Notre observateur Anton Nikolski propose à votre attention son commentaire : « Ignorer la main tendue ? »
Dans un moment hautement symbolique, des dizaines de soldats français, britanniques, polonais et américains - pays membres de l'Otan - ont paradé sous un soleil éclatant, au pied du Kremlin, une première alors que la Russie s'est lontemps méfiée de l'Alliance en la considérant comme la principale menace à sa sécurité.
La présence de ces unités « prouve clairement notre solidarité et que les valeurs humaines communes sont de plus en plus importantes pour le développement du monde contemporain», a relevé le président russe Dmitri Medvedev après le défilé. Les médias annoncent qu'une vingtaine de chefs d'Etat et de gouvernement, dont l'Allemande Angela Merkel et le Chinois Hu Jintao ont assisté au défilé, alors que Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi ont renoncé à venir en raison de la crise financière dans la zone euro.
En effet, le jour même les ministres européens des finances réunis en urgence à Bruxelles menaient des discussions sur l'adoption d'un plan d'aide aux pays de la zone euro. Des discussions houleuses qui auraient duré 11 heures. Peut-être aussi que les ministres des finances n'étaient pas les seuls à être occupés par le problème. Des raisons donc valables pour ne pas aller à Moscou ? Beaucoup de Français ne le pensent pas.
« C'est la première fois que les Russes invitent des étrangers - et néanmoins alliés durant la 2ème Guerre monidale - à défiler avec eux. Nos troupes françaises défilent sans leur "chef des armées", invité mais bien absent ». « Merkel malgré ses élections et ses résultats était bien présente. Elle gère pourtant la crise autant que le Président français ». « Ce n'est pas la première fois que Nicolas Sarkozy fait le coup de la chaise vide. Ce geste ne fait que renforcer les sentiments négatifs à l'égard de notre pays ». Tels sont quelques réactions spontannées recueillies à l'issue de la journée des festivités. Leurs auteurs ne mâchent pas leurs mots, ils sont loin des politesses diplomatiques car ils ont bien compris.
Ils ont compris que pour les Russes, cette cérémonie avait un sens particulier. Non seulement, c'était la commémoration de la victoire dans la plus grande et la plus meurtrière guerrre de toute l'histoire humaine. C'était également une occasion de se rapprocher de l'Occident, de tourner la page des méfiances d'antan. Comme l'a signalé un internaute français : « Commémoration de Katyn, l'OTAN sur la place Rouge ... La Russie semble désireuse de se rapprocher de nous ».
En effet, vu les difficultés d'auto-identification que traverse la Russie et les doutes qu'elle éprouve en construisant ses rapports avec le monde extérieur, ce n'était peut être pas la meilleure solution d'ignorer la main tendue ?