Le rouble va monter, a déclaré le premier vice-premier ministre russe Igor Chouvalov. Nombreux experts le soutiennent dans cet avis. Ils estiment qu'il y a tout lieu d'attendre le renforcement du rouble face au dollar et à l'euro.
La Russie n'a pas de grandes dettes publiques, bien au contraire, elle jouit d'un important excédent commercial. Tenant compte que l'économie mondiale va se développer essentiellement grâce à l'apport des économies en développement de l'Asie, et premièrement de la Chine, alors cela signifie une demande stable d'hydrocarbures, donc de pétrole et de gaz russe. On tient aussi compte que le rouble ne s'est pas encore rétabli complètement et a alors une certaine marge de sécurité. Tout cela crée une bonne base pour le renforcement de la devise russe, estime l'expert de la Grande école de l'économie Valeri Mironov :
On ne doit pas exclure la variante où les prix de pétrole ne vont pas augmenter et les proportions du capital qui va venir vont équivaloir celles du capital qui va fuir le pays. On assistera donc à un bilan nul côté opérations avec le capital parce qu'en Russie on a accumulé plusieurs centaines de milliards en dettes monétaires et on doit les servir. C'est la fuite des capitaux. Le secteur réel doit aux créditeurs étrangers pas moins de 300 milliards de dollars. C'est une somme importante, donc on peut parler du renforcement du rouble mais juste avec une plus grande probabilité que pour son affaiblissement.
Les autorités russes cherchent à rendre plus attractives les conditions pour les placements étrangers à long terme. Cet intérêt est clair : le problème de ce genre de placements en Russie appartient à la catégorie des problèmes clés. Ici aussi, il faut créer des conditions économiques favorables : une politique macroéconomique stable, une basse inflation et des bas intérêts. Mais on se heurte à un cercle vicieux : un rouble fort est un problème pour nombreuses entreprises russes. Cette situation n'est pas évidente, estime Valeri Mironov :
Si nous allons assister à un renforcement du rouble, cela aura des avantages aussi bien que des désavantages pour la Russie. D'une part, cela permet d'acquitter plus facilement les emprunts étrangers parce qu'il faut moins de roubles pour payer les dettes extérieures en devise. Le renforcement du rouble va baisser les dépenses en devise des exportateurs ce qui est avantageux pour nos compagnies pétrolières et métallurgiques. D'autre part, cela va baisser le coût des importations.
Tout de même ces craintes n'empêchent pas les experts internationaux à évaluer avec optimisme l'avenir de l'économie russe. Le Fonds monétaire international estime le taux de croissance de l'économie russe à 4 pour cent en cette année et à plus de 3 pour cent dans l'avenir. Mais cette baisse est aussi temporaire. Elle est une suite de la forte croissance de l'économie russe de la fin de l'année dernière. Mais avec cela les experts attendent que la Russie mènera d'importantes réformes structurelles sans lesquelles même les scénarios les plus modestes ne pourront pas se réaliser.
