Le quotidien américain The Wall Street Journal a publié l'interview avec le président russe Dmitri Medvedev en l'illustrant avec les photos qui créaient une impression fausse de ce que le chef de l'Etat russe voulait dire.
Le pas du quotidien américain ressemble au trucage des média occidentaux de l'août 2008 lorsque les chaînes de télévision occidentales ont montré soi-disant le vidéo de « Gori détruit par l'aviation russe » et qui avait été, en réalité, tourné à Tskhinval après l'attaque des troupes de Saakachvili sur la capitale sud-ossète. Après l'assaut des troupes géorgiennes Tshkinval ressemblait à Stalingrad de 1943. C'était le résultat de la politique de Saakachvili qui disait que la « démocratie était au-dessus de tout ».
Peu de gens ont douté de l'objectivité des informations diffusées par les média américains. C'est bien plus tard qu'on a commencé à en parler lors des discussions sur l'étique des journalistes et sur le droit des gens d'avoir accès à une information crédible. On en a aussi parlé, bien sûr, lors de l'enquête internationale dont les résultats ont prouvé la responsabilité géorgienne dans le déclenchement du conflit.
Tout comme en 2008 les marketologues du journal The Wall Street Journal ont voulu jouer sur la confidence de leurs lecteurs. Ils ont illustré l'interview de Dmitri Medvedev par des photographies qui étaient supposées montrer le décalage entre les réponses du chef d'Etat et la réalité.
L'envoyé du quotidien américain, Gregory White, écrit dans son article : « Medvedev énumère les « points chauds » - l'Iran, l'Asie Centrale, la Corée du Nord ; les événements au Kirghizstan forment une tension entre la Russie et les Etats-Unis ». Ensuite, le journal montre une photo de Medvedev déposant les fleurs sur la plateforme du métro de Moscou en hommages des victimes du double-attentat terroriste du 29 mars 2010.
La réponse de Dmitri Medvedev sur la situation économique en Union européenne a trouvé son reflet déformé dans la photographie des gens faisant la queue devant le centre d'exposition Manej avec le commentaire suivant : « Avril 2010 - les gens cherchent du travail : la queue devant la « foire aux emplois » à Moscou. La Russie tente de se redresser après les bouleversements économiques ».
Un lecteur fidèle de The Wall Street Journal devrait s'exclamer : « Mon Dieu, comment peut-il donner des conseils lorsque la Russie est sur le seuil d'une catastrophe ! »
Les verres de champagne et les regards croisés du président russe Dmitri Medveev et de son homologue américain Barack Obama, comme commentaire à la signature du traité sur la réduction des armements nucléaires des deux pays, doivent créer l'impression que les Russes font recours à l'alcool pour réaliser leur plans et saper les bases de la sécurité des Etats-Unis.
La perception de la réalité se compose de différents éléments qui se fondent dans la conscience humaine dans une seule image. Le choix de ses éléments et l'ordre de leur présentation déterminent le contenu du message transmis au lecteur.
C'est probablement pour cela que beaucoup d'Américains pensent toujours qu'il neige tout le temps en Russie, que les ours se promènent dans les rues de Moscou et que les cosmonautes russes boivent de la vodka sur la station orbitale.
The Wall Street Journal a retiré ces illustrations de son site Internet mais l'affaire a déjà fait des échos.