Le baromètre principal de l'état du cinéma russe et son "fournisseur" principal sur l'arène internationale - le festival du film "Kinotavr-2010" - s'est achevé par "la Trêve". Le Grand prix du festival a été attribué à ce film de Svetlana Proskourina. Il a reçu une autre récompense - le prix au protagoniste, jeune acteur Ivan Dobronravov, pour « le Meilleur rôle masculin». La réalisatrice, Svetlana Proskourina, trouve qu'Ivan s'est parfaitement acquitté de sa tâche.
C'est la recherche à l'intérieur de soi-même, - dit-elle au sujet de l'idée du film et des actions du héros. Le jeune homme trouve sa personnalité. Parfois, cela arrive à 70 ans, parfois à vingt. C'est un garçon absolument pur, clair, très sincère et il vit, comme l'herbe. Ensuite, il se passe quelque chose et il commence à comprendre qu'il est étonnant, quand tu sens quelque chose vivre dans ton âme. Mais ce n'est pas le bonheur ou la vie longue et heureuse. Connaitre l'âme - c'est le même drame que connaître le monde, ses propres imperfections et aimer.
Le film de Sergei Loznica «mon Bonheur» a reçu le prix pour la réalisation. Le réalisateur a choisi pour épigraphe cette citation de Gogol : «Il existe une époque où on ne peut pas diriger autrement la société ou même toute la génération vers le Beau avant de lui montrer toute la profondeur de sa vraie saleté». Probablement, à cause de cette "saleté", le cinéma russe d'auteur parait au spectateur étranger tellement sombre et dépressif. Le grand connaisseur du cinéma russe, Joël Chaperon, a raconté cela dans l'interview à «la Voix de la Russie» - c'est lui qui avait choisi les films des pays de la CEI et de l'Europe de l'Est pour le festival de Cannes. Cette année, il a fait partie pour la première fois du jury du festival "Кinotavr"
Si le cinéma russe d'auteur a un visage, il est assez sombre, noir. C'est ce genre de cinéma qui voyage dans le monde entier ... Pour une raison très simple : à notre avis, le cinéma d'auteur vaut mieux par sa qualité que le cinéma commercial. Voila pourquoi votre cinéma de ce genre est connu et on ne connaît rien d'autre. Mais quand on me demande pourquoi je choisis un tel cinéma, je dis - parce qu'on en fait. C'est la question à poser aux producteurs et aux réalisateurs. En France, nous avons un cinéma semblable, mais très peu. Mais ici - il y a un flux de films semblables, et c'est quelque chose que moi, je ne comprends pas du tout.
Le film montré le dernier jour du concours, fait par le réalisateur connu Dmitry Mechiev «Une personne près de la fenêtre» a fait fureur au festival "Kinotavr". Un peu ahuri par le succès du film au festival, Dmitry Mechiev a décidé de s'exprimer honnêtement à ce sujet, devenu douloureux
Je trouve que les réalisateurs qui font aujourd'hui non de l'art house, mais du cinéma pour les spectateurs, commettent tout simplement des exploits. Parce qu'ils vont devant une locomotive terrible pour sortir notre industrie cinématographique de l'impasse. C'est ce qu'il faut faire maintenant. Que ce soit un bon cinéma solide pour les spectateurs plutôt qu'un nouveau pseudo-art house.
Les paroles du réalisateur étaient accueillies par l'auditoire du "Kinotavr" par des applaudissements unanimes. De sorte qu'en ce sens, le festival s'est achevé par "une trêve", mais surtout, par la compréhension du fait que le cinéma russe a besoin d'un consensus : une sorte de synthèse entre le cinéma d'auteur et le cinéma commercial à succès, de bonne qualité professionnelle. Peut-être alors, le visage du cinéma russe dans le monde ne sera pas aussi sombre.