Interview de Stanislav Naoumov, vice-ministre russe de l'Industrie à RIA Novosti , en prévision de l'Exposition nationale russe le 11 juin au Grand Palais dans le cadre de l'Année croisée France-Russie
- Qui arrivera à l'exposition de Paris avec la délégation du ministère de l'Industrie et du Commerce?
- Nous espérons que Viktor Khristenko, en tant que participant à ce projet, formera une délégation de meilleures sociétés industrielles russes. Ce seront des représentants de Rostekhnologuii – ceux d'AvtoVaz, des sociétés du holding aéronautique Oboronprom, de la Corporation aéronautique unifiée (OAK) et de la société Hélicoptères de Russie. Ce seront aussi des avions civils Sukhoi et, probablement, des représentants de la société Irkut ayant une expérience de travail avec Airbus. Nous voulons que les Français voient les leaders de notre secteur pharmaceutique, éventuels partenaires pour des projets communs. Nous inviterons probablement des représentants de Transmachholding, partenaire de la société Alstom.
Mais le dialogue des hommes d'affaires ne se bornera pas au 11 juin, il se prolongera pendant une semaine au Forum économique de Saint-Pétersbourg. Je trouve important de réunir la Journée de la Russie en France et la visite d'une délégation conduite par le président français au Forum économique de Saint-Pétersbourg sur des projets dans le domaine de l'industrie de transformation. Le cycle des investissements ne se limite pas à quelque mois. Si tout se passe bien, il s'agira de projets assurant la coopération entre les partenaires russes et français pendant trois, cinq ou sept ans. De nouveaux marchés peuvent s'ouvrir devant les sociétés françaises qui ne sont pas encore implantées en Russie. Je voudrais que les producteurs français d'articles pour enfants viennent en Russie, mais nous n'abordons pas encore ce sujet.
- De quels projets communs s'agit-il?
- Les premiers projets concernent le secteur aéronautique. Ils font partie de notre stratégie de développement du complexe aéronautique jusqu'en 2020, y compris le Sukhoi SuperJet, dans lequel nos partenaires français jouent le rôle principal. Les solutions prêtes sont très importantes, mais aussi le fait qu'au moins 12 sociétés françaises soient devenues fournisseurs intéressés de sous-ensembles principaux, d'ensembles et de pièces pour cet avion.
Nous espérons que les engagements concernant les moteurs pour le projet de Sukhoi SuperJet seront rigoureusement respectés. Nous estimons que le projet dans sa forme actuelle ne prendra pas de retard. Une livraison a déjà été effectuée pour une partie des avions. Nous estimons que les premiers appareils fabriqués en série subiront bientôt des tests d'homologation.
Les Français coopèrent avec Saturn, Snecma peut travailler plus énergiquement avec les fournisseurs. En 2011, il est prévu de fabriquer 30 moteurs, mais, en principe, selon le programme, leur nombre doit augmenter jusqu'à 50 pour disposer de la contribution française au carnet de commandes qui existe dès aujourd'hui. En 2010, 12 avions devraient être prêts.
- Quels projets intéressent la société Hélicoptères de Russie?
- Nous coopérons avec la société Turbomeca dans la production de moteurs. Nous espérons que les premiers moteurs arriveront en 2011 pour équiper l'hélicoptère K226-T. Toutes les consultations ont déjà eu lieu en 2008, des contrats ont été conclus. Les premiers tests de l'hélicoptère ont déjà eu lieu en 2009.
Nous avons un projet avec la société Turbomeca concernant l'hélicoptère K-62. Nous espérons que l'exposition contribuera à la conclusion d'un contrat pour la livraison de prototypes de moteurs.
Il y a des projets concernant le Mi-34 S2, mais les délais seront différents. Si le projet précédent prévoyait l'année 2011, maintenant il s'agira déjà des années 2012-2013.
Il y a plusieurs autres projets prometteurs, la société Hélicoptères de Russie les étudie. Nous serons prêts à examiner des projets non seulement bilatéraux, mais aussi trilatéraux. Par exemple, des projets avec la participation de la Chine et des partenaires français. On pourrait parler d’un hélicoptère lourd prometteur.
-Des négociations avec les partenaires chinois, sont-elles en cours?
-A priori, oui. Nous estimons qu'on peut avoir des projets non seulement pour nous-mêmes et l'Union européenne, mais aussi pour les marchés de pays tiers.
-Que pensez-vous du partenariat entre Renault et AvtoVaz?
-Nous estimons que le partenariat stratégique entre Renault et AvtoVaz permettra de réaliser la stratégie corporative déjà approuvée d'AvtoVaz, ce qui permettra à Renault de profiter de tous les avantages d'un partenaire du principal consortium automobile russe.
En ce moment, nous cherchons à poursuivre la création d'une nouvelle chaîne d'assemblage. Il est important que le transfert de toutes les technologies, de tout ce qui concerne la composante intellectuelle ne retarde pas. Nous sommes certains que cette situation exceptionnelle du partenaire de Renault permet de poser la question des investissements supplémentaires dans ce projet.
- Quand peut-on attendre le lancement de la nouvelle chaîne?
- Le lancement de nouveaux modèles de Renault construits à Togliatti sur le marché russe devrait avoir lieu entre 2011 et 2012
- Quelles formes d'investissements sont nécessaires?
- Les investissements sont toujours préférables en espèces. La partie russe l'a déjà prouvé en assainissant la situation financière d'AvtoVaz. Mais, pour qu'une société puisse investir dans de nouveaux projets, il faut que les sources de financement viennent des deux côtés.
- Comment réagissent les partenaires français?
- Ils disent qu'ils l'étudient. J'estime que l'exposition présentera une nouvelle occasion pour leur poser cette question.
- Que pouvons-nous attendre de l'exposition dans les autres domaines?
- Des sphères foncièrement nouvelles de hautes technologies apparaissent dans notre pays. Par exemple, la pharmaceutique. Nous sommes certains que les sociétés pharmaceutiques françaises ont déjà pris connaissance de la stratégie de développement de ce secteur jusqu'en 2020. Une importance cruciale y est déjà attachée moins à l'installation de capacités de production sur le territoire de la Russie (bien que ce soit probablement une étape importante de localisation de n'importe quelle production), mais aussi au cofinancement de nouveaux projets dans le domaine de la pharmaceutique.
Nous sommes également intéressés par la coopération médicale, pour faire, sur la base des laboratoires russes de nanotechnologies, des diagnostics au moyen de tests déterminant la présence de bactéries dans le sang des donneurs et lors des opérations des malades. Nous voudrions que nos partenaires français promeuvent sur les marchés de l'Union européenne des complexes télémédicaux de diagnostic en laboratoire qui pourraient être employés pour apporter des soins aux victimes dans des situations d'urgence, des catastrophes naturelles et technologiques. Nous pourrions réaliser en commun des projets médicaux destinés à la lutte contre la tuberculose, la malaria, le HIV et d'autres maladies infectieuses en Afrique francophone.
Nous comptons sur de nouveaux projets dans le domaine de la chimie.
Nous nous rendons compte de ce que nous voudrions avoir en qualité de nouveaux matériaux. Nous sommes fournisseurs d'engrais minéraux et de matières plastiques. D'autre part, nous importons des matières plastiques et des résines synthétiques. Par conséquent, on pourrait songer à des projets communs qui permettraient de conserver le leadership technologique français dans ce domaine et, en même temps, intéresser les entreprises russes à l'extension de la production sous licence en Russie.
- Sous quelle forme se dérouleront les négociations avec les collègues français?
- Nous voudrions que les directeurs de nos sociétés assistent à l'ouverture de l'exposition. Notre objectif est de faire en sorte que chaque participant à l'exposition puisse y trouver un partenaire.
Des tables rondes seront organisées. A mon avis, il faudrait qu'elles aient lieu avant l'ouverture de l'exposition. Les partenaires se connaissent parfaitement, il n'est pas nécessaire qu'ils voient les stands. Nous espérons qu'au moins une table ronde réunira les représentants des milieux d'affaires français et russes, ce sera une rencontre ouverte à tous.