pas supporté. Un « désir d'enfant »venait de se transformer en tragédie et en scandale international. 

L'épisode a en effet horrifié la Russie comme l'Amérique, contribuant à tendre les relations entre les deux pays. Le président russe, Dmitri Medvedev, a qualifié le renvoi de l'enfant d'« action monstrueuse », expliquant à la chaîne américaine ABC qu'il avait des inquiétudes sur le traitement récent des orphelins russes adoptés par des familles américaines. Une quinzaine d'enfants russes ont été tués par leurs parents adoptifs depuis le début des années 1990. Dans la foulée du renvoi d'Artiom Saviliev, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a annoncé un « gel des adoptions » jusqu'à ce que les États-Unis et la Russie se mettent d'accord sur une convention bilatérale d'adoption. Le sujet devait être abordé hier entre Medvedev et Obama.

En Russie, la question de l'adoption d'enfants russes à l'étranger reste un sujet sensible, que le pouvoir chevauche parfois avec une certaine hypocrisie, jouant sur le registre antiaméricain qu'il affectionne pour dénoncer les « tueurs d'enfants » d'Amérique... Cette politisation du débat cache en réalité une douloureuse et complexe réalité, sur laquelle l'hebdomadaire Time a récemment enquêté. Dans le reportage saisissant réalisé par le journal, on découvre que sur les 58 000 familles ayant adopté des enfants russes, près de 4 000 ont décidé de renoncer à leurs droits parentaux en raison des problèmes psychiatriques lourds que les jeunes enfants avaient révélés.

Ces statistiques impressionnantes sont méconnues car beaucoup de parents, honteux d'avoir abandonné leurs enfants adoptifs, gardent le silence. Ces problèmes, plus fréquents chez les enfants russes - notamment parce qu'ils sont adoptés plus tardivement -, proviendraient des séquelles laissées par leur petite enfance ou leur passage par les orphelinats russes. De ce point de vue, l'arbre du drame vécu par Artiom Saviliev cache la forêt de la misère sociale profonde dans laquelle vivent des millions d'orphelins en Russie.





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