La Fédération internationale de football a annoncé à l’étape intermédiaire du Mondial qu’elle était entièrement satisfaite du niveau d’arbitrage au championnat d’Afrique du Sud. Cette déclaration a suivi les images sans cesse transmises par toutes les chaînes de télévision sportives du monde montrant des lapsus incroyables des arbitres expulsant injustement du terrain des joueurs qui n’avaient pas commis de gestes dignes du carton rouge, n’ordonnant pas de penalties indiscutables, accordant des buts marqués à la main (il suffit de se rappeler le but marqué à la main par Luis Fabiano contre l’équipe de Côte d’Ivoire), négligeant des buts marqués justement (par exemple, celui marqué par l’équipe des États-Unis contre l’équipe de Slovénie, pour un score de 2 à 2), interprétant les épisodes comme bon leur semblait en dépit des règles du jeu. « L’interprétation d’épisodes similaires dans deux matches différents a de quoi rendre fou : malheureusement, l’interprétation unifiée des règles du jeu fait défaut », constate Konstantin Vikhrov, ancien célèbre arbitre de niveau international.
Pour complaire obligatoirement à tous les continents, même à ceux où le football n’est pas bien développé, pour ne pas dire plus, la FIFA s’est trompée, semble-t-il, elle-même. L’arbitre malien, Koman Coulibaly, qui n’avait jamais arbitré de matches entre équipes de haut niveau (clubs et sélections) à la différence, par exemple, du Britannique Howard Webb, n’a pas manqué de faire des gaffes lors du match États-Unis - Slovénie. Il a eu affaire à un jeu si vertigineux qu’il n’a pu suivre tous les déplacements ce qui le rendait nerveux et incertain, il n’a pas remarqué toute une série d’infractions évidentes et a puni sans raison. Coulibaly a été instantanément écarté de l’arbitrage ultérieur en Afrique du Sud.
Il en a été de même lors du match Chili-Suisse arbitré par le Saoudien Khalil Al Ghamdi. Il a laissé, sans aucune raison, la sélection suisse en minorité pendant une heure et a influé sur le résultat du match en validant l’unique but marqué par la sélection chilienne alors que ses joueurs se trouvaient « hors jeu ».
La tendance à assurer une représentation continentale dans l’arbitrage des matches du championnat du monde ne conduit à rien de bon. C’est un principe artificiel qui ne profite pas au développement du football et, surtout, qui met en doute les résultats du championnat.
L’équipe de France est une des rares à ne pas avoir de raisons de se plaindre d’un arbitrage injuste. Son échec est foudroyant sur le plan du jeu et du comportement. En ce qui concerne le football en tant que tel, les Français qui étaient récemment détenteurs des titres de champions du monde et d’Europe se sont avérés tout à fait impuissants en Afrique du Sud. Leur jeu a été marqué par des manœuvres indistinctes, une incapacité à changer de tactique durant le match, ce qu’ont appris à faire même des sélections faibles comme celles de Nouvelle-Zélande, de Slovaquie, de Corée du Nord ; ses joueurs affichent des vitesses ridicules et s’arrêtent après avoir perdu la balle. En dehors du terrain, les stars françaises se sont distinguées par des scandales au sein de l’équipe qui ont étonné le monde du football, des chamailleries, des boycotts, le refus de s’entraîner et de participer aux matches. Le président français Nicolas Sarkozy a dû intervenir, en appelant le ministre français des Sports à mettre de l’ordre dans l’équipe et en convoquant l’attaquant Thierry Henry considéré par le chef de l’État comme l’unique représentant de la sélection apte à fournir des informations véridiques sur ce qui s’était passé.
Bien entendu, toute la responsabilité a été attribuée à l’entraîneur Raymond Domenech, considéré comme faible, bien que, grâce à lui, l’équipe de France ait été qualifiée pour la finale du championnat du monde il y a quatre ans. S’il n’y avait pas eu l’incident bien connu entre Zinedine Zidane et Marco Materazzi qui s’était terminé par l’exclusion du capitaine français, la France aurait parfaitement pu gagner le match décisif.
Certes, on a prétendu à l’époque que l’équipe s’entraînait et jouait comme elle pouvait et que Domenech restait en retrait. Zidane était un leader incontesté qui a su souder le collectif constitué, comme aujourd’hui, de représentants de cultures et de religions différentes ayant des points de vue différents non seulement sur le football, mais aussi, sur la vie.
Zidane ne fait plus partie de l’équipe de France. Quant à Domenech, après la médaille d’argent remportée en 2006, il a probablement cru, et il en a persuadé la Fédération française de football, figurer parmi les grands noms, selon les notions actuelles, du football mondial. Il s’est avéré qu’il ne l’était pas. Cependant, cette circonstance ne justifie probablement pas ce comportement indigne de sportifs (et d’hommes), des meilleurs footballeurs français qui ont stupéfié non seulement les supporters de leur pays, mais aussi tous ceux qui suivent les matches du championnat du monde.
Déjà le premier match nul contre l’Uruguay a montré que les « stars » n’étaient pas prêtes à jouer un jeu sérieux. D’ailleurs, elles l’ont probablement compris aussi et se sont mis à chercher des coupables de leur propre inconsistance partout, sauf dans leurs propres rangs.
Le football français est habituellement considéré comme l’un des cinq plus forts en Europe. A en juger par les tableaux de classification des clubs de l’UEFA, il faut reconnaître qu’il en est vraiment ainsi, la France étant la cinquième sur la liste. Mais ces derniers temps, les clubs français qui complètent constamment leurs rangs par des joueurs des pays d’Afrique ont été loin de remporter des succès importants dans les tournois européens et la majorité écrasante des meilleurs footballeurs français jouent en Espagne, en Grande-Bretagne et en Allemagne.
Les transferts de joueurs dans le monde contemporain du football constituent un phénomène vraiment stupéfiant. Sur 736 footballeurs sélectionnés pour le championnat du monde, 555, c’est-à-dire 75%, jouent dans des clubs européens. 112 joueurs des six sélections africaines représentées en Afrique du Sud (81% !) gagnent leur pain dans des équipes européennes. Ce n’est pas tout : 20 des 23 Brésiliens venus en Afrique du Sud et 18 des 23 Argentins jouent en Europe.
Ce processus est certainement irréversible, mais, par exemple, l’Inter de Milan, récent champion de la Ligue des champions, entièrement constituée de footballeurs étrangers, ou l’équipe Arsenal de Londres au sein de laquelle on ne peut voir un Britannique qu’à de grandes occasions, ne témoignent nullement de la force du football de l’Italie et de la Grande-Bretagne.
* Alexandre Gorbounov, journaliste du quotidien russe Sport den za dnem (Le Sport au jour le jour)
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