Une année après le lancement du programme Partenariat oriental de l'Union européenne pour les pays de la Communauté des Etats indépendants (CEI) Moscou exprime des craintes quant à son influence sur les relations entre la Russie et ces républiques. « La réalisation des propositions intégristes du Partenariat oriental peut porter préjudice à nos projets intégristes au sein de la CEI, de la Communauté économique eurasiatique (CEEA) et de l'Union douanière », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov. En même temps le chef de la diplomatie russe n'exclut pas la possibilité pour Moscou de participer à certains projets de Bruxelles.
Le programme Partenariat oriental vise le rapprochement de l'Union européenne avec l'Azerbaïdjan, l'Arménie, la Géorgie, la Moldavie, la Biélorussie et l'Ukraine. La participation même au Partenariat oriental ne garantit pas une place au sein de l'Union européenne mais crée des conditions nécessaires pour cela, en supposant un rapprochement politique et économique des Etats.
Aujourd'hui Moscou paie une grande attention au processus de la réalisation du Partenariat oriental et même n'exclut pas la possibilité de rejoindre certains projets présentant un intérêt pour la Russie.
En même temps l'attitude de la classe politique russe envers le programme de l'Union européenne est aujourd'hui sceptique, estime le directeur du Centre d'étude de l'espace postsoviétique Alexeï Vlassov :
Le programme Partenariat oriental est une sorte d'adaptateur pour les Etats de la CEI qui n'ont pas de perspectives d'entrer dans l'Union européenne mais avec qui celle-ci voudrait avoir des relations plus étroites dans le domaine économique et politique en soutenant dans ces Etats les réformes démocratiques favorisant la concurrence.
Le chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov a pris en effet une attitude réservée en évaluant les perspectives de l'initiative européenne. « Nous observons un manque patent de projets ayant des perspectives d'être réalisés. Les volumes de financement déclarés sont clairement insuffisants pour atteindre les objectifs fixés,» est persuadé le ministre russe.
Dans ces conditions, estime Alexeï Vlassov, la Russie peut essayer de proposer sur l'espace postsoviétique un projet de modernisation plus attractif et, ce qui plus important, plus réel.
Récemment Moscou a proposé de regarder le problème intégriste dans un contexte plus vaste - créer un espace économique commun s'étirant de l'océan Atlantique jusqu'à l'océan Pacifique. Dans une longue perspective cela peut amener à l'intégration de l'Union européenne et des pays de la CEI. Certes, dans cette voie il y a nombre d'obstacles, y compris dans le secteur énergétique. Pourtant, les représentants du Ministère de développement économique russe qui ont proposé l'idée de l'intégration eurasiatique n'excluent pas la possibilité de négociations avec l'Union européenne autour de ce sujet dès lors que la Russie sera entrée dans l'Organisation mondiale de commerce.